La première partie du chapitre 6 met en valeur la piété vécue dans le secret de Dieu, la seconde en montre le résultat : une confiance totale en notre Père céleste (verset 9). Mais avant de nous exhorter à tout lui remettre, le Seigneur nous invite d’abord à sonder l’état de notre cœur ; il rappelle que nos affections sont attachées à ce qui a de la valeur pour nous : notre trésor. Pour le chrétien, le vrai trésor est dans le ciel : Christ et ses “richesses insondables”. Ne le cherchons pas sur la terre, dans les richesses qui se corrompentJacques 5. 2, 3 !
Le croyant heureux a ses pensées aux choses d’en hautColossiens 3. 1-4 ; il jouit par la foi d’un trésor éternel. De ce fait, sa vie sur la terre a pour but “d’amasser dans le ciel” “un bon fondement pour l’avenir” 1 Timothée 6. 19.
Ce n’est pas le cas de ceux qui ont leurs pensées et leur cœur aux choses terrestresPhilippiens 3. 19. Les richesses qu’ils accumulent (biens matériels, rang social…) n’ont pas cours dans le monde à venir, et s’envolent bien vite dans le monde présentProverbes 23. 4, 5.
Sur cette terre souillée par le péché, tout se gâte (verset 19) et tend à être détruit1. Les voleurs aussi s’introduisent dans les demeures les mieux protégées : “ils percent”. Ils dérobent des choses de prix, et d’autres auxquelles les hommes sont attachés. Rien n’est donc sûr dans ce monde ; nos vrais biens sont cachés dans les cieux.
Le Seigneur remonte maintenant à la source. L’œil est physiquement la porte d’entrée des perceptions du monde extérieur visible, par lesquelles l’homme peut se conduire. Jésus emploie cette figure pour parler de l’œil moral, cette fenêtre de l’âme : il doit rester simple, ne doit fixer qu’un objet à la fois. Le croyant est invité à “fixer les yeux sur Jésus” d’où vient la lumièreHébreux 12. 2 ; 2 Corinthiens 3. 18 4, 6.
Si l’œil n’est plus simple, il devient méchant, en mauvais état ; tout s’obscurcit alors. S’il y a eu de la lumière auparavant, et qu’elle soit restée sans effet sur l’être intérieur, celui-ci devient ténébreux. Satan règne sur les ténèbres, il aveugle les pensées des hommesColossiens 1. 13 ; 2 Corinthiens 4. 4 ; il trouble aussi la vue de ceux qui ne gardent plus un œil simple, fixé sur Christ2 Corinthiens 11. 3. Veillons donc à ce qui entre par cet œil moral.
L’homme se croit libre de se fixer des objectifs et de les poursuivre ; il se trompe, il sert toujours un maître. Mais il ne peut pas en servir deux ; il doit choisir. On ne peut prétendre partager son cœur entre le ciel et la terre, ce que quelques-uns croient pouvoir faire. Celui qui ne sert pas Dieu est esclave de Satan et des richesses qu’il peut offrir dans ce monde. Jésus personnifie ces richesses sous le vocable de Mammon.
Le croyant fidèle a toujours su où étaient ses vrais biens :
Il faut donc choisir son maître : les biens qui nous sont confiés ne doivent jamais détourner nos affections de celui qui seul est digne de posséder nos cœurs.
De la poursuite des richesses, Jésus passe aux nécessités de la vie ; elles ne doivent pas être une source de tourments. Si nous avons de quoi manger et de quoi nous couvrir, nous devons déjà être satisfaits, dit l’apôtre Paul1 Timothée 6. 8-10. Mais si nous convoitons ce que Dieu ne veut pas nous donner, nous risquons de nous “transpercer de beaucoup de douleurs”.
Il n’est pas en notre pouvoir d’ajouter une coudée à notre taille. Le souci que nous pouvons nous faire ne changera rien à ce que Dieu a fixé pour nous. Notre Père céleste règle notre présent selon son bon plaisir et, soyons-en convaincus, pour notre bienRomains 8. 32. Soyons “contents de ce que nous avons présentement” Hébreux 13. 5. Rejetons sur Dieu tout notre souci, car il a soin de nous1 Pierre 5. 7. Il nourrit avec amour tous ces oiseaux du ciel que les hommes vendent pour moins d’un sou (10. 29). Il revêt splendidement ces fleurs des champs que les hommes mettent au feu. Comptons donc un peu mieux, nous ses enfants, sur la bonté et la fidélité de notre Père.
Manger et boire est ce que le monde rechercheLuc 17. 26-30 ; 1 Corinthiens 15. 32. Cette insouciance de Dieu le conduit à sa perte. Pour le croyant pieux, manger, boire et se vêtir ne sont que des nécessités auxquelles Dieu pourvoit. Il ne se pose pas de questions angoissantes sur le lendemain ; sa vie est la vie d’un jour ; et s’il parvient au lendemain, il trouvera ce que Dieu aura préparé pour lui : “Votre Père céleste sait”.
Son objectif est de vivre dans l’esprit du royaumeRomains 14. 17 ; il n’a rien à revendiquer dans le monde présent. Il fait sa recherche prioritaire des valeurs morales qui ont cours dans le royaume ; elles sont l’expression de la justice de Dieu, en contraste total avec l’injustice des hommes.
Mettons-nous toute notre confiance en Dieu pour les besoins du jour ? Rappelons le bel exemple de la veuve : elle avait “jeté aux offrandes de Dieu tout ce qu’elle avait pour vivre” Luc 21. 4. Elle n’était pas en souci pour le lendemain, car elle connaissait le cœur de son Dieu, et ses richesses. Nous aussi, vivons de foi, et redisons chaque matin : “A chaque jour suffit sa peine” !