Ceux qui tiennent en honneur le nom de Jésus sont méprisés du monde (versets 11, 12), mais ils sont les seuls à avoir de la saveur pour Dieu. Il aime à goûter dans les siens quelque chose de ce qu’il a pu apprécier dans la vie de son Fils bien-aimé. Il aurait voulu trouver dans son peuple, mis à part après la sortie d’Égypte, quelque chose de ce sel de la terre, mais il a dû dire : “Quarante ans j’ai eu cette génération en dégoût” Psaume 95. 10. Quelle saveur avons-nous pour Dieu ? Quelle saveur avons-nous pour ce monde ? Si nous sommes insipides, nous le laisserons indifférent et ne serons pas de vrais témoins.
Le sel préserve de la corruption ce qui est pur. Le Seigneur dit ailleurs : “Ayez du sel en vous-même” Marc 9. 51, afin qu’aucun élément corrupteur ne puisse agir, que ce soit la chair en nousGalates 6. 8, ou le monde qui nous environne1 Corinthiens 15. 33. Il est évident que le sel ne communique pas la pureté à ce qui est impur. C’est pourquoi le croyant qui se mêle au monde, loin de le purifier, perd sa propre saveur : “avec quoi sera-t-il salé” ? Nos paroles aussi doivent être “toujours dans un esprit de grâce, assaisonnées de sel” Colossiens 4. 6. Ce parfait équilibre a été réalisé par notre Seigneur.
Jésus porte enfin un jugement terrible et sans appel sur ceux qui avaient pu avoir une saveur et l’avaient perdue (verset 13). Israël infidèle est devenue une nation foulée aux pieds par les hommesÉsaïe 18. 2. La chrétienté corrompue sera haïe, puis rendue “déserte et nue” Apocalypse 17. 16 par ceux qui l’auront enrichie. Croyants, préservons-nous de la corruption, pour être vraiment le sel de la terre !
La lumière est de source divine ; Jésus Christ est la lumière du mondeJean 1. 9. Sa seule présence a révélé les ténèbres morales qui recouvrent ce monde d’un linceul de mort.
Ceux qui ont cru en Jésus sont sortis des ténèbres pour le suivre ; ils ont la lumière de la vieJean 8. 12. Cette lumière qui rayonne d’eux maintenant n’est autre chose que la manifestation de la vie de Christ en eux devant les hommes. Ils sont “enfants de lumière”, et comme tels marchent dans la séparation d’avec les “fils de la désobéissance” Éphésiens 5. 6-9. Ils peuvent ainsi produire le fruit de la lumière : bonté, justice, vérité.
La lumière de Dieu a illuminé le cœur du croyant afin qu’elle luise au dehors2 Corinthiens 4. 4, 6. Le chrétien n’est un vrai témoin que si son être intérieur est plein de lumière ; il lui faut pour cela un œil simple, non obscurci par l’amour-propre ou les vanités de ce monde (6. 22, 23). La lumière a besoin d’un support, un “pied de lampe” (verset 15) : la Parole de Dieu est à la fois la seule source et le vrai supportPsaume 119. 105 ; par elle, la lampe est allumée et brille. Mettre la lampe sous le boisseau (une mesure de capacité des céréales), signifie symboliquement négliger l’enseignement de la Parole de Dieu au profit des affaires de la vie : avertissement sérieux pour nous.
La lumière du croyant luit en premier lieu dans sa propre maison (verset 15), pour sa famille. Elle sera d’autant plus brillante que le Seigneur aura dans ce foyer sa vraie place, c’est-à-dire la première, et en toutes chosesColossiens 1. 18. La vigilance s’impose, pour prendre garde que rien n’y entre de ce qui est du monde des ténèbres. Luc ajoute une autre pensée : “afin que ceux qui entrent voient la lumière” Luc 8. 16. Quelle impression nos visiteurs retirent-ils de nos maisons, lorsqu’ils y entrent, à plus forte raison lorsqu’ils y séjournent ?
Enfin notre lumière doit luire “devant les hommes” : elle se voit à travers ces “bonnes œuvres que Dieu a préparées à l’avance” Éphésiens 2. 10. Elles sont d’abord d’ordre moral, fruits de la lumière, vertus actives pour se retirer du mal et faire le bien. Elles sont ensuite d’ordre pratique envers tous, mais particulièrement à l’égard des déshérités de ce monde, de ceux qui sont touchés par les peines d’ici-bas, de ces âmes qui ont besoin de salut. C’était déjà un enseignement de la loi ; mais le motif invoqué par le Seigneur ici est plus élevé : se montrer des enfants dignes de leur Père qui est dans les cieux (verset 16). Les œuvres seront faites en sorte que ceux qui les observent puissent remonter à leur source : la gloire en reviendra au Père.
La lumière est aussi manifestée dans un témoignage collectif. Jésus prend l’exemple d’une ville située sur une montagne. Elle ne peut être cachée, car sa lumière brille dans la nuit. Dans le temps actuel, l’Église est responsable de faire briller la lumière de Dieu sur la terre. Les assemblées locales sont des lampes ; la lumière émane du SeigneurApocalypse 1. 12, 16, 20. Elle luit d’abord pour tous ceux qui sont dans la maison (verset 15). L’Assemblée est la maison de Dieu, et l’éclat de la lampe dépend du reflet de chacun. Si l’assemblée se tient “sur la montagne”, dans la proximité de Dieu, la lumière sera vive et ne pourra être cachée. Un jour, elle prendra tout son éclat, lorsque la sainte cité illuminera la terre au temps du règneApocalypse 21. 23, 24.
L’enseignement qui suit s’adresse à ceux qui auraient pu contester “l’évangile du royaume” (4. 23), en prétendant qu’il n’était pas dans la ligne de la loi. Jésus dénonce aussi ceux qui auraient voulu maintenir une justice selon la loi pour entrer dans le royaume. Il maintient la loi dans toute son autorité, mais va montrer un chemin plus excellent1 Corinthiens 12. 31.
La loi ne peut pas être abolie, car “l’Écriture ne peut être anéantie” Jean 10. 35. Elle est la mesure de ce que Dieu attend de l’homme, mais elle ne peut que condamner l’homme pécheur qui se place sous son autorité pour se frayer un chemin vers Dieu. Jésus n’est pas venu pour abolir la loi, sinon les Juifs auraient pu avec raison lui reprocher de mépriser ce don que Dieu avait fait à son peupleRomains 9. 4. Au contraire, il a magnifié la loi en l’accomplissant dans son sens spirituel ; il a vécu de toute parole sortie de la bouche de Dieu.
Il a “accompli” également tout ce qui était écrit de lui dans la loi et les prophètes (verset 17) ; il expliquera aux disciples après sa résurrection les choses le concernant, dans toutes les ÉcrituresLuc 24. 27, 44. Jésus parle d’un iota (la plus petite lettre de l’alphabet grec), et même d’un trait de lettre (un accent ou un point). Il a glorifié Dieu en obéissant dans les plus petits détails, et en accomplissant à la lettre toutes les prophéties. Mais Christ a dû aussi, et cela nous confond, se placer pour nous sous la sentence de condamnation et de malédiction de la loi, par le seul article qui pouvait atteindre l’homme parfait : “Maudit est quiconque est pendu au bois” Galates 3. 13.
Ainsi la loi subsiste, mais nous sommes “morts à la loi”. Nous ne lui sommes plus asservis ; elle est maintenant une aide pour notre instruction. Pour les incrédules et les moqueurs, elle reste une loi de condamnation. Jésus évoque la disparition du ciel et de la terre (verset 18 ; 24. 35) ; eux passeront mais la Parole de Dieu demeure à toujours, et elle s’accomplira solennellement, même après ce temps-làApocalypse 20. 11, 12.
Les hommes continuent à prendre dans l’Écriture ce qui leur convient ; ils suppriment, ajoutent et interprètent à leur guise : ils la profanent. Les scribes et les pharisiens connaissaient fort bien la lettre de la loi, mais ils en reniaient l’esprit et ne la mettaient pas en pratique. Pratiquer et enseigner vont ensemble, dit Jésus (verset 19). La justice de formes et d’œuvres de loi, telle celle des scribes et des pharisiens, ferme à jamais l’entrée du royaume des cieux. C’est cette justice qui est trop souvent enseignée dans la chrétienté actuelle. Une seule ouvre la porte, la justice de Dieu par la foi en Jésus ChristRomains 3. 22-25.