“Vous avez ouï… mais moi je vous dis”. Dans cette partie du discours (versets 21-48), le Seigneur cite la loi, mais présente en contraste sa propre parole. Sans abaisser le niveau de la loi, Jésus place son enseignement sur un autre plan, celui de la justice (versets 33-37) et de l’amour (versets 38-48), vertus qui ont cours dans le royaume de Dieu. Elles peuvent être exercées par ceux qui connaissent le Père et agissent selon ses perfections (versets 45, 48).
La loi permettait autrefois les serments et les vœuxNombres 30. 3. Ils constituaient une épreuve particulière pour celui qui s’engageait. Les serments irréfléchis et les vœux présomptueux n’ont pas manquéJosué 9. 15 ; Juges 11. 39, même au temps du christianisme. Dieu seul peut s’engager à tenir ses sermentsPsaume 110. 4 ; Psaume 89. 4.
Le croyant doit donc prendre la mesure de ce qu’il est, et ne pas s’obliger dans un domaine qui le dépasse, par des choses qui le jugeront :
Le Seigneur relève ainsi la légèreté de ces Juifs qui s’appropriaient de tels domaines pour confirmer leurs serments. En fait, l’homme ne dispose même pas de sa propre personne, et ne peut maîtriser la destinée d’un seul de ses cheveux.
L’instruction devient donc simple et précise : le croyant prononce des paroles fermes et claires. Il ne jure pasJacques 5. 12, car cela dénote un fond mal assuré. “Ce qui est de plus vient du mal” dit Jésus. Sans parler de jurements grossiers, l’on peut être conduit à affirmer gravement une chose fausse (26. 74) ou insensée (23. 16-22), ou à prendre sans réflexion un engagement solennel. Le croyant parle en présence d’un Dieu qui entend tout. Il dit oui, ou il dit non, en connaissant la volonté du Seigneur. Il compte humblement sur lui pour l’accomplir.
“Oeil pour œil, dent pour dent” Exode 21. 24. La loi prescrivait cela pour exercer la conscience de celui qui avait fait tort : “tu donneras”, et non pour attiser l’instinct de vengeance. Le croyant ne se venge pas, mais remet toute chose entre les mains du Seigneur qui rendra un jour à chacun selon son œuvreRomains 12. 19 ; Apocalypse 22. 12. Il entre dans l’esprit du Maître en acceptant l’injustice et les torts. Jésus, le seul modèle pour nous, ne rendait pas d’outrage et ne menaçait pas, mais s’en remettait au juste jugeÉsaïe 50. 6 ; 1 Pierre 2. 23.
Dans le temps présent, la loi du royaume est basée non sur la défense des droits des hommes (comme les lois humaines), mais sur des principes d’amour, de douceur, de patience, d’humilité. Le croyant n’insiste pas sur ses droits, et confond son adversaire par une conduite pleine de grâce.
Les occasions ne manquent pas :
“Donne à qui te demande” : c’est le principe d’un cœur ouvert et généreux. Certes, il n’est pas question d’entretenir des débiteurs insouciants ; mais le Seigneur nous met en garde contre nos tendances cupides, et veut que nous restions sensibles à la misère d’autrui. Nous sommes les enfants d’un Dieu qui donne richement, libéralement.
“Aimez vos ennemis” : c’est le précepte le plus étonnant de l’Écriture, que l’homme naturel ne peut même pas concevoir. Aimer son prochain comme soi-mêmeLévitique 19. 18 est déjà chose bien impossible à l’homme. Alors que dire quand ce prochain est son ennemi, son persécuteur ! Peut-on l’aimer et prier pour lui ? Celui qui nous le demande est aussi celui qui l’a fait en faveur de ceux qui l’ont cloué à la croix : “Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font” Luc 23. 34. L’amour que nous avons pour quelqu’un qui nous fait du tort se mesure à la manière dont nous pouvons prier pour lui.
Dieu aime sa créature et manifeste sans distinction sa bonté et ses soins à l’égard de tous, continuellement (verset 45) Actes 14. 17. Le croyant pieux n’est pas ingrat comme l’incrédule, mais rend grâces à Dieu pour toutes ces choses. De plus, il imite son Père céleste, il ouvre son cœur à tous, bons ou méchants, selon l’occasion.
L’homme entretient des relations sociales nécessaires pour mener une vie relativement paisible et satisfaisante (versets 46, 47). Il est capable aussi de manifester des sentiments de bonté, de générosité, de dévouement, car il a été créé à l’image de Dieu. Jésus demande aux siens quelque chose de plus, une perfection (verset 48) qui caractérise le nouvel homme. Celui-ci est né de Dieu ; il peut reproduire ses caractèresÉphésiens 5. 1. Dieu nous a aimés quand nous étions haïssables, et il nous a sauvésTite 3. 3, 4. Il nous dit maintenant : “Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; s’il a soif, donne-lui à boire” Romains 12. 20. Qui sait si celui-ci ne sera pas touché, comme nous l’avons été par l’amour de Dieu !