Le Seigneur avait victorieusement traversé l’épreuve sans que sa puissance ait été touchée : il était venu au désert “plein de l’Esprit” (verset 1), il s’en retourne en Galilée “dans la puissance de l’Esprit” (verset 14). Les versets 15 à 44 constituent un sommaire de l’activité du Seigneur dans son service. Il avait lié l’homme fort au désert, il peut alors piller ses biens et exercer la puissance dont il dispose en faveur de l’homme qui éprouve le joug de Satan et désire en être délivré.
Luc commence le récit du ministère public en Galilée au moment où Jean le Baptiseur est jeté en prison. Il passe ainsi sous silence les événements rapportés dans l’évangile de Jean : le choix des premiers
Jusqu’au chapitre 9 son ministère s’adresse essentiellement aux foules. Le messager céleste parcourt villes et villages de cette contrée (8. 1 ; 23. 5), prêchant l’évangile de la grâce. Ayant reçu des avertissements nombreux, que ses habitants avaient négligés, la Galilée n’est pas mentionnée en Actes 1. 8 lorsque le Seigneur établit le champ d’activité géographique de ses disciples.
Luc place le Seigneur à Nazareth, la ville mépriséeJean 1. 46. Matthieu insiste au début de son ministère sur les miracles opérés, Marc sur l’enseignement qu’il dispense avec autorité, Jean sur les rencontres individuelles du Seigneur avec l’un ou l’autre. Pourquoi ces différences ? En Luc le Seigneur est le pauvre, le méprisé : « Le mystère de son abaissement s’ajoute à celui de son incarnation ». De plus, élevé à Nazareth, il convenait dans cet évangile du Fils de l’homme de le montrer témoignant dans son entourage immédiat. Un environnement particulièrement difficile. La Parole ne relate aucune conversion à Nazareth où l’indifférence était déjà développée (verset 24). L’opposition ouverte au premier message de la grâce annonce le rejet final du Seigneur et de sa parole. Mais son heure n’était pas venue, il échappe donc à ses adversaires (verset 30).
Entre-temps s’est déroulé l’épisode de la lecture dans la
Selon un rituel élaboré par l’homme, le lecteur devait lire au moins trois versets. Bien souvent les trois premiers versets d’Ésaïe 61 avaient dû être lus. Mais jamais personne n’avait lu comme le Seigneur allait le faire : deux versets seulement car le troisième parlait de vengeance alors que c’était un jour de grâce. Le Seigneur ajoute ce qui n’avait jamais été dit jusque-là : “Aujourd’hui cette écriture est accomplie, vous l’entendant”. Il avait trouvé l’écriture du jour ; il n’en lut pas davantage mais quelle richesse dans ces deux versets ! On voit ainsi, que même dans une coutume détournée par l’usage, le Seigneur apporte l’onction de l’Esprit. Quel bel exemple de grâce pour nous !
“L’Esprit du Seigneur m’a oint”. Cette onction lui donne la puissance pour accomplir devant tous un ministère de grâceActes 10. 38. Au baptême de Jean, le Saint Esprit était descendu sur Jésus homme (3. 22) ; le Père montrait ainsi tout ce qu’il trouvait en lui personnellement. À Nazareth, l’onction de l’Esprit confirme ce qu’il est officiellement : l’Oint, l’envoyé de Dieu, le médiateur entre Dieu et l’homme, l’homme Christ Jésus1 Timothée 2. 5.
“Pour annoncer de bonnes nouvelles aux pauvres” : l’évangile est d’abord annoncé aux pauvres, à ceux qui ressentent leurs besoins. Ce qui compte pour Dieu c’est qu’on éprouve sa pauvreté morale, qu’on soit matériellement dans l’indigence comme la veuve de Sarepta ou dans une grande richesse comme Naaman.
“Pour publier aux captifs la délivrance” : autrefois les sacrificateurs passaient dans le pays lors du jubilé en sonnant de la trompetteLévitique 25. 8-17 ; “pour publier l’an agréable du Seigneur” : la venue du Seigneur inaugurait cet an agréable.
Maintenant la délivrance était complète. À la rémission temporaire accordée sous la loi succédait une liberté inconnue jusqu’ici pour ceux qui se reconnaissaient devant Dieu moralement pauvres, captifs et aveugles : la liberté de la grâce évoquée par les apôtres Pierre et PaulActes 10. 34-42 ; 26. 18.
Le Seigneur prend deux exemples dans l’A.T. pour montrer que la grâce s’adresse à tous ceux qui ont le cœur brisé : au temps d’Élie, il y avait beaucoup de veuves en Israël, mais seule la veuve de Sarepta, comptée parmi les nations, crut la parole du prophète et vit la puissance de Dieu mise à sa disposition pour l’arracher à une scène de mort. À l’époque d’Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël mais seul Naaman, le Syrien, crut les paroles de l’homme de Dieu et fut guéri de la lèpre. Par la foi, le croyant échappe ainsi à la condamnation liée à la souillure du péché. Affirmer dans leur propre synagogue que les Juifs étaient spirituellement aveugles, sans ressources, qu’ils étaient moins sages qu’un lépreux des nations, leur était intolérable. Ils chassent Jésus de sa ville.