Les trois évangiles synoptiques évoquent cette scène. L’évangile de Jean la passe sous silence : son sujet essentiel est la présentation de la divinité du Fils envoyé d’auprès du Père.
Ce récit de la
Nous retrouvons ici le contraste établi avec Adam dans la généalogie du Seigneur. Le premier Adam avait été mis à l’épreuve dans un jardin de délices où il n’y avait trace ni de mort ni de déclin. Il était tombé. Le dernier Adam est tenté non comme personne divine mais comme homme dans un désert où il n’y a rien pour lui.
À la fin de cette période, l’assaut a été donné à trois reprises. En Luc, les tentations sont présentées dans un ordre moral croissant. Elles s’adressent à l’homme tout entier : corps, âme, esprit. L’épreuve est donc totale.
La première tentation s’adresse au corps humain. Le Seigneur a participé au sang et à la chairHébreux 2. 14. Comme homme il savait ce que c’était qu’avoir faim, sommeil (8. 24), soifJean 4. 7, 8. Soumis à une faim réelle, il ne change pas les circonstances du moment en transformant les pierres en pain. Il allait bientôt nourrir des foules par des miracles, mais il ne veut pas utiliser sa puissance divine pour ses propres besoins. Dieu ne lui avait pas demandé de le faire, pas plus que de quitter le désert.
La citation du DeutéronomeDeutéronome 8. 3 rappelle qu’Israël avait besoin de rester en relation avec Dieu : le fidèle vit des communications divines sans recourir aux ressources de ce monde. Le Seigneur fut l’homme qui vécut de toute parole de Dieu dans une dépendance de tous les instants. S’il dit : “J’ai soif”, ce n’est pas pour être abreuvé, mais pour que “l’Écriture soit accomplie” Jean 19. 28.
La seconde tentation, appelée souvent tentation mondaine, propose à Jésus ce qui plaît au cœur de l’homme qui ne connaît pas Dieu : la gloire et la puissance dans ce mondeDaniel 4. 33. Satan offre ce qu’il a usurpé à la suite de la chute d’Adam à qui la domination avait été confiée. Il reconnaît d’ailleurs implicitement qu’il est une créature quand il dit : “Toute autorité m’a été donnée…” (verset 6). Pour le Seigneur, accepter cette proposition revenait à renoncer à passer par la croix, et à rendre hommage à Satan. Quelle offense pour Lui ! Il répond encore par une citation puisée dans le livre du Deutéronome qui enseigne où et comment l’Éternel avait été adoréDeutéronome 6. 16.
La troisième tentation, appelée spirituelle, a lieu à Jérusalem. Elle est plus subtile que les deux précédentes car elle se fonde sur une promesse divine. Le diable incitait le Seigneur à prouver publiquement qu’il était l’objet des soins de Dieu selon le Psaume 91. Comment pourrait-il douter de Celui en qui il plaçait sa confiancePsaume 16. 1 ? Le faire aurait été tenter Dieu comme l’avait fait le peuple dans le désertExode 17. 7. D’ailleurs, aucun ordre ne lui avait été donné pour cela, et se jeter en bas du temple aurait mis Dieu dans une situation dont il n’avait pas eu l’initiative.
Victorieux de toute tentation, le Seigneur est laissé pour un temps (verset 13). Plus tard, les assauts de l’ennemi contre lui vont se renouveler à travers ses disciplesJean 7. 4, PierreMatthieu 16. 23 ou JudasJean 13. 27. Les tentations auxquelles le Seigneur était soumis étaient liées aux souffrances que sa nature sainte éprouvait face au péchéJean 11. 33 et aux suggestions de l’ennemi. Son humanité n’était pas marquée par le péché comme la nôtre, ni innocente comme celle du premier Adam, c’est-à-dire susceptible de pécher. Mais ici, Jésus demeure néanmoins notre modèle parfait.