L’histoire de Samson ne se termine pas sur une défaite. Au contraire, sa mort sera une éclatante victoire (verset 30). Mais quels tristes moyens pour la remporter !
Certes, il est aveugle pour toujours : c’est ainsi que si l’Église du Seigneur donne ses affections au monde, elle perd la vue spirituelle des choses, sa véritable intelligence morale. Mais la force de Samson lui est à nouveau prêtée de la part de Dieu, lorsque ses cheveux recommencent à pousser (verset 22). Il retrouve son nazaréat, dans l’humiliation et le dur labeur de sa captivité.
Là, au moins, Dieu le gardait des convoitises qui avaient ruiné sa vie antérieure :
Combien les voies de Seigneur envers nous sont justes et pleines de grâce, même lorsqu’elles nous paraissent sévères !
Dans l’intervalle, les Philistins se réjouissent de leur victoire sur Samson, et attribuent leur succès à Dagon, leur faux-dieu (verset 24). Ils appellent même Samson pour les distraire (verset 25).
Alors Dieu se souvient de sa gloire que les Philistins méprisaient et de Samson, son pauvre serviteur.
Dieu ne pouvait tolérer le déshonneur jeté sur son nom par les ennemis du peuple. De même, au temps de Samuel, lorsque l’arche sera emmenée par les Philistins, pour être placée à côté de Dagon, la main de l’Éternel frappera les hommes d’Asdod pour les désoler1 Samuel 5. 2, 3, 6.
Appuyé contre les colonnes de la maison, en face des Philistins qui s’amusaient de lui, Samson adresse à Dieu sa seconde prière (verset 28), qui sera exaucée en puissance. Sa première prière, à la fin de son service public, était un appel à la puissance de la vie, exaucée en grâce par Dieu (15. 18) ; sa seconde prière, au terme de sa vie, est un appel à la puissance de la mort.
La position et la vie du chrétien sont bien différentes de celles de Samson. Toutefois, son exemple nous enseigne une vérité importante. La mort et la vie vont ensemble, et la déclaration de l’apôtre Paul aux Corinthiens permet d’en saisir la portée spirituelle : “Ainsi donc la mort opère en nous, mais la vie en vous” 2 Corinthiens 4. 12. Pour que la vie de Christ se déploie et soit vue dans le chrétien, il doit porter en lui la mort de Jésus.
En apprenant pour lui le secret de la puissance de la mort sur ses ennemis, Samson avait atteint le terme de sa vie (peut-être son apogée) ; mais il meurt avec les Philistins (verset 30).
Sa famille l’enterre au lieu où il avait commencé son service (13. 25). Dieu rédige lui-même son épitaphe : “Il avait jugé Israël vingt ans” (15. 20 ; verset 31). Le service pour le Seigneur et les siens n’est jamais oublié, en dépit des tristes égarements des serviteurs.
L’exemple de Samson reste pour nous un solennel avertissement à ne pas aimer le monde ni les choses qui s’y trouvent1 Jean 2. 15. La vigilance est de rigueur pour tout chrétien, tout au long de sa vie. Il faut toute la grâce et la puissance de Christ pour nous permettre de bien commencer, bien poursuivre et bien achever la course chrétienne. Qu’il nous les accorde à chacun !
La conclusion de l’histoire de Samson et de ses relations avec le monde est une révélation prophétique de celle de l’Église et du peuple juif aux temps de la fin.
Comme Samson, l’Église (dès les temps de Pergame) est allée dans le monde, qui l’a corrompue, en portant ainsi atteinte aux droits de Dieu. Au moment où le monde semblera triompher, le jugement inexorable de Dieu détruira dans une ruine commune l’Église professante apostate et le monde politique avec toute sa gloire. Auparavant, toutefois, Christ aura recueilli les siens auprès de lui dans la gloire de son ciel.
La portée de cet enseignement prophétique s’étend aussi au peuple d’Israël. Les Juifs apostats, conduits par l’Antichrist, établiront des relations coupables avec les nations (l’empire romain en particulier), qui conduiront les uns et les autres à la destruction, tandis que le résidu fidèle est épargné.
Barak avait emmené captifs ses ennemis ; Samson est maintenant vaincu par les Philistins pour finalement tomber entre leurs mains. Le cantique de la délivrance de Débora est remplacé par la plainte de Samson en prison et dans les liens, qui implore pour sa vengeance. Quel changement !
Seule, la miséricorde de Dieu demeure éternellement.