La suite du récit, présentée en appendice à la vie publique de Samson, montre maintenant la fin de sa vie personnelle, sa chute morale et la perte de son nazaréat ; puis son relèvement et sa mort, triste mais triomphante.
La convoitise des yeux, lorsqu’elle n’est pas jugée, conduit à celle de la chair : le mal dans les pensées devient un mal dans les actes.
Pourquoi descendre à Gaza, où s’assemblaient les princes des Philistins (verset 23) ? Et comment imaginer un nazaréen (mis à part pour Dieu) entrer là auprès d’une femme de mauvaise vie ? Quel abîme de mal habite le cœur naturel de l’homme, même croyant !
Si Samson est venu à Gaza pour jouir fugitivement des délices du péché, Dieu l’y ramènera plus tard, sous son gouvernement, comme un prisonnier aveugle et misérable, pour y terminer sa vie (verset 21). Toutefois, c’est là qu’il sera relevé par la grâce divine.
Pourtant, la force de Dieu n’avait pas encore quitté Samson, et les projets de mort des Philistins n’ont pas d’effet sur lui. Au milieu de la nuit, il arrache les battants et les poteaux de la porte de la ville de Gaza, pour les porter sur une montagne en face de
Les portes de la forteresse qui nous tenait captifs sont placées comme trophées sur la montagne, en face du lieu de la mort (verset 3). C’est ce que Christ a fait à la croix. La mort, citadelle de Satan, n’a désormais plus de porte pour retenir les croyants : ils sont unis à un Sauveur ressuscité et glorifié sur la montagne qui est en face de la mort vaincue ; la mort est à eux1 Corinthiens 3. 22
“Garde ton cœur plus que tout ce que l’on garde, car de lui sont les issues de la vie”, et “Pèse le chemin de tes pieds” Proverbes 4. 23, 26.
Son âme n’étant plus nourrie des pensées divines, Samson donne maintenant son cœur et ses affections à une femme dans la vallée de Sorek, Delila, parmi les ennemis du peuple de Dieu. Pour eux, la grande force de Samson restait une énigme qu’ils allaient s’acharner à découvrir, afin d’anéantir celui qui les troublait.
En aimant Delila, Samson méprisait Dieu, tout en lui appartenant. Il est impossible pour un croyant d’aimer en même temps Dieu et le monde : “Nul serviteur ne peut servir deux maîtres ; car ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre” Luc 16. 13.
Le partage d’un secret est le plus grand témoignage d’intimité entre deux personnes. Voilà ce qui liait l’âme de Samson à Dieu lui-même.
En cédant aux instances d’une femme qu’il aimait d’un amour coupable, Samson livre son secret à ses ennemis, perd sa force et son caractère de nazaréen ; cet abandon met fin à son service pour Dieu et son peuple. Peut-on imaginer une folie plus grande que de prendre comme confidente la “fille d’un dieu étranger” Malachie 2. 11 ?
Delila, agissant pour le compte des Philistins, et pour de l’argent (onze cents pièces d’argent : versets 5, 18), assaille Samson par trois fois pour obtenir sa confession, mais n’obtient que des réponses évasives et mensongères :
Le résultat pour Samson n’est que tourment et ennui jusqu’à la mort (verset 16). On ne peut manquer de souligner le contraste complet avec notre Sauveur au désert et à Gethsémané. Victorieux des séductions de Satan, Jésus, le parfait nazaréen, connaît l’angoisse de l’âme jusqu’à la mort par entière obéissance à la volonté de son PèreMatthieu 26. 38.
“Qui s’est endurci contre lui (Dieu) et a prospéré ?” Job 9. 4
La dernière étape de la chute de ce pauvre juge est arrivée. Pourtant, il demeurait un précieux serviteur de Dieu. En se déclarant nazaréen à Delila, il ne mentionne que sa longue chevelure (source de sa force), en oubliant les deux autres commandements (l’abstinence de vin et la séparation de la souillure) : en fait, sa vie personnelle montrait bien qu’il n’avait gardé ni l’un, ni l’autre.
Delila endort Samson sur ses genoux : c’est le sommeil de l’âme inconsciente du danger. Pour la quatrième fois, elle le provoque : “Les Philistins sont sur toi, Samson !” (versets 9, 12, 14, 20). Mais Dieu et sa force s’étaient retirés du juge, et il ne le savait pas (verset 20). Rien n’est plus triste que ce juste jugement gouvernemental de Dieu qui s’exerce à l’égard des siens à leur insu même, car leur conscience s’est endurcie.
Le solennel exemple personnel de Samson est complété par le cas collectif d’Éphraïm : “Des étrangers ont consumé sa force, et il ne le sait pas. Des cheveux gris sont aussi parsemés sur lui, et il ne le sait pas” Osée 7. 9. Que le Seigneur nous donne de garder une conscience délicate, à la fois dans notre marche personnelle et dans la vie des assemblées !
Delila s’en va avec le salaire de sa trahison, en laissant un homme vaincu aux mains des Philistins. La dernière marche de ce long chemin descendant pour Samson est Gaza, le lieu fort des ennemis ; là, il est prisonnier, humilié, aveugle et exploité par ses ennemis (verset 21). Quelle terrible situation !
Mais la justice et la miséricorde de Dieu ne pouvaient pas le laisser dans cet état.