Après avoir montré les effets de la vie divine dans les croyants, l’apôtre ajoute maintenant un autre puissant motif à ses exhortations. Il a rappelé aux croyants d’Éphèse qu’après avoir cru, ils ont été scellés du Saint Esprit de la promesse (1. 13). C’est le même acte divin qui a fait d’eux des membres du corps de Christ. L’Esprit habite dans tout enfant de Dieu et lui donne conscience de sa relation avec le Père. Sa présence donne aussi l’assurance que notre corps mortel ressusciteraRomains 8. 11, 16. Le jour de la rédemption évoqué ici (verset 30) est le jour de “la délivrance1 de notre corps” Romains 8. 23, par la résurrection d’entre les morts à la venue du Seigneur.
N’attristons donc pas l’hôte divin qui habite en nous par tout ce qui dans notre conduite serait incompatible avec sa sainteté. Sa présence communique “puissance, amour et sobre bon sens” 2 Timothée 1. 7, mais si nous l’attristons, il n’a plus la même liberté pour nous annoncer ce qui est de ChristJean 16. 14 et devra s’employer à nous reprendre.
Le verset 31 énumère toute une série de défaillances en pensée ou en parole qui attristent l’Esprit de Dieu. Nous y trouverions peut-être facilement des excuses, mais il nous faut les éviter en nous gardant de toute légèreté. Voilà en revanche ce qui correspond à la pensée de Dieu : la bonté envers les autres, l’intérêt qui partage leur peine, la disposition à pardonner. Dieu n’a-t-il pas montré tous ces caractères d’une façon merveilleuse envers nous en envoyant Christ pour nous sauver ? Sa bonté est alors apparueTite 3. 4, ses compassions se sont émues envers nousRomains 12. 1 et lui-même nous a pardonné toutes nos fautesColossiens 2. 13.
Quand nous pensons à la grâce dont nous sommes les objets, comment pourrions-nous retenir dans nos pensées quelque grief contre l’un de nos frères ? L’apôtre revient avec insistance sur l’exhortation au pardon mutuel dans ses épîtres. Il reprend en cela l’enseignement du Seigneur Jésus dans les évangiles. Si nous avons de la peine à pardonner quelque offense, relisons la parabole des deux esclaves en Matthieu 18. 21-35. Et si quelqu’un disait : J’ai pardonné, mais je n’ai pas oublié – qu’il considère que le pardon de Dieu s’exprime ainsi : “Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés” Hébreux 10. 17. Nous n’avons sans doute pas la capacité d’oublier comme Dieu le fait, mais il nous invite à l’imiter.
En formulant ses exhortations à ceux en qui l’Esprit de Dieu habite, l’apôtre a décrit des caractères qui sont ceux de Dieu lui-même manifesté en Christ. Va-t-il s’arrêter là et faire une pause pour admettre que c’est un objectif trop élevé pour nous ? Bien au contraire, il élève encore nos regards. Puisque l’Esprit de Dieu habite en nous, croyants, nous sommes des enfants, des enfants que Dieu aime. Nous avons à porter les caractères de notre Père. “Soyez donc imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants et marchez dans l’amour”. Y a-t-il quelque chose de plus doux et de plus pénétrant qu’un tel appel ? Il est empreint de toute la douceur d’un Père pour ses enfants ; il atteint profondément nos cœurs et nous humilie en nous faisant comprendre combien peu nous répondons à cet amour divin. Et pourtant “son amour est versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné” Romains 5. 5.
Paul développe ses exhortations en les appuyant sur les deux caractères essentiels de Dieu : l’amour et la lumière, mais ce sujet ne pouvait se poursuivre sans que Christ soit aussitôt présenté. Déjà au verset 32 du chapitre 4, nous lisons : “Comme Dieu aussi en Christ vous a pardonné”. Tout ce qu’est Dieu envers nous a été manifesté en Christ. Tout ce que sa grâce a voulu nous donner l’a été par Christ, par le moyen de sa croix. L’apôtre nous dit : “Marchez dans l’amour”. Le modèle c’est Christ : “comme aussi le Christ nous a aimés, et s’est livré lui-même pour nous”. A ces derniers mots, un sentiment de profonde reconnaissance envahit le cœur.
Pour que nous puissions l’avoir comme modèle, il fallait qu’il soit d’abord notre sauveur. En se livrant pour nous il nous a donné la vie, avec la capacité de l’imiter, car lui est notre vieColossiens 3. 4. Revêtir le nouvel homme, c’est revêtir ChristRomains 13. 14 ; Galates 3. 27 et apprendre le Christ (4. 20). Regardons Jésus marcher et laissons-nous pénétrer par son amour inlassable qui le faisait aller de lieu en lieu faisant du bien, sans se laisser rebuter par l’incompréhension ni par la contradiction. Il “n’a point cherché à plaire à lui-même” Romains 15. 3.
Un tel renoncement est un modèle inaccessible, dira-t-on. Pourtant Paul continue encore : Christ s’est livré “comme offrande et sacrifice à Dieu en parfum de bonne odeur”. Disons clairement que c’est là l’expression de sa perfection absolue, inimitable, dans son dévouement jusqu’à la mort2. Lui seul devait et pouvait se livrer ainsi pour d’autres “comme offrande à Dieu sans tache” Hébreux 9. 14. L’Esprit de Dieu nous arrête pour contempler et adorer celui qui a glorifié Dieu ainsi, pour nous faire entrer dans la pensée de Christ. Personne n’a été ému de compassion comme lui en présence de la misère et des besoins des hommes3 qu’il était venu visiter, mais son amour avait un mobile et un but plus élevés : il était venu de la part de Dieu et agissait en faveur des hommes pour la gloire de Dieu. Que Dieu nous accorde d’être sensibles aux besoins des hommes, de notre prochain, en regardant à Christ pour lui plaire. Il nous montrera comment répondre à ces besoins dans notre mesure, dans l’amour.