Paul étant dépositaire d’une révélation personnelle se présente ici seul, dans sa pleine autorité, “d’apôtre de Jésus Christ par la volonté de Dieu”.
La lettre s’adresse d’abord “aux saints et fidèles qui sont à Éphèse”, mais aussi aux croyants d’autres assemblées formées de gens des nations, car certaines épîtres de Paul paraissent avoir eu le caractère de lettres circulaires1. Cette épître nous concerne aussi très directement, croyants du temps de la grâce, issus des nations païennes.
Les Éphésiens sont reconnus comme “saints et fidèles”. Heureux état qui ne nécessite pas, comme celui des Corinthiens ou des Galates, un enseignement élémentaire ou marqué par la répréhension. L’apôtre peut aborder d’emblée les sujets élevés qui sont devant lui.
Ce bon état d’âme doit être accompagné de la jouissance de la grâce et de la paix, conditions nécessaires pour profiter de l’enseignement qui va leur être donné. C’est donc le vœu de l’apôtre à leur égard. Ce n’est pas une simple formule de salutation, bien qu’elle soit habituelle dans les épîtres de Paul ; c’est le rappel de ce qui découle du cœur de Dieu par le canal de Jésus Christ et de son œuvre.
Avant d’exposer son sujet, et conscient de la grandeur de celui-ci, Paul se tourne d’abord vers Dieu pour faire monter devant lui la louange en son propre nom et au nom de ceux à qui il écrit. L’exposé des bénédictions qui leur échues ne peut pas accompagner de sentiments de reconnaissance et d’adoration.
Paul s’adresse au Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ et il bénit celui qui nous a bénis2. La 2e épître au Corinthiens et la 1ère épître de Pierre sont introduites de la même manière. En Éphésiens 1. 3, la louange a pour thème le propos de Dieu dans le passé le plus lointain. En 2 Corinthiens 1. 3, cette bénédiction s’adresse à celui qui nous console. Il s’agit du présent, car quand avons-nous besoin de consolation sinon pendant notre séjour sur la terre ? En 1 Pierre 1. 3, le motif du croyant pour bénir son Dieu est une échappée sur son avenir : l’héritage conservé dans les cieux pour lui. Aussitôt après sa résurrection, Jésus peut dire à ses disciples que son Père devient leur Père, son Dieu devient leur DieuJean 20. 17. Toutes leurs bénédictions découlent de cette nouvelle relation. Enfants du Donateur, ils possèdent aussi ses dons, exactement comme un enfant a part gratuitement à ce qui se trouve dans la maison paternelle pour l’unique raison qu’il est l’enfant de ses parents.
Jésus a complété la révélation du Père par l’annonce : “Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu”. La place qu’il a prise désormais dans les lieux célestes – et nous verrons un peu plus loin dans quelles conditions il l’occupe – garantit aux siens la possession de toutes leurs bénédictions.
Et ceci est fondamental pour nous rappeler que les épreuves du croyant ne contredisent nullement les grâces dont il a la possession et ne signifie pas qu’il les a perdues. Elles ne dépendent ni de nos conditions de vie, ni de nos capacités ; elles ne concernent ni notre santé, ni nos biens, ni notre situation de famille. Et, contrairement aux bénédictions terrestres et passagères, elles subsisteront éternellement dans le ciel où elles nous auront, pour ainsi dire, précédés. Un chrétien qui souffre n’est en aucune mesure privé des grâces qui lui appartiennent en Christ. Au contraire, souvent, il les appréciera davantage.