En s’occupant des lieux célestes et des bénédictions qu’il y possède en Christ, le croyant ne se désintéresse pas pour autant de ce qui concerne la terre et l’avenir de ce monde. Il n’est pas un mystique, quelqu’un qui se réfugie dans un monde à lui, sans référence au présent et aux hommes au milieu desquels il vit.
Mais, à la différence de ses contemporains incroyants, le chrétien a l’inestimable privilège de pouvoir considérer l’univers et l’histoire à travers le regard de Dieu, le regard du ciel. La sagesse, et la compréhension de la volonté de Dieu, communiquées par le Saint Esprit, lui permettent de mettre à leur vraie place les événements qui affectent la terre en leur donnant l’éclairage de l’éternité.
Le croyant connaît “ce que Dieu s’est proposé” parce qu’il connaît Celui qui est le centre de ce propos, Christ, dont quelqu’un a pu dire qu’il était « la clé de l’énigme de ce monde ». Et il ne se laisse pas illusionner par les efforts multipliés pour établir sans lui la justice et la paix, si bien intentionnés que soient ces efforts. Ce qu’on peut appeler “le jour de l’homme” est sur le point de s’achever. Le jour du Seigneur va lui succéder, introduit par les jugements annoncés dans l’Apocalypse : une période de sept années enfin suivie par le règne de Christ sur l’univers.
“L’administration de la plénitude des temps” est une formule qui porte nos pensées sur le monde à venir. Il s’agit du règne de mille ans pendant lequel, à la faillite de l’homme pour gouverner le monde, succédera l’autorité, pleine de sagesse mais ferme, de celui que Dieu a fait et Seigneur et ChristActes 2. 36.
L’échec et la ruine ont été les conséquences de l’administration de l’homme. Que la gestion de la terre par celui-ci ait été catastrophique n’est pas à démontrer : il a dilapidé les ressources de la planète et travaillé à sa propre destruction. “La plénitude” – ou la perfection – sera vue lorsque Christ régnera. Son gouvernement s’étendra alors à l’ensemble de cette création qui comprendra une sphère céleste et une sphère terrestre, l’une et l’autre soumises à ce Fils de l’homme. La plénitude des temps sera le dernier millénaire, achevant l’histoire de la terre sous un gouvernement juste et pacifique qui fait partie de ce plan de Dieu concernant sa création.
Pour la seconde fois l’apôtre utilise, en l’appliquant à nous, l’expression “prédestinés”, autrement dit : destinés d’avance, qui appelle un complément. La prédestination est toujours en relation avec un but que Dieu poursuit. Au verset 5 ce but était de faire de nous des enfants, adoptés pour lui par Jésus Christ. Ici (verset 11), il s’agit de faire de nous des héritiers appelés, en association avec Christ, à la responsabilité d’administrer l’héritage qui lui est dévolu. C’est ce que plusieurs autres passages présentent comme le règne avec lui, par opposition aux souffrances du temps présent1. Mais ici l’accent est mis sur le dessein de Dieu pour le compte de qui, et selon la volonté de qui, toutes choses seront administrées. Toute la scène future, y compris ceux qui seront héritiers avec Christ, sera exclusivement “à la louange de sa gloire” (verset 12).
Paul est amené ici à faire la distinction entre les Juifs et les
Quand il dit “nous”, c’est donc des Juifs que parle l’apôtre ; “vous”, ce sont les nations. Grands étaient les privilèges des premiers, et ils sont rappelés aux seconds pour leur faire apprécier la grâce qui met désormais les gens des nations sur un pied d’égalité avec le peuple élu. Ce qui les unit, c’est l’espérance dans le Christ et la part commune qui en découle.
La venue du Messie pour son peuple a été de tout temps l’espérance d’Israël. Écoutons Jacob bénissant Juda et annonçant la venue de Shilo, “à qui sera l’obéissance des peuples” Genèse 49. 10. Souvenons-nous de Moïse parlant d’un prophète qui serait suscité et qu’il faudrait écouterDeutéronome 18. 15. Pensons à David dans tant de psaumes, ainsi qu’à tous les prophètes. Ceux-ci, nous dit Pierre, ont prophétisé à l’avance, et il leur fut dit que ce n’était pas pour eux-mêmes qu’ils administraient ces choses1 Pierre 1. 12, mais pour “nous”, la génération qui se levait alors.
Les promesses faites aux pères, qui jalonnent l’histoire du peuple d’Israël à travers tout l’A.T., ont eu leur accomplissement. Le Seigneur Jésus lui-même en fait la synthèse le jour de sa résurrection, dans son entretien avec les deux disciples d’Emmaüs et le même soir avec les onze. Moïse, les Psaumes et les Prophètes, ces trois grandes divisions de leurs Écritures, rendaient par avance témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraientLuc 24. 27, 44 ; 1 Pierre 1. 11. Et parmi ces gloires figure en bonne place celle qui l’attend à la tête de toute la création.