Le chapitre 2 s’ouvre sur un tableau désespérant de l’état de l’homme. Triste constat qui se résume en un mot, celui de mort. Certes, nous étions bien actifs dans nos fautes et dans nos péchés, mais Dieu appelle cet état, une mort. Celle-ci signifie, comme dans bien d’autres passages1 l’absence de relation avec lui.
Les versets 1 à 3 décrivent cette condition tragique dans laquelle nous avons tous “marché autrefois”, en particulier nous, les gens des nations. C’est encore celle du monde autour de nous ; il va son “train”, mené par son prince, Satan, désigné ici comme “le chef de l’autorité de l’air”. N’est-il pas vrai que nous respirons un air moralement pollué, qui pénétrera même dans nos maisons si nous ne savons pas les rendre étanches ? Satan, cet esprit malfaisant, opère maintenant dans ceux qui sont caractérisés simultanément par la désobéissance, par les convoitises et les volontés de la chair… et aussi par leur conséquence : la colère de Dieu que nous méritions ; ils sont à la fois “fils de la désobéissance” et “enfants de colère”.
Tels nous étions aussi, ne l’oublions pas, et, sous forme de parenthèse, cette condition funeste est rappelée pour nous permettre – bien qu’elle ne soit plus la nôtre – de mieux apprécier par un saisissant contraste l’œuvre de Dieu en notre faveur. Le chapitre 1 nous a présenté la richesse des bénédictions dont Dieu a voulu nous combler et la grandeur de sa puissance qui a opéré pour faire sortir le Christ d’entre les morts. C’est parce que nous étions morts qu’il est “mort pour tous” 2 Corinthiens 5. 14, afin de nous faire sortir de la mort avec lui par la résurrection.
“Mais Dieu…” L’état désespéré dans lequel nous nous trouvions n’a pas laissé Dieu indifférent et ne l’a pas non plus dépassé. Cet état de mort de l’homme a été dûment constaté : “ôtez la pierre”, a commandé le Seigneur Jésus devant le tombeau de Lazare. Dieu maintenant prend la situation en main comme lui seul peut le faire.
Son motif est sa miséricorde. Celle-ci est l’expression appropriée à notre misère du “grand amour dont il nous a aimés”. Fallait-il en effet que cet amour fût grand pour faire face à notre corruption ? Oui, tout a commencé dans le cœur de Dieu. Il n’a pas attendu pour nous aimer un changement totalement impossible de notre côté ; il a pris l’initiative et dépassé tout ce qui aurait pu “monter au cœur de l’homme” 1 Cor 2. 9.
Son moyen est l’œuvre de Christ. Le chemin de l’Église et de chaque croyant, c’est celui que Christ a lui-même suivi pour aller siéger dans les lieux célestes. Il part aussi de la mort. Mais quelle différence dans le motif pour lequel lui s’y trouvait ! La mort, pour Jésus, c’est la terrible visite qu’il a rendue à ce lieu ténébreux – qui n’avait aucun droit sur lui – parce qu’il voulait nous en arracher. Et nous, délivrés de cette emprise, c’est-à-dire rendus vivants, nous l’accompagnons pour ainsi dire jusqu’au lieu dans lequel il veut nous avoir avec lui. Trois étapes2, et dans chacune des trois, rien n’est le fait de l’homme.
Un mort ne peut faire le moindre mouvement vers Dieu. Mais Dieu “fait sortir de la mort” Psaume 68. 21 et la vie qu’il donne, Dieu seul peut la donner, c’est la vie divine, la vie éternelle dont l’apôtre Jean nous dit : “… et cette vie est dans son Fils. Celui qui a le Fils a la vie…” 1 Jean 5. 11
Notre relation avec Christ ressuscité nous place sur ce nouveau terrain de la résurrection, dans un état de nouvelle création, comme Christ s’y trouve lui-même. La vie divine que nous avons reçue s’accompagne d’une puissance active qui permet de traverser victorieusement ce monde comme lui l’a fait. Mais ce n’est pas tout :
Être assis correspond à une position de repos ; Christ goûte ce repos glorieux après son service sur la terre, après avoir “fait par lui-même la purification des péchés” Hébreux 1. 3 et remporté toutes les victoires. Notre relation avec lui, monté au ciel et assis à la droite de Dieu, s’accompagne de la jouissance par la foi de tout ce que comporte cette position hors du monde, dans la proximité de Christ et le parfait repos. Nous sommes associés aux pleins résultats de l’œuvre dont il est le seul artisan.
Ces conséquences de l’œuvre de Christ sont envisagées ici sous leur aspect collectif. Juifs et nations suivent le même chemin, ouvert par Christ de la mort à la gloire. Aucun droit de naissance, aucune prédisposition naturelle, aucun mérite propre n’entrent en ligne de compte et ne font de différence. Rien dans notre histoire ne nous donne une quelconque priorité. Bien au contraire, le verset 12 décrira ce qu’il en est des “nations”. Unique condition pour avoir part à ce destin fabuleux : avoir reconnu notre portrait moral dans ces “morts” des versets 1 à 4, avoir reconnu en même temps comme Seigneur et Sauveur personnel celui qui seul ouvre à l’homme l’accès du ciel. Tous semblables quant à notre origine, tous semblables aussi quant à notre glorieuse et inaliénable position en Christ !