Paul était en prison pour avoir prêché l’évangile aux nations. Après avoir mentionné cela au début du chapitre 3, il a interrompu l’exposé des exhortations qu’il avait en vue, pour développer le mystère du Christ. Dans une longue parenthèse, il montre la place donnée aux croyants des nations dans le corps de Christ, l’assemblée par laquelle Dieu voulait se glorifier. Il reprend ensuite ses exhortations au début du chapitre 4.
Dieu commence toujours par donner libéralement ; ensuite il attend de ceux qui reçoivent, qu’ils comprennent la valeur de ce qu’il a donné, et qu’ils en fassent bon usage. Cela explique le plan de cette épître, et de plusieurs autres. Étreint par l’immensité des desseins et de l’amour de Dieu, Paul a d’abord exposé les richesses dont Dieu veut combler les siens et adressé à Dieu la louange qui en découle, puis il s’adresse aux Éphésiens pour les engager à en saisir les conséquences pratiques1. La vérité chrétienne doit être vécue. Si on la reçoit comme une somme de connaissances sans effet sur la vie pratique, la conscience s’endurcit et l’on devient pharisien. Paul n’était pas un théoricien : il éprouvait dans son corps les souffrances de l’évangile. Il désirait ardemment que les Éphésiens vivent pratiquement à la hauteur de ce qu’ils avaient reçu. A ceux qui sont “assis dans les lieux célestes en Christ”, il enjoint de “marcher d’une manière digne de l’appel” qu’il nomme ailleurs : “l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus” Philippiens 3. 14.
Notre responsabilité est en rapport avec tout ce que Dieu nous donne : ce que nous avons déjà reçu, et ce à quoi il nous destine. Nous avons été “bénis de toute bénédiction spirituelle” et nous sommes destinés à recevoir un plein héritage. Ceux que Dieu “appelle à son propre royaume et à sa propre gloire” 1 Thessaloniciens 2. 12, ont à vivre désormais en accord avec ce but glorieux. Dieu sait bien qu’ils ne pourraient être heureux autrement. Noblesse oblige, dit-on même dans le mondeÉsaïe 32. 8.
Dans chacune des trois épîtres qui suivent, l’apôtre donne un nouveau motif pour marcher dignement :
En Philippiens 1. 27, nous sommes exhortés à marcher “d’une manière digne de l’évangile”. L’évangile annoncé par un croyant n’aura de puissance que dans la mesure où il sera confirmé par sa marche. Ce que je suis parle plus que ce que je dis.
En Colossiens 1. 10, il s’agit de marcher “d’une manière digne du Seigneur” dont les gloires sont exposées dans le premier chapitre. Ma bouche sera fermée pour les annoncer, si mon comportement n’honore pas le Seigneur.
En 1 Thessaloniciens 2. 12, les croyants sont exhortés à marcher “d’une manière digne de Dieu”, ce Dieu vivant et vrai vers qui ils s’étaient tournés, en abandonnant leurs idoles, ce Dieu qui aussi les appelait à son propre royaume et à sa propre gloire.
Quels caractères devons-nous donc porter pour être en harmonie avec ce glorieux appel ? Le premier caractère2 est l’humilité. Après l’exposé de la glorieuse part qui nous est réservée dans les plans éternels de Dieu, ainsi que de notre relation avec Christ et avec le Père lui-même, l’Esprit Saint veille à ce que ce cœur rusé ne s’en attribue aucun mérite et n’en conçoive pas d’orgueil3.
La douceur suit l’humilité, pour les mêmes raisons. Avec l’humilité, elle a caractérisé Christ lui-même, “débonnaire et humble de cœur” Matthieu 11. 29. Il n’est pas surprenant que, conscients de notre part céleste en lui, nous soyons appelés à manifester quelques traits de celui qui est du ciel. Mais dans quelle mesure le recherchons-nous vraiment ?
La longanimité ajoute la patience à la douceur. Quelle importance revêt cette vertu dans les difficultés du temps présent, dans toutes nos relations, en attendant la réalisation de notre espérance. Les croyants sont un seul corps en Christ et ont une même espérance : ils ont à marcher ensemble et auront à rencontrer des sujets de friction. L’exhortation au support mutuel incite à l’humilité : si j’ai à supporter mes frères et sœurs, c’est que j’ai aussi besoin d’être supporté par eux. Supporter dans l’amour n’est pas une simple résignation, c’est la recherche patiente et active du bien de ceux qu’on aime.
Les croyants ont été formés en un seul corps par le Saint Esprit1 Corinthiens 12. 13. Cette unité du corps de Christ dont lui est la tête, ne peut être altérée ; elle subsiste car elle résulte d’une opération divine et sera pleinement manifestée lorsque Christ se présentera à lui-même, l’assemblée glorieuse. Mais l’unité des membres du corps de Christ établie par le Saint Esprit imprime sur eux un caractère qui devrait se voir aussi dans leur vie collective sur la terre. Il y a bien des entraves, et cette unité-là tend à nous échapper. C’est pourquoi nous sommes exhortés à la garder, à la retenir par le lien de la paix. Cela se réalise d’abord en ayant égard les uns aux autres dans l’assemblée locale1 Corinthiens 12. 25 ; Philippiens 2. 3-5 ; 1 Pierre 5. 5. Alors la paix empreint les relations fraternelles de confiance et de liberté.
Puisque nous sommes un seul corps en Christ, les assemblées locales de chrétiens réunis au nom du Seigneur Jésus ne sont pas indépendantes. Chacune d’elles essaye de montrer localement ce qu’est l’assemblée, le corps de Christ tout entier. Elle a ainsi conscience qu’elle n’est qu’une expression du corps tout entier. Pour toute décision elle recherche la pensée du Seigneur à qui elle est soumise, par le secours du Saint Esprit, avec humilité, douceur, longanimité, support et amour envers tous les membres du corps. Elle sera alors gardée dans l’unité de l’Esprit et sa décision sera reconnue par les autres assemblées, comme elle reconnaîtra aussi les leurs. Si des divergences se font jour, il est d’autant plus nécessaire de s’humilier devant le Seigneur pour qu’il dispose les cœurs à recevoir sa pensée et à s’aider les uns les autres pour la reconnaître.