Le fait que Paul était prisonnier à cause de l’évangile met en évidence le mépris auquel il était spécialement exposé de la part des Juifs. Sa grande faute à leurs yeux était que lui, un Juif, ne respectait pas des différences qui pour eux étaient incontournables. D’une part son enseignement assimilait les Juifs aux nations méprisées en les considérant eux aussi comme “morts dans leurs fautes et dans leurs péchés”. D’autre part la vérité de l’Assemblée mettait de côté tout le système juif avec son culte formel rendu dans le temple, pour introduire la vérité de l’Assemblée liée à un Christ absent, et rendant un culte en Esprit et en vérité. Quant aux nations, bénéficiaires du ministère de l’apôtre, elles pouvaient prendre conscience du prix qu’il payait pour leur apporter l’évangile et n’en estimer que davantage la valeur de celui-ci. En fait, ce n’est pas seulement pour les nations que Paul souffre la prison, mais pour le Christ Jésus dont il est le porte-parole. Il est “son prisonnier” comme il est “son apôtre” (chapitre 1. 2), ramenant – et c’est un exemple pour nous – tout ce qui le concerne à la volonté du Seigneur.
Le sujet, d’une importance extrême, que l’apôtre va maintenant développer, est appelé le mystère1. Le mot a déjà été prononcé au chapitre 1, verset 9 : “le mystère de sa volonté”. Et nous avons vu qu’il s’agit d’une vérité gardée secrète jusqu’au moment où Dieu juge devoir la révéler. Il le fait “à ses saints apôtres et prophètes” (verset 5). Le mystère avait aussi été donné à connaître aux autres apôtres, mais Paul, apôtre des nations, avait reçu le service spécial de sa communication. Ainsi c’est seulement dans ses épîtres que se trouvent développées les vérités concernant l’Assemblée. Il les a reçues, dans les mêmes conditions que d’autres révélations, directement du Seigneur2. En fait on peut dire qu’il en a été instruit dès sa première rencontre avec Christ sur le chemin de Damas. Saul de Tarse a appris, de la bouche de celui qui l’interpellait du haut du ciel, que Jésus dans la gloire ne faisait qu’un avec les croyants que lui, Saul, pourchassait et tourmentait sur la terre. “Je suis Jésus que tu persécutes” Actes 9. 5. N’était-ce pas déjà l’évocation du seul Corps de Christ, constitué à la fois par la Tête dans le ciel et par les membres sur la terre ?
Le mystère a donc été révélé à Paul avant de l’être par lui. Maintenant il en est, comme il l’explique, l’administrateur. Et dans un certain sens, chaque croyant n’est-il pas responsable d’administrer, c’est-à-dire de vivre et de faire connaître, la vérité qui lui a été enseignée ?
C’est donc la grâce de Dieu (verset 7) qui a donné à l’apôtre cette administration de la grâce de Dieu (verset 2), avec la puissance qui l’a rendu capable de l’exercer. L’intelligence spirituelle de ceux auxquels il s’adresse doit pouvoir reconnaître l’authenticité du message divin communiqué par l’apôtre. Comme les Juifs eux-mêmes n’auraient pas pu trouver dans leurs propres Écritures la confirmation de ce fait révolutionnaire, il importait que la source divine de cette révélation soit affirmée avec la plus grande certitude. L’apôtre le fait solennellement en insistant sur son ministère.
Dans ce chapitre 3, à partir du verset 2, Paul expose le mystère de l’Assemblée. Il en fait une grande parenthèse qui matérialise ce qu’est l’Assemblée elle-même au milieu du plan divin vis-à-vis de l’homme3. En raison de sa vocation céleste, elle échappe au gouvernement de la terre et ne fait pas non plus partie de la prophétie ; elle se situe pour ainsi dire en dehors de l’espace et du temps. Il s’agit d’une vérité entièrement nouvelle qui n’apparaît pas dans l’A.T. Elle ne pouvait en effet être communiquée avant que soient réunies les conditions de sa formation : la mise de côté d’Israël à cause de son refus de recevoir son Messie, la mort et la résurrection de Christ, sa présence à la droite de Dieu (chapitre 1. 22 : le corps devait avoir sa tête), enfin la descente du Saint Esprit (la vie devait animer les membres) 4.
Ce grand mystère n’est donc pas l’évangile, car celui-ci n’était pas caché. Tout au long de l’A.T., et dès l’entrée du péché dans le monde, il est fait allusion au Sauveur que Dieu enverrait pour y répondre. Le verset 6 explique quel est le sujet de cette nouvelle révélation :