Le cœur du Père vient de nous être ouvert pour nous permettre d’y lire le grand secret de la famille du ciel dans laquelle nous entrons par l’adoption. Cette famille de Dieu est la seule sphère dans laquelle peut être pleinement connu l’amour du Père, source de toute bénédiction. Qui en effet mieux qu’un fils ou une fille est à même de comprendre l’affection de ses parents ?
Mais il y a dans ces versets plus que l’amour de Dieu pour ses enfants. C’est cet autre secret, antérieur et plus profond qu’est l’amour du Père pour le Fils. Il nous est révélé dans cette expression : “le Bien-aimé”, entendue au Jourdain et sur la sainte montagneMatthieu 3. 17 ; 17. 5, et qui nous est rappelée ici à cause de l’intérêt direct que nous y avons. “Il nous a rendus agréables1 dans le Bien-aimé” (verset 6). Dieu nous aime parce qu’il aime son Fils et que nous sommes, à ses yeux, inséparables de lui.
Ce que Dieu a fait de nous découle de ce qu’il a fait pour nous, comme aussi ce qu’il a fait pour nous est la conséquence de son amour. Nous trouvons le même enchaînement dans plusieurs passages de l’Écriture. Ainsi Apocalypse 1. 5 s’adresse “à Celui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang, et qui nous a faits un royaume, des sacrificateurs pour son Dieu et Père…”
Nous nous étions placés sous la domination du chef de ce monde, parce que nous étions esclaves de nos convoitises. Et nous arracher à cette emprise était la condition nécessaire pour que Dieu puisse nous mettre au bénéfice de toutes les bénédictions qu’il avait préparées pour nous. Les Éphésiens gardaient dans leur histoire le souvenir du temps où ils étaient asservis à des “pratiques curieuses” Actes 19. 19 qui ne faisaient que les maintenir sous l’esclavage de Satan.
Tout ce que Dieu s’est proposé de faire pour sa propre gloire a sa source dans son amour et a son but et son accomplissement dans le Fils. Comment amener dans sa faveur ceux qui étaient coupables ? En lui, dans le Bien-aimé, “nous avons la rédemption par son sang”. Cette expression sous-entend qu’il a dû “participer au sang et à la chair” pour nous racheter. L’apôtre Pierre confirme : “Vous avez été rachetés de votre vaine conduite… non par de l’argent ou de l’or, mais par le sang précieux de Christ” 1 Pierre 1. 18. Comme quelqu’un l’a écrit : « Trois choses sont ainsi démontrées : premièrement l’énormité du péché qui exigeait un tel prix pour être ôté, ensuite l’inflexibilité de la sainteté de Dieu qui ne pouvait être satisfaite à un moindre prix ; enfin l’immensité de l’amour qui a accepté de payer ce prix. »
Penser à ce qu’a coûté à Dieu notre rédemption nous fait prendre conscience de l’immensité des richesses de la grâce ! Comment pourrait être remise en question une adoption établie à un prix si grand ? L’accès de plein droit à de telles richesses nous est acquis pour toujours.
Nous étions sous la domination d’une puissance étrangère à Dieu et à ce titre nous devions être rachetés. Mais il y avait aussi le problème de notre culpabilité, celui des fautes commises, qui devait être réglé “pour que nous fussions saints et irréprochables” (verset 4). C’est aussi le sang de Christ qui a été la réponse à ce besoin, car “sans effusion de sang, il n’y a pas de rémission” Hébreux 9. 22 et seul le sang de l’Agneau pur et sans tache pouvait être agréé par Dieu.
En lisant les versets qui nous occupent, on comprend que les croyants soient désignés ailleurs comme “ceux qui reçoivent l’abondance de la grâce” Romains 5. 17-20. Et le même passage ajoute que “là où le péché abondait, la grâce a surabondé”. Mais cette grâce ne se limite ni à la rédemption, ni au pardon de nos fautes, bien que ce soit son œuvre initiale. Dieu veut nous faire entrer, en particulier par la méditation de cette épître, dans les richesses qui vont bien au-delà du salut de nos âmes.
Il se propose de nous faire “connaître le mystère de sa volonté selon son bon plaisir”. Entrer dans la connaissance de la volonté souveraine de Dieu et de son bon plaisir, autrement dit de son amour, telle est la vocation des créatures limitées que nous sommes. Qui, sinon Dieu lui-même, Dieu le Saint Esprit, peut donner sagesse et intelligence pour pénétrer dans ce que nous pourrions appeler le domaine réservé et le plus secret de Dieu ?