Pour se faire comprendre de ses disciples, Jésus employait le langage des paraboles en utilisant des situations et des objets connus : une lampe qu’on allume, un grain qui germe, une pièce de monnaie qu’on cherche… Et il appartient à Dieu, pour mettre à notre portée ses pensées les plus profondes sans pour autant les banaliser ni les dévaluer, de les illustrer par ce qui fait partie de notre vie de tous les jours.
Qu’y a-t-il de plus élevé dans la pensée de Dieu que ce qui nous occupe dans ces trois premiers chapitres : l’Église unie à Christ, appelée à partager son bonheur et sa gloire ? Qu’y a-t-il de plus commun, de plus immédiat pour nous que notre propre corps, ou que la maison que nous habitons ; qu’y a-t-il qui parle plus à nos affections que notre conjoint ?
Ces trois images de l’Assemblée, reprises ailleurs dans le N.T., se trouvent toutes les trois dans l’épître aux Éphésiens. Celle du corps a déjà illustré la complémentarité de la tête et des membres au chapitre 1, et nous la retrouverons au chapitre 4 pour éclairer cette fois la complémentarité des membres entre eux, ainsi que leur croissance.
Maintenant le Saint Esprit va reprendre une image dont le Seigneur Jésus s’est déjà servi, quand il a fait mention pour la première fois de son Assemblée devant ses disciples, celle d’un édifice et de sa constructionMatthieu 16. 18. Les versets 19 à 22 nous en donnent trois aspects.
Le mot maison est employé très souvent dans la Parole pour désigner l’ensemble des personnes, parents, enfants, domestiques, vivant sous le toit du chef de famille. Ainsi la maison d’Abraham, de Josué, de Lydie, de Stéphanas et de bien d’autres. Le mot évoque la communauté d’intérêts et d’activités exercées sous l’autorité de celui qui en a la responsabilité devant Dieu.
Or l’Assemblée n’est autre que la maison de Dieu lui-même et les croyants sont ceux qui la constituent. Quelle est leur origine ? Autrefois des étrangers, gens de passage, mais désormais intégrés à cette maison sur laquelle s’exerce l’autorité sage et souveraine du Seigneur Jésus lui-même, “fidèle sur toute sa maison… Et nous sommes sa maison”, ajoute l’auteur de l’épître aux HébreuxHébreux 3. 6. Les déracinés que nous étions ont trouvé leur port d’attache, et ils ne s’y trouvent pas seuls, ils sont devenus “concitoyens des saints” ; ils découvrent ceux qui partagent avec eux le privilège d’en faire partie.
Le deuxième aspect, auquel passe sans transition le verset 20, est celui de l’édifice proprement dit. Une maison se construit. En nous référant de nouveau à Matthieu 16. 18, nous apprenons dans ce court verset sur quelle fondation elle est posée, qui la bâtit et à qui elle appartient. Pierre, à qui Jésus fait l’honneur de le désigner comme “une pierre”, l’une des premières qui préfiguraient le reste de la construction, reprendra l’image1 Pierre 2. 4-7. Là il indique clairement sur qui elle est bâtie : Jésus Christ à qui seul est réservée la gloire d’être la “maîtresse pierre du coin” dont dépend la stabilité et l’ajustement de tout l’édifice. Dans ce travail divin de construction, les apôtres et prophètes du N.T. ont été placés à la base de l’édifice. Tous ceux qui croient sont ajoutés ensuite par le SeigneurActes 2. 47.
Un dernier côté, d’une immense importance, n’a pas encore été envisagé. De cette maison qu’est l’Assemblée, nous avons vu quel est l’architecte (je bâtirai), quel est le propriétaire (mon assemblée). Mais il se pose encore d’autres questions : quel va en être l’usage et qui va l’habiter ?
Cette demeure n’est pas pour des hommes, quand bien même ils y ont accès. Elle est appelée “un temple saint dans le Seigneur”.
Grâce immense, un tel lieu existe pour les saints d’aujourd’hui ! Ce n’est pas un “temple fait de mains”, mais “une maison spirituelle” dans laquelle sont offerts “des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ” 1 Pierre 2. 5.
Que les croyants d’origine juive en fassent partie, cela ne faisait plus de doute. Pierre qui les représentait s’adresse à eux dans le même passage comme à des “pierres vivantes”. Mais “vous aussi”, insiste Paul ici, employant encore une fois l’adverbe “ensemble” comme pour leur dire : oui, vous également, gens des nations, vous faites partie de cette construction qui se substitue à tout ce que l’homme bâtit et qui n’est rien de moins que la demeure de Dieu.
Car celui qui fait croître l’édifice, cherchant les pierres dans la carrière de ce monde, les taillant et les intégrant dans les murs de la maison, c’est aussi celui qui l’habite : Dieu le Saint Esprit. Depuis la Pentecôte, il est dans l’Église à laquelle il donne ainsi son saint caractère d’habitation de Dieu. “Ne savez-vous pas – rappelle l’apôtre aux Corinthiens – que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ?” Et il ajoute solennellement : “le temple de Dieu est saint, et tels vous êtes” 1 Corinthiens 3. 16, 17.
Dans l’épître aux Éphésiens, la maison de Dieu est le résultat de l’œuvre de Dieu, sans aucun mélange et elle est un temple saint, formé de pierres vivantes. Dans la première épître aux Corinthiens, “l’édifice de Dieu” nous est présenté comme le résultat du travail confié aux hommes sur la terre. A ce titre, elle a un caractère mélangé et nous sommes mis en garde contre le danger d’édifier avec “du bois, du foin, du chaume”, voire de “corrompre le temple de Dieu”. Ces deux aspects se complètent. Leur rapprochement met en évidence d’une part la sainteté et la fidélité de Dieu, d’autre part la responsabilité et les défaillances de l’homme.