Christ a traversé victorieusement la mort ; “il n’était pas possible qu’il fût retenu par elle”. Dieu a relevé le défi que les hommes n’ont pas craint de lui jeter : “qu’il le délivre s’il tient à lui”. “C’est pourquoi Dieu l’a haut élevé…” Philippiens 2. 9 déclare l’apôtre. Ayant gardé un terrible silence pendant que son Fils était sur la croix, il s’exprime maintenant, et la prophétie du psaume 110, citée cinq fois dans le N.T., s’accomplit : “l’Éternel a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je mette tes ennemis pour marchepied de tes pieds” 1.
Immense est la portée de cet événement, comme nous le confirme la vingtaine de passages dans lesquels il nous est rapporté ! A la différence d’autres mentions de son élévation dans la gloire, ici, comme au psaume 110, c’est Dieu qui agit et qui fait asseoir à sa droite, en l’y invitant expressément, celui qui l’a si parfaitement satisfait.
En faisant asseoir Christ à sa droite, Dieu répond à la honte de la croix et accomplit son plan concernant l’homme et la terre. Ce plan prévoyait un homme à qui Dieu confierait la domination sur les œuvres de ses mainsPsaume 8. 6, 7. Au premier Adam défaillant, il substitue maintenant le second homme, Christ, et le place dans le ciel. Il est là-haut comme “Premier-né de toute la création”, celui dont il nous est dit : “Le Père aime le Fils et a mis toutes choses entre ses mains” Jean 3. 36. Jésus déclare lui-même à ses disciples en les quittant : “Toute autorité m’a été donnée dans le ciel et sur la terre” Matthieu 28. 18
Cette autorité s’exerce donc, de droit divin et universellement, sur tout ce qui a quelque pouvoir que ce soit, dans le ciel et sur la terre, dans ce siècle et dans celui qui est à venir2. Elle est ici proclamée, même si, selon l’épître aux Hébreux, nous ne voyons pas encore que toutes choses lui soient assujetties. Mais dans l’épître aux Éphésiens, nous sommes pour ainsi dire en dehors du temps, l’œuvre accomplie étant inséparable de ses conséquences. Les lieux célestes sont devenus la propriété personnelle de celui qui s’y est acquis la prééminence par sa mort et sa résurrection triomphantes. Combien notre Seigneur est grand !
Ce que Dieu a fait de Christ comme chef suprême de l’univers n’est qu’un aspect de sa gloire. La joie qui était devant lui réclamait sa pleine et entière satisfaction. Adam, dans le merveilleux jardin où Dieu l’avait placé, ressentait sa solitude. Dieu qui avait jusque là constaté que dans la création tout était bon, ou même très bon, déclare : il n’est pas bon que l’homme soit seul. Il lui donne alors son complément : une épouse. Plus précieux pour Christ que toutes les gloires qu’il s’est acquises, il y a ce que son cœur désire, et que Dieu lui donne : l’Assemblée, “fruit du travail de son âme” Ésaïe 53. 11. Mais ici la pensée n’est pas qu’il donne l’Assemblée à Christ comme son corps. C’est plutôt Christ qui est donné à l’Assemblée comme son Chef3, sa Tête, pour constituer sa plénitude.
Ainsi l’Église nous est présentée comme le complément nécessaire de Christ glorifié. Elle est le corps, constitué de membres divers, sujet que le chapitre 4 reprendra, et lui est la tête de ce corps, aujourd’hui dans le ciel. Or l’Église n’est pas un corps sans sa tête (il ne serait évidemment pas vivant), pas plus que Christ n’est la Tête sans son corps. L’Église (ou Assemblée) est la plénitude, ce qui rend complet l’organisme vivant, tête et corps, qui est appelé ailleurs “le Christ” 1 Corinthiens 12. 12.
A la différence de toutes les puissances qui seront sous la domination de Christ, l’Assemblée n’est pas et ne sera jamais dans une position de servitude par rapport à lui. Elle est au contraire appelée à partager sa gloire et sa domination, telle une reine auprès du roi son mari. Sa dignité et ses richesses ne sont que la conséquence de sa relation avec son époux à qui elle doit tout.
Cette pensée n’affaiblit en rien notre responsabilité de soumission à notre Seigneur. La tête d’un corps n’est-elle pas la partie noble et dominante d’une personne ? Les membres lui obéissent, reçoivent d’elle leurs impulsions, lui transmettent leurs sensations.
Le chapitre s’achève sur cette vision d’un Christ glorieux dans le ciel, dont la vie anime tout son corps, c’est-à-dire l’Église sur la terre. Il remplit tout en tous… il doit donc en être ainsi du cœur de chacun de ceux qui en font partie.
Siècle : ce mot désigne ici comme dans d’autres passages une période de temps au cours de laquelle Dieu agit d’une certaine manière vis-à-vis de certaines personnes, et en se révélant sous un nom particulier.
Ce siècle caractérise le temps actuel de la grâce et de l’Église.
Le siècle à venir désigne le millénium.
Les siècles à venir (2. 7) comme le siècle des siècles (3. 21) sont des expressions qui nous placent hors du temps et embrassent sans précision toute l’éternité à venir.