Les événements prédits jusqu’ici (11. 2-35) se sont rigoureusement accomplis dans l’histoire des nations. Leur importance découle du fait :
La prophétie qui suit (versets 36-45) annonce des événements futurs qui n’ont pas eu de contrepartie historique ; ils appartiennent exclusivement “au temps de la fin” 1 (verset 40), et se rapportent à l’Antichrist et au roi du Nord.
L’Assemblée de Christ est céleste ; elle est en dehors de telles révélations. Son histoire sur la terre, dans l’attente d’être recueillie dans la gloire céleste, se place chronologiquement entre les versets 35 et 36 de ce chapitre 11 ; dans une prophétie précédente, elle s’intercalait de la même manière entre les versets 26 et 27 du chapitre 9.
Un personnage encore inconnu surgit soudainement devant Daniel sur la scène prophétique. Son caractère et sa conduite le distinguent de tous les autres hommes de la terre : c’est “le roi”,
Parmi les dix titres que la Parole lui attribue, le Saint Esprit le désigne ici comme “le roi”, celui qui s’est emparé du pouvoir pour dominer sur les hommes et sur les âmes. Il sera jugé selon ce titre de roi qu’il avait usurpéÉsaïe 30. 33. Son premier caractère est de donner libre cours à sa propre volonté, ce qui est le principe même du péché. Il manifeste le contraste le plus absolu avec Christ qui, étant Dieu, s’est constitué serviteur pour accomplir la volonté de son Père.
Rempli d’orgueil, ce roi inique s’élève contre toute autorité. L’impiété aussi le caractérise ; il s’oppose à Dieu. Son action est présentée ici en rapport avec les Juifs en Orient : il contrôle l’apostasie religieuse juive à Jérusalem, avec l’appui de la puissance politique romaine (c’est la collusion des deux bêtes décrites en Apocalypse 13). Mais, il participera aussi à l’apostasie religieuse chrétienne2 Thessaloniciens 2. 3 ; 1 Jean 2. 22. Le centre de celle-ci sera à Rome, où la seconde Babylone s’appuiera aussi sur la même bête romaine. Derrière cette double révolte contre Dieu (juive et chrétienne), Satan exerce toute l’énergie du mal.
Le terme de la prodigieuse ascension de l’Antichrist est “l’indignation… accomplie” (verset 36), c’est-à-dire la fin des jugements divins sur Israël par la verge de l’Assyrien. L’apparition glorieuse de Christ mettra fin à la domination de la bête romaine et du faux prophète (l’Antichrist).
Dans l’intervalle, il méprise à la fois Dieu (“le Dieu de ses pères” 2), et Christ (“l’objet du désir des femmes” 3). En s’acharnant à effacer toute trace de religion de l’esprit des hommes, il se présente lui-même comme un dieuHabakuk 1. 11 ; 2 Thessaloniciens 2. 4.
Pour maintenir le peuple juif sous sa domination, il créera un système idolâtre, d’origine satanique et glorifiant la puissance humaine (“le dieu des forteresses”, “un dieu étranger”, versets 38, 39). A ceux qui répondront à ses séductions, il confiera des places d’honneur et de puissance pour dominer avec lui sur la nation juive infidèle dans la terre d’Israël. Mais ceux qui lui refuseront l’obéissance seront exposés à une mort certaine. De tels martyrs auront part à la première résurrection pour jouir du royaume avec ChristApocalypse 20. 4, 5.
La prophétie de Daniel ne mentionne pas clairement le jugement et la fin de l’Antichrist. Le N.T. parle du feu éternel dans lequel il sera jeté vivant2 Thessaloniciens 2. 8 ; Apocalypse 19. 20. Avec Judas (le fils de perdition) et la bête (le chef de l’empire romain), ce sont trois hommes dont la Parole nous révèle le terrible sort éternel.
Dans la terre d’Israël, le mal prévaut sous la domination de l’Antichrist. La fin de la prophétie montre les affrontements qui attendent ce dernier (et ses alliés) avec les deux puissances qui encadrent “le pays de beauté” (verset 40), à savoir les rois du Nord (l’Assyrie) et du Midi (l’Égypte, la Libye et l’Éthiopie).
Le roi du Midi prend l’initiative d’envahir le pays d’Israël, bien probablement pour poursuivre vers le nord contre son ennemi héréditaire.
Le roi du Nord répond en levant une immense armée terrestre et navale, (comparée à une tempête) qui déferle vers le Midi. Jérusalem est envahie, plusieurs pays sont conquis et la progression atteint l’Égypte qui n’échappe pas au désastre (verset 41).
L’arrivée de l’armée du nord à Jérusalem avait déjà été prédite par ÉsaïeÉsaïe 28. 18 : ce sera un jugement sur les Juifs apostats (les hommes moqueurs). Mais, en fait, c’est la réponse personnelle de Christ (la vraie pierre éprouvée en Sion), à l’Antichrist qui s’était installé dans la sainte ville, pour dominer sur les infidèles.
Trois pays échappent au débordement des armées du nord : Édom, Moab et les fils d’Ammon (les descendants naturels d’Isaac et de Lot). Leur jugement doit être exécuté directement par IsraëlÉsaïe 11. 14 ; Ézéchiel 25. 7, 11, 14, et non par l’Assyrien.
Tout paraît réussir au roi du Nord qui s’empare de toutes les richesses de l’Égypte, et peut-être même du continent africain.
Mais ses insolents succès sont suivis de sa ruine soudaine et certaine. Des nouvelles effrayantes lui parviennent de l’orient et du nord. Est-ce, peut-être, le déferlement de l’armée de deux cent millions4 d’hommes des rois de l’orientApocalypse 9. 16 ? La montée d’ennemis intérieurs dans cet immense bloc de nations hétérogènes (l’empire du nord) est également facile à imaginer.
Confiant dans ses propres forces, le roi du nord retourne donc dans son pays, pour tenter de régler dans le sang le sort de tous ses ennemis. De passage dans la terre d’Emmanuel, il dresse son camp entre la Méditerranée (“la mer”), et la montagne de Sion à Jérusalem (“la montagne de sainte beauté”). Peut-être sera-ce dans la même plaine de Meguiddo, où doit avoir lieu le conflit5 des puissances occidentales avec le Seigneur de gloire et ses armées, à la bataille d’ArmagédonApocalypse 16. 16 ; 19. 11-18 ?
Là, sans aucun secours extérieur, “il viendra à sa fin” ; il sera jugé par Christ lui-même qui délivrera ainsi le peuple élu du second siège de JérusalemÉsaïe 14. 25 ; Michée 5. 5, 6 ; Zacharie 14. 2-4.
Non seulement, le roi du nord est anéanti, mais ses armées le sont avec lui ; il faudra une longue période (sept ans) pour purifier le pays d’Israël du souvenir des carnages qui auront accompagné cette scène de jugement guerrierÉzéchiel 39. 8-16.
C’est un moment assez obscur de l’histoire prophétique des derniers jours, et beaucoup de détails ne nous sont pas révélés. En particulier, l’Esprit Saint n’a pas jugé bon de nous permettre de coordonner complètement les prophéties de l’A.T. avec celles de l’Apocalypse. Elles sont toutes relatives à Christ et à sa gloire. Mais les premières se rattachent essentiellement à Israël au milieu des nations, tandis que les dernières montrent le sort de la chrétienté professante infidèle.