Dieu répond à l’ardente prière de Daniel, avant même qu’elle ne soit achevée. C’est ainsi que “les yeux de l’Éternel regardent vers les justes, et ses oreilles sont ouvertes à leur cri” Psaume 34. 16. Les paroles de supplication de Daniel montaient vers Dieu comme un parfum d’agréable odeur, comme le souligne la mention du “temps de l’offrande de gâteau du soir”. Chaque soir, à la neuvième heure, une offrande de gâteau était offerte pour accompagner l’holocauste continuelExode 29. 41, 42 ; c’était le moment où le sacrificateur entrait dans le sanctuaire pour apporter l’encens à l’autel d’orLuc 1. 10. L’heure du sacrifice (celle de la mort de Christ), était donc aussi celle du parfum et celle de la prière : “Que ma prière vienne devant toi comme l’encens, l’élévation de mes mains comme l’offrande du soir” Psaume 141. 2.
Pour Daniel, le temple à Jérusalem était détruit, et les sacrifices n’y étaient plus offerts ; toutefois, il se tenait devant Dieu en vertu de ce que les sacrifices représentaient pour Lui. L’efficacité de nos prières repose encore aujourd’hui sur ce que Christ est devant Dieu pour nous et sur la valeur de son œuvre.
Daniel avait déjà rencontré l’ange Gabriel au bord du fleuve Ulaï (8. 16, 17), pour recevoir l’interprétation de la vision. Les nouvelles révélations faites au prophète par Gabriel viennent en réponse à la prière de celui que Dieu déclare plusieurs fois être un “bien-aimé” (verset 23 ; 10. 11, 19). Il reste toujours vrai que “le secret de l’Éternel est pour ceux qui le craignent” Psaume 25. 14. Daniel devait être attentif à la vision : elle était essentielle pour connaître l’avenir du peuple terrestre de Dieu, en réponse à la supplication du prophète.
Il s’agit de semaines d’années1, couvrant donc une période de 490 ans : c’est la troisième période de l’histoire d’Israël sur la terre2.
La prophétie concerne uniquement les Juifs (“ton peuple”) et Jérusalem (“ta sainte ville”). Gabriel identifie l’un et l’autre avec Daniel pour montrer que Dieu avait eu pleinement égard à l’attitude de son serviteur qui s’associait au peuple coupable.
L’Assemblée n’est pas en vue dans ces passages ; elle n’est l’objet d’aucune prophétie. Elle est hors du temps et des circonstances du monde dans lequel elle vit, dans l’attente d’être recueillie au ciel, sa vraie destinée. La période de son histoire sur la terre se situe entre les versets 26 et 27.
Le terme de la période de 70 semaines (qui est encore à venir pour nous) sera marqué par sept événements remarquables, qui introduiront le royaume terrestre de Christ :
Clore la transgression : la loi ne sera plus transgressée par le peuple, car elle sera écrite dans son cœurJérémie 31. 33 ; en finir avec les péchés : la triste histoire du péché est close ; faire propitiation pour l’iniquité : l’iniquité d’Israël est pardonnéeÉsaïe 40. 2 ; introduire la justice des siècles : la justice éternelle de Dieu est introduite pour y régner, unie au jugementPsaume 94. 15 ; Ésaïe 51. 4-8 ; sceller la vision : toutes les visions prophétiques sont maintenant accomplies ; sceller le prophète : en particulier, les faux-prophètes seront ôtés du paysZacharie 13. 3, 4 ; oindre le saint des saints : la maison de l’Éternel sera à nouveau un lieu très saint, sanctifié pour y offrir les sacrificesÉzéchiel 43. 12, 20.
La pleine bénédiction du peuple et de la ville de Daniel doit être précédée par une longue période, divisée en trois parties : (1) sept semaines, (2) soixante-deux semaines, (3) une dernière semaine. Daniel devait y être attentif, comme nous du reste (verset 25).
Le commencement de la période est indiqué avec précision : le début de la reconstruction de la ville de Jérusalem (et non pas du temple), la vingtième année du règne d’Artaxerxès (année -455), sous NéhémieNéhémie 1. 1 ; 2. 1.
La première partie, de 7 semaines (49 ans), couvre les temps troublés où les Juifs ont rebâti la muraille et la ville, malgré l’opposition de leurs ennemis.
La deuxième partie, de 62 semaines (434 ans, soit 483 ans pour le total des deux parties), contient l’histoire silencieuse du peuple jusqu’à la venue du Messie. “Après” cette période, la mort de Christ est annoncée par cette solennelle expression : “le Messie sera retranché, et n’aura rien”. Effectivement, le Sauveur a été “retranché de la terre des vivants” Ésaïe 53. 8 ; Jérémie 11. 19.
“Le peuple du prince qui viendra” désigne les Romains, qui régnaient au temps de la première venue de Christ sur la terre. Environ 40 ans après la mort de Christ (cette ultime période de mise à l’épreuve du peuple juif), les armées romaines de Titus ont détruit la ville (Jérusalem) et le lieu saint (le temple rebâti par Esdras). Le Seigneur l’avait annoncé à ses disciples, Matthieu 24. 2 ; Luc 19. 43, 44. Dieu mettait ainsi un terme momentané à l’histoire de son peuple sur la terre.
“Jusqu’à la fin il y aura guerre, un décret de désolation” (verset 26). Ce passage laisse entrevoir ce que serait la terrible situation d’Israël dispersé parmi les nations et “Jérusalem foulée aux pieds par les nations jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplis” Luc 21. 24. Cette période d’épreuves du peuple juif se poursuit encore3.
A la fin de la 69e semaine, il faut interrompre la chronologie du temps, jusqu’au commencement de la dernière semaine. Cette parenthèse (la Parole n’en fixe pas la durée exacte) constitue la période de la grâce, dans laquelle nous vivons. Le mystère de l’endurcissement d’Israël s’y poursuitRomains 11. 25. Lorsque le Seigneur aura recueilli son Église auprès de lui dans le ciel, Dieu reprendra le cours de ses voies envers Israël et le monde.
La vision se poursuit donc par la révélation de temps encore entièrement futurs. “Et il confirmera une alliance avec la multitude pour une semaine”. C’est l’action du “prince qui viendra”, le chef de l’empire romain ressuscité, la première bêteApocalypse 13. 1-10. Sous la conduite de l’Antichrist, les Juifs incrédules (la multitude) établiront avec Rome une alliance profane appelée ailleurs “un pacte avec le shéol” Ésaïe 28. 15. La nation juive rebelle (“les hommes moqueurs qui gouvernent ce peuple qui est à Jérusalem”), s’imagine ainsi échapper au danger des armées du Nord. Ce grand ennemi de la fin est appelé “le désolateur” (verset 27), “le fléau qui inonde” Ésaïe 28. 15, 18, “l’Assyrien” Michée 5. 4, ou enfin, “le roi du Nord” (11. 40-45). Il a été annoncé symboliquement par l’action future de la petite corne orientale (8. 23-25). Mais Dieu annulera le pacte de ces hommes rebelles, pour faire tomber sur eux le jugement auquel ils tentaient d’échapper. Au milieu de la semaine, la bête romaine, avec l’appui de l’Antichrist, fera cesser “le sacrifice et l’offrande” dans le temple rebâti à Jérusalem. Le culte à l’Éternel sera remplacé par le culte idolâtre rendu à l’image de la bêteApocalypse 13. 15, appelée “l’abomination de la désolation” Matthieu 24. 15 ou “l’abomination qui désole” 4 (12. 11). Cette idolâtrie future se développera à l’instigation et sous la protection des autorités politique et religieuse ; elle provoquera les jugements divins (une désolation) par la verge de l’AssyrienÉsaïe 10. 5. Quel terrible moment de l’histoire d’Israël ! “L’abomination” (l’idolâtrie) cause “la désolation” (le jugement), par le moyen du “désolateur” (l’Assyrien), sur “la désolée” (c’est-à-dire Jérusalem). Le jugement est assimilé à “une consomption”, c’est-à-dire un acte de consumer (comme de brûler par le feu). Il s’accomplit selon un décret divin : c’est donc “une consomption décrétée” Ésaïe 10. 23. En reprenant d’autres termes de l’Écriture, on peut tenter d’exprimer la pensée : l’idolâtrie à Jérusalem attirera un jugement exercé par l’Assyrien qui consumera ses habitants. Le langage est certes difficile, mais on entrevoit pourtant le sens de la vision.