La troisième vision introduit sur la scène une nouvelle personne, venant avec les nuées des cieux. Semblable à un homme pour Daniel, nous le reconnaissons comme le Christ, le Fils de Dieu. Descendant du ciel, il est le Fils de l’homme, qui s’avance pour recevoir la domination éternelle et universelle sur la terre. Dans l’exposé de la vision, il est distingué de l’Ancien des jours, l’Éternel Dieu ; il sera identifié avec lui dans l’interprétation de la vision (verset 22). A sa demande, la domination lui est donnéePsaume 2. 8. Il l’accepte de la main de son Père, comme résultat de son abaissement à la croixPsaume 8. 5-10. A “la fin”, il remettra “le royaume à Dieu le Père” 1 Corinthiens 15. 24, 28. Ce sera l’état éternel. La pierre sans main a bien brisé toute la statue, en broyant tous les royaumes, pour devenir une grande montagne remplissant toute la terre (2. 35, 44).
L’effet de ces visions sur l’esprit de Daniel est immédiat et profond. Auparavant, il avait été rendu capable d’interpréter les songes ou les circonstances exceptionnelles des chefs des nations (Nebucadnetsar et Belshatsar). Maintenant, il reste interdit devant les visions qu’il a reçues. Par cet exemple, Dieu veut nous rappeler que toute révélation vient de lui seul, par le Saint Esprit1 Corinthiens 2. 9-12.
Daniel s’adresse donc à “l’un de ceux qui se tenaient là” (peut-être des anges) et Dieu lui répond promptement.
Les quatre bêtes sont vues comme surgissant de la terre (verset 17), alors que la première vision les montrait comme montant de la mer (verset 3). Pour recevoir le pouvoir, elles étaient bien sorties de la masse confuse des peuples (la mer) ; mais, par leur nature et leur conduite, elles appartiennent en fait à la terre (par opposition au ciel).
Pour la première fois, la place des “saints des lieux très-hauts” est mentionnée. Ils seront associés au “fils d’homme” (verset 13), qui a reçu le royaume éternel. Plus loin (verset 21), on verra le chemin de souffrance qui les a conduits à cette gloire avec Christ.
Qui sont ces saints ? En général, tous ceux qui ont la vie de Dieu, depuis la Pentecôte jusqu’à l’apparition de Christ en gloire. Ils ont connu toutes sortes de souffrances sur la terre, mais leur citoyenneté est du ciel. Leurs noms sont écrits dans les cieux, et ils appartiennent aux “lieux très-hauts”. En outre, ils reçoivent le royaume, pour le posséder. Le cantique nouveau chanté dans le ciel rappelle ce privilège : “ils régneront sur la terre” Apocalypse 5. 10.
L’importance de cette bête (dans l’histoire du monde et du peuple terrestre de Dieu) est telle que la première description (versets 7, 8) est répétée intégralement (versets 19, 20). Toutefois, une chose essentielle est ajoutée : la bête (l’empire romain) et la petite corne (son dernier chef) font la guerre à Dieu et aux siens (versets 21, 22). Il faudra l’intervention divine en jugement pour faire cesser cette guerre totale. L’homme voulait imposer la solution finale (détruire tout témoignage de Dieu sur la terre), mais Dieu répond par un jugement sans appel. Il s’associe ses témoins dans l’exercice de ce jugement (verset 22) Psaume 149. 5-9. Dans le passé, l’empire romain a été différent de tous ceux qui l’ont précédé (verset 23). Par un mélange d’absolutisme extrême et de démocratie, il a réussi à conquérir le monde en écrasant les nations et en les soumettant à sa volonté. Disparu à ce jour de la carte du monde, il renaîtra pour jouer un rôle essentiel aux derniers jours qui précèdent le règne de Christ. Ce long intervalle d’absence se place entre les versets 23 et 24. Lorsqu’il réapparaîtra (dans un temps à venir qui n’est pas connu avec certitude), son gouvernement comprendra dix royaumes en Europe occidentale (les dix cornes symbolisent leurs dix rois : verset 24), confédérés sous une tête impériale unique. C’est “l’autre roi”, différent des premiers, “la petite corne” (versets 8, 20, 21), qui s’emparera du pouvoir suprême en écrasant trois des dix rois. L’analogie avec les prophéties de l’Apocalypse montre clairement qu’il est identique à la première bête vue comme sortant de la mer.
Trois choses sont dites de lui pour décrire son caractère moral (verset 25) :
Dieu intervient en jugement devant ce débordement de mal, pour manifester sa gloire, et délivrer ses élus.
“Et le jugement s’assiéra” (verset 26). La séance de jugement est certaine (verset 10), mais sa réalisation est encore future. Le même jugement judiciaire atteint l’empire entier et son chef politique. Le royaume millénaire était promis au Fils de l’homme (Christ) dans la troisième vision (verset 14). Investi du pouvoir, il doit recevoir le royaume de son Père, l’Ancien des jours. Dans l’interprétation des visions, le “peuple des saints des lieux très-hauts” lui est maintenant associé (verset 27).
Différentes classes de saints sont mentionnées dans le chapitre :
Ici, les “saints” sont ceux des “lieux très-hauts”. Dieu lui-même prend le titre de Dieu Très-Haut (verset 25). Les lieux très-hauts désignent une sphère céleste, par opposition à la terre, où tous les événements des visions se déroulent (persécutions, jugement ou règne). Cette grande vision était révélée à Daniel peu de temps avant la chute du premier empire, dont la splendeur subsistait encore.
On comprend le profond désarroi du prophète devant le rouleau de l’avenir qui passe devant ses yeux étonnés. Sa faiblesse humaine en face de l’immensité des révélations divines est signalée plusieurs fois dans le livre (verset 28 ; 8. 27 ; 10. 17).
Daniel pouvait-il anticiper les souffrances du peuple de Dieu, qu’il aimait si profondément ? Ce peuple qui mettrait le comble à son aveuglement en s’unissant à l’oppresseur romain pour mettre à mort son Messie (9. 26) !