Toutes les exhortations de l’apôtre découlent maintenant du grand fait que, puisque Christ est mort et ressuscité, tous les croyants sont à la fois morts et ressuscités avec lui. Nous pouvons et devons réaliser par la foi que la position de Christ est la nôtre, à la fois sur la terre maintenant1 Jean 4. 17 et dans le ciel en espérance (3. 1). Voici quelques aspects de cette vérité, qui vont être développés par l’apôtre dans cette partie de sa lettre :
La première conséquence de notre mort avec Christ est de nous préserver des dangers de l’ascétisme1. La doctrine des docteurs judaïsants conduisait à juger les autres et à les culpabiliser (verset 16). Les gnostiques, qui prônaient le mysticisme, dérobaient à leurs adeptes éventuels la juste récompense de leur carrière chrétienne (verset 18). Enfin, les tenants de l’ascétisme cherchaient à imposer des règles, et privaient ainsi les chrétiens de leur joie et de leur liberté en Christ (verset 20). Tous étaient dans l’erreur, et leurs attaques devaient être repoussées par le chrétien. Dans les trois cas, il s’agit d’une ingérence de l’homme dans le domaine de la conscience, qui conduit à l’esclavage, au lieu de la dépendance de Dieu et de son Esprit.
Tout système humain qui se fonde sur le fait que l’homme naturel en vie sur la terre possède les moyens d’établir des relations avec Dieu est voué à l’échec. En effet, par nature, l’homme est mort devant Dieu (verset 13) et, comme tel, il ne peut avoir de rapports avec lui. Mais, par sa mort avec Christ, le croyant est désormais mort au monde et à tout son système. Il ne vit plus de la vie du vieil homme sur la terre.
Dans une seule phrase principale et cinq propositions incidentes, l’apôtre présente une grande concentration d’enseignements moraux. Essayons d’identifier les unes et les autres pour mieux saisir le sens général.
D’abord, la phrase principale sans les parenthèses : “Si vous êtes morts avec Christ aux éléments du monde, pourquoi (1) établissez-vous des ordonnances, (2), (3), selon les commandements et les enseignements des hommes, (4), (5), pour la satisfaction de la chair ?”
Ensuite, les cinq propositions incidentes :
Les ordonnances, c’est-à-dire les principes moraux à caractère légal, ont toutes une source humaine (et non divine) : elles sont établies selon les enseignements et les commandements des hommes. Elles ignorent le fait que le croyant est mort au monde et à “ses éléments” c’est-à-dire ses objets, ses buts et tous ses principes.
Ce sont plutôt des restrictions et des défenses (“ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas !”), que des instructions positives. Même celles-ci n’ouvriraient pas la porte au bonheur.
En outre, le domaine d’application des ordonnances est la terre ; aussi se rattachent-elles à des objets temporaires et même éphémères (“destinées à périr par l’usage”). Ce sont des choses terrestres et corruptibles, par opposition aux vraies valeurs spirituelles et éternelles du chrétien.
Les pratiques ascétiques présentent quatre autres caractères :
Sous le couvert d’une apparence de sincérité et d’humilité, la satisfaction de la chair est le ressort profond de toutes ces pratiques ascétiques.
Les exhortations qui précèdent découlent du fait que le croyant est mort avec Christ. Celles qui suivent se rattachent au fait également important que le chrétien est aussi ressuscité avec Christ.