L’apôtre avait déjà adressé deux avertissements aux Colossiens : “Que personne ne vous séduise par des discours spécieux” (verset 4) et, “Que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie” (verset 8).
En reprenant l’exposé des dangers qui les guettaient, Paul montre maintenant les résultats de l’œuvre de Christ pour libérer le croyant des différents jougs qui l’asservissent. Il adresse à cette occasion deux autres avertissements :
“Que personne ne vous juge” (verset 16). Il s’agit d’abord des ordonnances légales : c’est l’aspect juif des dangers.
“Que personne ne vous frustre du prix du combat” (verset 18). Il traite ensuite de la philosophie et des traditions humaines : c’est l’aspect gnostique des dangers.
En résumé, la vraie sécurité est de rester ensemble fermement attachés à Christ, la Tête du corps (verset 19).
Cinq classes d’ordonnances légales sont mentionnées : celles qui concernent la nourriture, la boisson, les fêtes, la nouvelle lune et les sabbats. Toutes ces choses matérielles, comme le montre l’épître aux Hébreux, sont une ombre des “choses à venir”, célestes et encore futuresHébreux 8. 5 ; 10. 1. Mais la substance de ces choses, “le corps”, découle de Christ.
Les docteurs judaïsants voulaient donc non seulement imposer les rites de la loi de Moïse aux chrétiens, mais ils y ajoutaient encore d’autres prescriptions, liées à la tradition. Les mêmes dangers guettaient les GalatesGalates 4. 10. La chrétienté n’a pas échappé à ce piège, en reprenant des pratiques juives et en y ajoutant des fêtes de sa propre invention, comme Jéroboam autrefois1 Rois 12. 33. La liturgie, la pompe extérieure sont autant de choses qui éloignent les âmes de “la simplicité quant au Christ” 2 Corinthiens 11. 3.
Le sabbat, figure du repos de Dieu dans la première création, est aujourd’hui mis de côté comme obligation légale. L’Écriture montre que, maintenant, le souvenir de la mort et de la résurrection du Seigneur est célébré le premier jour de la semaine, le dimancheJean 20. 19, 26 ; Actes 20. 7. Imposer à nouveau le respect d’un sabbat (de jours ou d’années) aux chrétiens, comme le font certains milieux religieux, c’est les placer à nouveau sous le joug des ordonnances.
Le chrétien fidèle à Christ se garde de ces choses et ne permet à personne de le “juger”, c’est-à-dire de lui imposer des règles humaines, qui porteraient atteinte à sa liberté en Christ. Réciproquement, nous sommes exhortés à la modération dans les jugements que nous portons sur la conduite et les habitudes de vie de nos frèresRomains 14. 4-8.
L’autre danger était que les croyants soient privés du prix de la course chrétienne1 Corinthiens 9. 24, en se laissant entraîner par les funestes influences de faux docteurs qui prêchaient en particulier le culte des anges. Tout enseignement contemporain qui tend à placer des intermédiaires entre les âmes et Christ (croyants canonisés par exemple) procède du même principe délétère que la philosophie gnostique.
Sous une apparence d’humilité qui cachait un fol orgueil, certains prétendaient sonder le monde invisible et pénétrer les secrets du ciel, en se plaçant à leur propre gré en relation directe avec les anges. Les saints anges de Dieu, créatures célestes d’un ordre plus élevé que les humains, sont des esprits administrateurs et des serviteurs de DieuPsaume 103. 20. Ils ne peuvent être l’objet de notre hommage. L’apôtre Jean lui-même est mis en garde par deux fois contre ce dangerApocalypse 19. 10 ; 22. 8, 9. Tout hommage revient à Dieu seulDeutéronome 6. 13 ; Matthieu 4. 10. Satan et les anges déchus peuvent convoiter les hommages des hommes. Quel aveuglement ! Mais ils ont été vaincus à la croix par l’homme Christ Jésus (verset 15).
Les pratiques de méditation transcendantale d’origine orientale, et les formes diverses d’occultisme, constituent la version actuelle des dangers gnostiques. Le mystère d’iniquité2 opérait déjà du temps des apôtres2 Thessaloniciens 2. 7 ; à combien plus forte raison aujourd’hui ! Il inondera le monde après l’enlèvement de l’Église pour polluer toutes les sources des pensées des hommes et envahir la chrétienté apostateApocalypse 17. 5 ; 18. 2.
En s’adonnant au culte des anges, on reniait aussi en pratique l’union des croyants avec Christ, la Tête du corps. Christ est au-dessus des anges et tous les croyants sont unis à lui dans le ciel. Il ne peut y avoir aucun intermédiaire entre lui et le chrétien.
Chaque membre du corps de Christ, uni à la Tête, reçoit d’elle la vie et la nourriture spirituelle. Participant ensemble des mêmes ressources et des mêmes grâces, tous les membres sont ainsi bien unis ensemble en un seul corps. Les différentes parties du corps ne s’isolent pas ; elles croissent ensemble d’un même accroissement divin. La ruine présente de l’Église sur la terre ne montre pas en pratique ce dessein divin. Néanmoins, nous avons à nous appliquer à en réaliser quelque chose collectivement, malgré notre faiblesse.
Jusque là, l’apôtre a jugé tout le système judéo-gnostique, au regard de l’œuvre de Christ, de la puissance de sa mort et de sa résurrection, et de l’union des croyants avec lui dans le ciel. Il va maintenant en tirer les conséquences pratiques du point de vue de la position des chrétiens sur la terre.