Paul était en prison, apparemment écarté d’un service public, auquel il avait consacré toute sa vie et toute son énergie. Pendant les longues journées (et les nuits plus longues encore) de sa solitude, il priait pour tous les saints. C’était ainsi que s’exprimait sa “sollicitude pour toutes les assemblées” 2 Corinthiens 11. 28.
La Parole a conservé pour notre méditation attentive quatre prières remarquables de l’apôtre : deux pour les ÉphésiensÉphésiens 1. 16-23 ; 3. 14-21, une en faveur des PhilippiensPhilippiens 1. 9-11, et une pour les Colossiens (versets 9-14).
Pour les Éphésiens qui sont déjà vus comme spirituellement assis dans les lieux célestes, il demande à Dieu que les yeux de leur cœur soient éclairés pour comprendre les desseins divins, et la puissance qui les mène à bonne fin (c’est le thème de sa première prière, de caractère objectif). Il demande ensuite au Père que les Éphésiens entrent dans la jouissance effective de ces merveilles, dont le centre connu est l’amour de Christ (tel est le sujet de sa deuxième prière, de caractère subjectif).
Dans sa sollicitude pour les Philippiens, Paul désire que leur amour abonde, qu’ils discernent les choses excellentes et qu’ils portent le fruit de la justice pour la gloire de Dieu.
Après avoir rendu grâces à Dieu pour le bien produit chez les Colossiens, l’apôtre présente à Dieu leurs besoins spirituels. L’expression : “C’est pourquoi” montre bien que les demandes de l’apôtre découlent de ce qu’il a dit précédemment. Paul demande quatre choses pour eux :
Les Colossiens sont encore vus comme marchant sur la terre1 ; aussi Paul demande-t-il pour eux que les ressources divines leur soient données pour régler leur marche. Pour cela, ils doivent connaître la volonté de Dieu. Celle-ci se découvre dans la communion intime avec Dieu, que le Saint Esprit entretient dans notre âme. Le chrétien ne marche pas sur la terre en se soumettant à des “commandements et des enseignements des hommes”, qui ont seulement “une apparence de sagesse” (2. 22, 23). Au contraire, il reçoit ses instructions directement de Dieu, par le secours de sa ParoleJean 17. 17, 19 qui agit en lui (3. 16).
Cette connaissance de Dieu, qui doit “remplir” le croyant et rayonner dans son être intérieur, est “en toute sagesse et intelligence spirituelle”. La sagesse divine, qui est Christ lui-même1 Corinthiens 1. 30, nous donne le discernement spirituel des choses, et l’intelligence (spirituelle aussi) ; la connaissance de la volonté de Dieu dirige alors les circonstances de notre vie chrétienne sur la terre.
Si nous demandons avec Job : “La sagesse, d’où vient-elle ? et où est le lieu de l’intelligence ?” Dieu nous répond : “Voici, la crainte du Seigneur, c’est là la sagesse, et se retirer du mal est l’intelligence”. Tel est le sûr moyen pour découvrir ce “sentier que l’oiseau de proie ne connaît pas, et que l’œil du vautour n’a pas aperçu” Job 28. 7, 20, 28. Le but pratique de cette première demande de Paul est donc de régler la conduite des Colossiens (et de tous les croyants) au diapason de leur espérance céleste.
La mesure de la marche chrétienne est donc qu’elle soit “digne du Seigneur” (verset 10). Comme souvent dans cette épître, les vérités sont rapportées à Christ, notre vie (3. 4). D’autres épîtres présentent des aspects différents du mobile de la marche du croyant sur la terre Elle doit être :
Si nous nous appliquons à plaire au Seigneur, nous porterons aussi du fruit pour lui. Nous grandirons dans la connaissance de Dieu lui-même, et non seulement dans la connaissance de sa volonté. Le fruit confirme l’existence de la vie divine en nous, qui est Christ. Quelques caractères de ce fruit, en toute bonne œuvre, sont détaillés dans les exhortations pratiques de l’épître (3. 12-17).
Pour réaliser ces choses et faire des progrès, il faut une force spirituelle et non humaine. La connaissance de Dieu nous révèle que cette force est en lui ; elle vient d’en haut, du lieu même de la gloire, où la puissance de Dieu a placé Christ, après l’avoir ressuscité d’entre les mortsÉphésiens 1. 1, 20.
Cette puissance divine infinie est vue comme détenue par Christ, qui la confie au croyant sur la terre. Le langage de l’apôtre est ici particulièrement fort : “fortifiés en toute force” 4, la “puissance de sa gloire” (ou sa glorieuse puissance), “toute patience”. Il n’y a aucune limite aux effets de cette puissance divine. Comment peut-elle s’exercer dans de faibles créatures comme nous ? Précisément par l’opération de la puissance de Christ, celle-là même qui fortifiait son apôtre en toutes choses, même dans ses liensPhilippiens 3. 21 ; 4. 13.
La force est donnée pour la patience et la constance5. Il ne s’agit pas d’accomplir de grandes actions d’éclat devant les hommes, mais de tenir ferme dans le chemin de la foi. La patience n’est ni de l’indifférence, ni de la résignation, ni du fatalisme ; mais elle exprime la vraie force morale pour attendre de Dieu seul la délivranceLamentations de Jérémie 3. 26. Peut-être celle-ci n’arrivera-t-elle qu’au retour du SeigneurJacques 5. 7.
“Avec joie” : et pourtant, dans ce chemin de patience et d’endurance, la joie du ciel nous est promise au milieu des souffrances. C’est la joie même de Christ, que personne ne peut nous ôterJean 15. 11 ; 16. 22-24 ; 17. 13. C’est ainsi que se complète le beau tableau moral de la vie de Christ révélée dans les siens sur la terre.