Ces deux paragraphes (versets 2-4 et versets 5, 6) contiennent des exhortations de caractère plus général, en rapport avec la prière, et les relations du chrétien avec les gens du monde.
La prière maintient les relations de notre âme avec Dieu, dans le sentiment de notre dépendance de lui. Persévérer dans la prière et veiller en elle suppose un engagement constant du cœur. Le trône de la grâce est toujours accessible à la foi dans les temps de détresse, pour y trouver le secours, et Dieu ne méprise jamais la prière de l’affligéPsaume 34. 7 ; 102. 19. Mais l’exhortation de l’apôtre va bien au-delà ; le chrétien, séparé de cœur du monde, s’entretient avec Dieu de ce qui regarde sa gloire. La communion avec lui nous donne l’intelligence pour combattre par la prière, non plus seulement pour nous-mêmesÉphésiens 6. 18, mais pour les autres, comme le faisait Épaphras (verset 12).
La vigilance est demandée dans le service de la prière. Dans le jardin de Gethsémané, le Seigneur avait dit aux disciples et à Pierre : “Veillez et priez” Matthieu 26. 41 ; et, sur le moment, ils n’avaient pas su répondre à la demande de leur Maître. Mais plus tard, Pierre, pleinement restauré dans son cœur et conscient de la valeur et de la nécessité de la prière, exhortera les autres : “Veillez pour prier” 1 Pierre 4. 7.
Les actions de grâces accompagnent naturellement les demandesPhilippiens 4. 6. Nos cœurs ne sont-ils pas souvent plus prompts à crier à Dieu pour la délivrance, qu’à le remercier pour sa merveilleuse bonté envers nous et pour sa fidélité à répondre à nos besoins ?
Un sujet de prière tenait particulièrement au cœur de Paul : le service de l’évangile et la révélation du mystère de Christ. L’apôtre demande le secours des prières des Colossiens à cet égard, exactement comme il le demandait des Éphésiens1. Réciproquement, Paul priait sans cesse pour tous les saints, assiégé par la sollicitude pour toutes les assemblées2 Corinthiens 11. 28.
Paul ne demandait pas que la porte de sa prison lui soit ouverte, ni qu’il soit libéré de ses liens, mais plutôt que Dieu lui ouvre une porte pour l’évangile. Pour lui, les chaînes et l’opprobre de sa prison faisaient partie des souffrances de l’évangile2 Timothée 1. 8 ; mais il rendait grâces de ce que la parole de Dieu, elle, n’était pas liée2 Timothée 2. 9. Dieu a répondu au désir de l’apôtre, selon le témoignage de la fin du livre des ActesActes 28. 30, 31.
La prédication de l’évangile déclarait la bonne nouvelle du salut par la foi en Christ ; mais c’était aussi la révélation d’un mystère2, “le mystère du Christ”, dont l’apôtre avait déjà parlé (1. 26, 27). Longtemps perdue de vue par une Église assoupie dans ce monde, la portée pratique de cette révélation divine a été remise en lumière par la miséricorde de Dieu au début du 19e siècle. Que le Seigneur nous accorde la grâce de mettre notre marche collective plus en harmonie avec sa propre pensée à l’égard de son assemblée !
Les chrétiens sont maintenant exhortés à marcher dans la sagesse envers ceux de dehors.
Le “dehors” ici désigne le monde, qui comprend ceux qui n’ont pas la vie de Dieu. Par opposition, le “dedans” est le cercle qui inclut tous ceux qui appartiennent à Dieu. Tous ceux qui n’ont pas la vie de Dieu seront en “dehors” de la sainte cité, pour connaître les tourments éternelsApocalypse 21. 8 ; 22. 15.
L’apôtre Paul emploie aussi le mot “dehors” pour désigner le domaine dans lequel Dieu exerce directement son gouvernement, par contraste avec le “dedans”, le cercle où les chrétiens sont responsables collectivement de maintenir les droits du Seigneur, le Saint et le Véritable1 Corinthiens 5. 12, 13. La portée de cette dernière expression est donc plus restreinte que dans l’exhortation aux Colossiens. En rapport avec la discipline ecclésiastique, le “dedans” est donc le cercle où s’exprime en pratique l’unité du corps de Christ à la table du Seigneur. Un homme exclu comme méchant peut être placé de façon temporaire en dehors de ce cercle ; il est alors “dehors”, mais sans cesser d’être dans la maison de Dieu sur la terre, en tant que membre du corps de Christ. Il aura donc aussi sa part dans la sainte cité pour l’éternité.
Les chrétiens sont laissés sur la terre pour être des témoins pour Christ devant les gens du monde (“ceux de dehors”), qui les observent avec lucidité, pour tenter de les prendre en faute. La sagesse envers eux est donc de marcher d’une manière irréprochable1 Pierre 3. 16 ; 4. 15, 16. Le chrétien pourra alors saisir toutes les occasions pour parler de Dieu et de son amour. Saisir l’occasion, c’est aussi racheter le tempsDaniel 2. 8 ; Éphésiens 5. 16. En effet, le temps de la grâce est compté pour le monde, c’est un temps difficile, court1 Corinthiens 7. 29 et aucune occasion de présenter Christ ne doit être négligée.
A l’esprit de grâce, toujours en activité, doit s’associer le “sel”, symbole de l’énergie qui juge le mal pour s’en séparer. L’équilibre est ainsi maintenu entre les besoins profonds du cœur et la voix de la conscience, entre la grâce et la vérité, complètement et parfaitement révélées et manifestées par Jésus Christ. C’est la base de la paix entre les croyantsMarc 9. 51, la paix du Christ (3. 15), que le Seigneur de paix désire nous donner2 Thessaloniciens 3. 16.
L’enseignement doctrinal et les exhortations pratiques qui en découlent se terminent ainsi par cet appel à savoir comment répondre aux hommes du monde, dans un esprit de grâce et de vérité.