La chute de “Babylone la grande” avec ses conséquences est l’événement qui est le plus longuement décrit dans le livre de l’Apocalypse1. Elle fait l’objet d’une nouvelle vision introduite par l’expression “après ces choses” qui marque des transitions dans ce livre. Cela souligne l’importance de l’événement qui est proclamé avec éclat par “un autre ange, descendant du ciel, ayant un grand pouvoir ; et la terre fut illuminée de sa gloire”. On peut, sans doute, reconnaître Christ lui-même dans cette description, comme précédemment (8. 3 et 10. 1).
Cette chute est aussi célébrée avec joie dans le ciel (verset 20) comme prélude à l’introduction du règne du “Seigneur, notre Dieu, le Tout-Puissant” (19. 1-6). Tant dans le ciel que sur la terre, cet événement a plus d’importance que la destruction de la Bête et du faux prophète qui suivra peu après (19. 20) ; elle démontre que les jugements que Dieu doit exécuter pour sa propre gloire et pour la délivrance des fidèles sont “véritables et justes”.
La proclamation exceptionnelle de la destruction de Babylone nous fait comprendre quelle offense pour Dieu représentent l’existence et l’activité de cette ville. La description de son état le confirme :
L’appel retentit maintenant à l’adresse de ceux que Dieu nomme “mon peuple” : “Sortez du milieu d’elle”, afin d’échapper au jugement qui va l’atteindre. On pourrait être surpris qu’il se trouve encore des fidèles en son sein au moment où elle va être jugée, puisque les croyants de la période chrétienne auront déjà été enlevés, mais il faut se souvenir qu’il y a des croyants dans tous les temps. Pendant la période qui sépare l’enlèvement des saints de l’établissement du royaume de Christ en gloire, l’évangile du royaume sera prêché et beaucoup le recevront et seront persécutés. Plusieurs pourront être temporairement trompés par l’apparence de cette “Église” grandiose et penser s’y abriter. Ils sont appelés à s’en retirer.
Cet appel : “Sortez du milieu d’elle” fait écho à celui que Dieu adressait aux Israélites avant la destruction de la Babylone historiqueJérémie 51. 45. Il ordonne à ceux qui font partie du “peuple de Dieu” dans tous les temps, quoique dans des circonstances bien différentes, de sortir d’un système religieux infidèleÉsaïe 52. 11 ; 2 Corinthiens 6. 17 ; Hébreux 13. 13. D’une façon générale, Dieu demande de se séparer des péchés et de la souillure ; ici l’appel souligne l’urgence pour échapper au jugement, aux plaies qui vont tomber sur Babylone.
L’expression “donnez-lui le double, selon ses œuvres” est caractéristique du jugement terrestre que Dieu exerce sur un ensemble social, une ville, une nationÉsaïe 40. 2 ; Jérémie 16. 18 ; Zacharie 9. 12. Elle sera châtiée par les mêmes peines, mais de façon aggravée, que celles qu’elle a fait subir au peuple de Dieu : plaies, mort, deuil, famine, destruction par le feu. Le commandement donné au verset 6 paraît s’adresser aux agents du gouvernement de Dieu, peut-être ici les cornes, les rois de la terre sur qui elle a dominé. Le jugement s’effectuera en deux phases : Babylone sera d’abord haïe et agressée par les dix cornes, puis frappée directement par Dieu à la fin (17. 16-18 ; 18. 20).
Ce jugement est la punition de l’orgueil impie que cette femme2 a manifesté : elle s’est glorifiée dans les délices de son luxe et la grandeur de son élévation, s’affirmant comme celle qui doit régner seule, sans dépendre d’un mari, d’une autorité. Elle assume en cela le caractère de la fausse Église qui a renié sa dépendance de Christ, le Chef de l’Église, pour régner seule sur la terre, alors que Christ, le seul vrai Roi, est absent et rejeté. Les premiers signes de ce mal sont déjà signalés parmi les premiers chrétiens1 Corinthiens 4. 7-9.