Bien qu’elles soient étroitement associées au moment où Jean les voit, la femme et la Bête doivent être bien distinguées l’une de l’autre. La femme, la prostituée, a été vue dès le début du chapitre comme assise sur beaucoup d’eaux, et le verset 15 nous en donne l’explication : son influence s’exerce sur “des peuples et des foules et des nations et des langues”, alors que la Bête a réuni en sa main le pouvoir des dix rois confédérés. Il semble que le pouvoir de la femme soit d’une autre nature. D’un côté, elle se sert de la puissance civile et militaire de la Bête qu’elle domine ; d’un autre côté, elle exerce sa propre influence, moralement, sur tout ce qui constitue la vie intellectuelle, les communications et les liens qu’un grand nombre de peuples ont établis entre eux pour gérer leurs intérêts communs. De plus, elle est assise et paraît disposer d’une solidité qui s’appuie sur d’anciennes structures. Elle croit à sa pérennité et s’en glorifie, comme on le voit plus loin (18. 7). Mais c’est bien illusoire, comme tous les caractères qu’elle affiche avec ostentation.
Nouvelle surprise pour celui qui contemple cette vision. Alors qu’une harmonie et une unité complètes paraissent lier la femme avec la Bête sur laquelle elle est assise, et ses dix cornes, la scène change brusquement : les dix cornes et la Bête se retournent contre la femme pour la détruire. Il semble que l’initiative en revienne plutôt aux cornes qu’à la Bête qui se joint à elles et les y aide. Cela ne se produit pas en un moment. La femme est d’abord haïe, peut-être en secret puis de façon de plus en plus ouverte. Elle est progressivement délaissée (rendue déserte), puis dépouillée de ses attributs et rendue méprisable (nue). Ses ennemis s’approprient ses biens et la détruisent par morceaux (ils mangent sa chair) puis par pans entiers jusqu’à la détruire (ils la brûlent au feu). Ce revirement spectaculaire et inattendu trouve alors son explication : une nouvelle fois, en croyant affirmer leur volonté et leur puissance, les hommes et leurs associations ne feront qu’accomplir, à leur insu, ce que Dieu s’est proposé et qu’il a déclaré à l’avance. Les dix cornes accompliront les paroles de Dieu de deux façons :
Le chapitre 17 présente Babylone la grande sous la forme d’une femme, la grande prostituée. Ce terme correspond à son caractère de système religieux corrompu et corrupteur. D’autres exemples se trouvent dans l’Écriture : Ohola et OholibaÉzéchiel 23 ; Jésabel (2. 20) 1 Rois 21. 25, 26. Au dernier verset, l’ange identifie cette femme avec “la grande ville qui a la royauté sur les rois de la terre”. Cela confirme le caractère dominateur de celle à qui les dix rois remettent leur pouvoir, et l’étendue de son influence. Cela fait aussi comprendre la gravité de l’ébranlement consécutif à sa chute qui est décrit au chapitre 18.
Plus nous considérons les caractères de Babylone, femme prostituée et grande ville, plus nous apercevons en elle l’antithèse de celle qui est présentée au chapitre 21 : “la sainte cité, nouvelle Jérusalem… préparée comme une épouse pour son mari” (verset 2), “l’épouse, la femme de l’Agneau” (verset 9). Avant que celle-ci, qui est l’Église ou l’Assemblée, soit présentée publiquement, il faut que la fausse Église soit entièrement détruite sur la terre.
Le tableau de la page suivante montre les traits qui soulignent le parallélisme et les contrastes.