La Bête que voit Jean, celle qui porte la femme, c’est celle qu’il avait déjà vue montant de la mer, “qui avait dix cornes et sept têtes, et sur ses cornes dix diadèmes, et sur ses têtes des noms de blasphème” (13. 1). Ici elle monte de l’abîme : est ainsi montrée l’origine diabolique de sa réapparition et de sa puissance. Elle avait existé, puis elle avait été frappée à mort, mais sa plaie mortelle guérie, elle a repris vie et reparaît, admirée par toute la terre. Le paragraphe suivant nous montrera qu’elle est le chef de l’empire romain, reconstitué après avoir disparu pendant plus de quinze siècles1. Sa réapparition sera un sujet d’étonnement et d’admiration servile pour “ceux qui habitent sur la terre”, ceux qui n’ont pas la vie divine, “dont les noms ne sont pas écrits dès la fondation du monde dans le livre de vie” (comp. 13. 8).
L’ange donne de l’image des sept têtes une double explication qui donne la signification de la prophétie et permet de situer la Bête géographiquement et historiquement :
On pourrait aussi y voir un ensemble de puissances qui donneront leur pouvoir à la Bête, mais c’est plutôt l’image des cornes qui correspond à cela (verset 13).
On pourrait s’étonner de considérer cette puissance impériale, qui s’opposera à Christ quand il viendra établir son règne, comme une renaissance de l’empire romain plutôt que comme puissance nouvelle issue de la compétition ou des alliances des nations modernes. En effet, c’est Dieu qui dispose de tout selon ses desseins, même s’il laisse, pendant assez longtemps, les hommes et les nations poursuivre leurs propres ambitions. Or, l’Éternel, Dieu, avait établi son trône à Jérusalem et il châtie Israël désobéissant et idolâtre, en lui retirant son trône, pour confier le pouvoir universel sur la terre à Nebucadnetsar et à ses successeurs. Il a révélé à Daniel que quatre empires se succéderaient jusqu’à ce que soit établi le règne du Messie : “Et, dans les jours de ces rois, le Dieu des cieux établira un royaume qui ne sera jamais détruit ; et ce royaume ne passera point à un autre peuple ; il broiera et détruira tous ces royaumes, mais lui, il subsistera à toujours” Daniel 2. 44. Quelles que soient les péripéties de l’histoire, Dieu les résume selon le dessein qu’il a formé et annoncé d’avance. Le dernier empire universel sera donc un rétablissement pour un temps du “quatrième royaume” Daniel 7. 23, l’empire romain, qui doit être détruit pour faire place au royaume de Christ.
Les dix cornes sont dix rois qui représentent dix nations étroitement alliées (ils ont une seule et même pensée). D’abord pourvus d’autorité, ils l’exercent un temps (une heure) avec la Bête. Ils constituent sans doute ensemble la septième puissance. Puis, ils abdiquent leur autorité et mettent leur puissance à la disposition de la Bête qui domine seule et constitue la huitième puissance qui est en fait la réapparition de la forme impériale romaine. Ces rois paraissent conserver leur identité, quoiqu’ils aient remis tous leurs pouvoirs à la Bête. Celle-ci les rassemblera finalement avec leurs armées “pour le combat de ce grand jour de Dieu le Tout-Puissant” (16. 14), pour combattre contre l’Agneau, dernier effort de Satan et de ses instruments pour s’opposer à Christ venant établir son règne.
L’Agneau les vaincra, il sera enfin publiquement manifesté comme “le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs”. Aucune confédération de rois et d’armées ne pourra tenir devant lui quand il sortira du ciel pour juger et combattre en justice (19. 11, 16). Il est souligné ici que “ceux qui sont avec lui, appelés et élus et fidèles” sont associés à la victoire de l’Agneau (comp. 19. 14). Quel encouragement pour la foi, de savoir que Dieu, quelles que soient les prétentions des peuples et de leurs dirigeants, garde ainsi le contrôle de tout et que Christ sera bientôt manifesté en puissance et en gloireColossiens 3. 4 !