Sensible aux marques d’amour de ceux qui l’accompagnent, David reprend courage et organise son armée. L’avance qu’il avait acquise grâce au conseil d’Hushaï lui permet d’en augmenter l’importance : de quelques centaines (15. 18), elle passe à plusieurs milliers (18. 1). Divisée en trois corps, elle est placée sous la direction des deux fils de Tséruïa et d’Itthaï le Guitthien, qui avait manifesté son attachement à David, et auquel celui-ci accorde maintenant toute sa confiance. Ainsi, le Seigneur peut confier un service à ceux qui s’attachent par amour à sa personne.
Dans un cas antérieur, David était resté à Jérusalem, alors qu’il aurait dû prendre la tête de son armée (11. 1). Maintenant, il veut monter personnellement au combat (verset 2). La réponse du peuple exprime un bel élan de cœur envers leur roi : “tu es comme dix mille d’entre nous” (verset 3). Cette même sollicitude se confirmera plus tard (21. 17). Avant la bataille, David pense à son fils Absalom. Certes, il avait montré envers lui une faiblesse coupable et ne l’avait pas discipliné. Mais quelle tendresse est contenue dans cette seule recommandation aux trois chefs de l’armée : “Usez-moi de douceur envers le jeune homme, Absalom” ! (verset 5). A l’image de son Dieu, lent à la colère et grand en bonté, David est encore prêt à pardonner. Quel tableau de la profondeur de l’amour de Dieu pour le pécheur coupable !
Malgré son nom, la forêt d’Éphraïm où a lieu la bataille, était située à l’est du Jourdain qui n’avait été franchi à nouveau ni par l’une ni par l’autre des deux armées de David et d’Absalom. L’armée de David est victorieuse, malgré son effectif certainement bien inférieur à celui d’Absalom. Il ne pouvait en être autrement car l’Éternel était avec David, et il était contre Absalom. Mais quel carnage, qui coûte inutilement la vie à vingt mille hommes ! Dieu manifeste sa réprobation contre ce combat fratricide, en permettant que la forêt soit plus meurtrière que le combat lui-même.
Puis vient la triste fin d’Absalom. La mule qu’il montait (symbole de sa propre folie) continue son chemin et laisse son cavalier suspendu entre ciel et terre, incapable de se libérer tout seul. Son opulente chevelure, objet de sa vanité, devient l’instrument de sa perte.
Un homme le découvre et se garde de porter la main sur lui, conformément au désir du roi, connu de tous. Mais Joab reste insensible à cette leçon de droiture et d’obéissance. Peu lui importait la douleur de David. Dominé par ses passions, ayant été humilié par Absalom, il devient une fois de plus meurtrier pour donner libre cours à sa haine.
La mort violente du fils révolté met fin à la conjuration contre le roi (verset 17). Absalom n’aura même pas les honneurs funèbres ; une grande fosse recouverte d’un monceau de pierres reçoit sa dépouille. Bien des années auparavant, il avait pourtant bâti un monument dans la vallée du roi1 “pour rappeler la mémoire de mon nom” (verset 18). Hélas, son insoumission et son orgueil l’auront conduit bien loin de là, perdu à jamais dans la forêt d’Éphraïm.
Deux messagers se présentent pour porter la nouvelle au roi David, Akhimaats et le Cushite. Mais, derrière la scène, Joab, le meurtrier d’Absalom, tente de contrôler l’action à son gré. Dans l’intervalle, c’est l’attente anxieuse du roi sur l’issue des combats ; enfin, l’explosion de douleur du père qui apprend la mort de son fils.
Akhimaats, fils de Tsadok, avait déjà servi David pour lui apprendre les complots d’Absalom contre lui (17. 21). Il avait risqué sa vie pour le roi. Aussi David appréciait-il ce serviteur fidèle, et dira de lui : “C’est un homme de bien” (verset 27). Il voudrait maintenant être le premier à annoncer au roi l’issue de la bataille, et admet difficilement que le message soit porté par un étranger. Connaissant bien David, peut-être voulait-il aussi adoucir le coup que la mort d’Absalom porterait au cœur de son père.
Joab, habile stratège, cherche à l’en dissuader, et désigne un étranger, le Cushite, esclave éthiopien, pour courir vers David. Le Cushite se prosterne devant Joab (verset 21), et ne se prosternera pas devant David. En revanche Akhimaats ne se prosterne pas devant Joab mais seulement devant le roi (verset 23), son seul maître vénéré.
Devant l’insistance d’Akhimaats, Joab accepte que les deux messagers soient envoyés vers David. Le Cushite court par le chemin normal, par les défilés des montagnes, tandis qu’Akhimaats prend le chemin de la plaine du Jourdain, plus praticable (verset 23). Il arrivera le premier auprès de David.
La sentinelle en poste sur le toit de la porte scrutait l’horizon pour le roi qui attendait avec impatience les nouvelles. Il était assis “entre les deux portes” (verset 24), entre la porte extérieure vers la campagne et la porte intérieure vers la ville. La sentinelle reconnaît Akhimaats à sa manière de courir : sans distraction, il se dirigeait vers son but. Auprès de David, il ne mentionne que la victoire, et ne révèle pas la mort d’Absalom ; c’était la convenance de l’amour.
Un autre coureur apparaît bientôt, lui aussi seul. C’était le Cushite : sans paroles déplacées, mais sans beaucoup de ménagement, il annonce à David la triste nouvelle de la mort de son fils.
David est écrasé par la douleur et son cœur est brisé. A la mort de l’enfant de Bath-Shéba, il avait pu dire de lui : “Moi, je vais vers lui” (12. 23). Mais y avait-il un tel espoir pour Absalom qui venait de mourir dans son péché ? Si David venait de perdre ce fils qu’il aimait profondément, Absalom était mort sous le jugement divin. Seuls les parents peuvent comprendre dans une mesure l’amertume de ce cri de douleur : “Mon fils Absalom ! mon fils ! mon fils Absalom !”
David aurait donné sa vie à la place d’Absalom : “Fussé-je mort à ta place !” Mais sa mort n’aurait eu aucun effet pour sauver son fils du jugement de DieuPsaume 49. 8.