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Le second livre de Samuel
Sondez les Écritures - 3e année

2 Samuel 16

La conspiration d’Absalom

2. Hostilité et complot contre David

C’est certainement dans les circonstances difficiles que se manifestent les intentions des hommes et l’état de leur cœur. Il est beau de voir les sacrificateurs apporter l’arche à David, tandis que de fidèles amis comme Itthaï et Hushaï sont bien décidés à suivre le roi dans son exil.

Tsiba : versets 1-4

Mais voici maintenant Tsiba, le serviteur de Mephibosheth, qui se présente devant David. Il n’arrive pas les mains vides : deux ânes chargés de nourriture, et qui pourront servir de monture pour le roi. En fait, il offrait à David les biens de son maître ; et quel était le vrai mobile de son cœur ? Certainement son intérêt personnel plus que son affection pour le roi. Combien le cœur de l’homme est trompeur par-dessus toutJérémie 17. 9 !

Tsiba prête à son maître, Mephibosheth, des paroles à la fois mensongères et bien peu vraisemblables. Comment un boiteux aurait-il pu avoir des velléités de concurrencer la popularité du bel Absalom et prétendre au royaume ? Et de quels moyens disposait-il pour cela ?

David reçoit Tsiba favorablement, accorde un plein crédit à ses paroles et porte sur-le-champ un jugement définitif sur Mephibosheth, sans même l’entendre. Cette décision hâtive et impulsive de David était injuste. Selon la grâce de Dieu, il avait donné à Mephibosheth des faveurs inestimables. Et maintenant, par ce jugement précipité, il lui reprend tout pour en combler Tsiba, un serviteur infidèle.

La conduite de Tsiba n’était pas droite ; aussi n’est-il pas surprenant de le retrouver ensuite en compagnie de Shimhi, qui manifestera tellement de méchanceté à l’égard de David (20. 19). David n’a pas recherché la pensée divine dans cette affaire, et devra réviser son jugement plus tard (19. 30).

Retenons de ce triste incident que nous ne devons jamais nous presser de croire le mal, surtout prononcé par un seul témoin, et en dehors des intéressés. Que de douleur et de réputations perdues à cause d’une calomnie acceptée sans preuve et propagée sans retenue ! Soyons en garde contre ce danger, et rappelons-nous que Dieu amènera toutes choses dans la lumière.

Shimhi : versets 5-14

Le roi David poursuit sa triste marche et arrive à Bakhurim, non loin du mont des Oliviers. Mais là, une nouvelle épreuve l’attend. Des paroles profondément injustes, accompagnées de gestes de haine violente, lui sont adressées par Shimhi, un Benjaminite, c’est-à-dire un homme de la tribu de Saül.

Ses accusations ne pouvaient pas être plus opposées à la vérité (versets 7, 8). Par deux fois, David n’avait-il pas épargné Saül ? N’avait-il pas pleuré sur la mort de celui qu’il considérait encore comme l’oint de l’Éternel ? N’avait-il pas vengé la mort de son fils Ish-Bosheth, et usé d’une bonté de Dieu envers son petit-fils Mephibosheth ?

Pour justifier ses malédictions, Shimhi prête à l’Éternel des intentions qui lui étaient manifestement étrangères. L’homme n’est jamais autorisé à mettre dans la bouche de Dieu d’autres paroles que celles que nous donne l’Écriture. Dans sa méchanceté et sa lâcheté, Shimhi se déchaîne sans risque contre le roi humilié, et se réjouit de son malheur.

En face de ce débordement, David n’ouvre pas la bouche pour se justifier, mais il comprend que la main de Dieu en châtiment était derrière les circonstances : “L’Éternel lui a dit : Maudis David !” En même temps, David connaît la grâce : “Peut-être l’Éternel regardera mon affliction” (verset 12).

Son neveu Abishaï ne lui vient pas en aide. Étranger aux profonds exercices de cœur de David, il propose de répondre à l’injure par la violence : pour lui, Shimhi n’était qu’un chien mort qu’il fallait abattre. Aux jours du Seigneur, les intentions de Jacques et de Jean désirant faire descendre le feu du cielLuc 9. 54 seront bien opposées aux pensées de grâce de leur maître, lui qui dira un peu plus tard à Pierre : “Remets l’épée dans le fourreau : la coupe que le Père m’a donnée, ne la boirai-je pas ?” Jean 18. 11

Le dévouement apparent d’Abishaï à la cause du roi, augmente encore l’épreuve de David. Mais cela ne faisait que mettre en évidence la fermeté de sa soumission à l’Éternel1. Il reconnaît que ce Benjaminite injuste et grossier était envoyé par Dieu : moi, David, j’ai versé le sang innocent, non pas celui de Saül, comme le pense Shimhi, mais celui d’Urie le Héthien ; et j’avais fait cela pour couvrir mon propre péché. Ainsi, David se tient dans la pleine lumière de Dieu. Dans le sentiment de son indignité et de sa culpabilité, il goûte l’amour divin qui couvre tout et qui voyait son affliction (verset 12). La discipline acceptée produit déjà en lui le fruit paisible de la justiceHébreux 12. 11. Humilié sous la puissante main de Dieu, il sera élevé quand le temps sera venu1 Pierre 5. 6.

David fait penser ici au résidu abaissé et affligé de Juda et d’Israël qui reconnaîtra, avant le règne millénaire, combien était juste la rétribution de Dieu à l’égard de ceux qui avaient dit de leur Messie : “Que son sang soit sur nous et sur nos enfants” Matthieu 27. 25.

Un moment de répit est accordé à David et au peuple qui l’entoure. Dans leur fatigue physique et morale, ils avaient bien besoin de repos. Ils le trouvent près du Jourdain (verset 14 ; 17. 22). Mais David par sa douceur, sa soumission, son absence de rancœur et sa foi en Dieu avait déjà gagné moralement une bataille.

Hushaï et Absalom : versets 15-19

Absalom, entré à Jérusalem sans rencontrer d’opposition, s’étonne d’y trouver Hushaï, reconnu comme l’ami de David. Celui-ci fait preuve dans ses paroles d’une finesse qui justifie la confiance que David avait placée en lui. Mais son langage ambigu prouve combien il répugnait à jouer ce rôle de déserteur qui lui était imparti. Comme David lui-même antérieurement1 Samuel 28. 2, ses paroles pouvaient donner lieu à plusieurs interprétations : “Je serai à celui qu’ont choisi l’Éternel et ce peuple et tous les hommes d’Israël” (verset 18). Or on savait bien que ni l’Éternel, ni tous les hommes d’Israël, n’avaient choisi Absalom. La suite de ses paroles est aussi à double sens : Hushaï servirait le fils comme le père quand les jours de celui-ci seraient révolus ; dans l’intervalle, il restait au service du père.

Pour Absalom, porté par son succès rapide et son immense vanité, le règne de David était fini. Aussi, traître lui-même, il croit sans réserve à la trahison d’Hushaï.

Le premier conseil d’Akhitophel : versets 20-23

Absalom ne tarde pas à recourir à la sagesse de son nouvel ami Akhitophel. Le conseil de celui-ci témoigne d’un esprit de vengeance et d’une triste immoralité. Une telle action de la part d’Absalom ne pouvait qu’aggraver la rupture entre le père et le fils de manière à la rendre irrémédiable. De plus, cet acte avait une portée politique pour confirmer l’accession au pouvoir2.

La mise en application de ce conseil d’Akhitophel se fait, sans honte, en public, devant tout Israël. Mais dans quel état était donc le peuple de Dieu pour supporter une iniquité aussi grossière ! Le péché de David ne pouvait justifier le péché de son fils.

Mais Absalom, probablement à son insu, accomplissait ainsi le jugement de Dieu exprimé par Nathan, le prophète (12. 11, 12). Cette humiliation pour David a lieu sur le toit de la maison du roi, là même où il se tenait lorsqu’il avait succombé à la convoitise (11. 2).

La roue du gouvernement de Dieu poursuit ainsi sa course : Absalom est élevé au comble de la prospérité ; Akhitophel, au faîte de la notoriété, distribue ses conseils qu’on assimile à la parole de Dieu (verset 23). Dans l’intervalle, David demeure au comble de l’abaissement. Quelle situation désastreuse, lorsque le mal est appelé bienÉsaïe 5. 20 !

Mais Dieu n’abandonne jamais les siens, comme la suite du récit le prouve.

Notes

1De même le feu sur l’offrande de gâteau, type de Christ dans son humanité, fait exhaler l’odeur de l’encens.
2C’est le sens que Salomon donnera plus tard à la requête d’Adonija de posséder Abishag, la Sunamite ; cela équivalait pour Adonija à demander le royaume (1 Rois 2. 21, 22).

2 Samuel 16

1Et David avait passé un peu au-delà du sommet, lorsque voici, Tsiba, serviteura de Mephibosheth, vint à sa rencontre avec deux ânes bâtés, sur lesquels il y avait 200 pains, et 100 gâteaux de raisins secs, et 100 de fruits d’été, et une outre de vin. 2Et le roi dit à Tsiba : Que veux-tu faire de cela ? Et Tsiba dit : Les ânes sont pour la maison du roi, pour les monter ; et le pain et les fruits d’été, pour que les jeunes hommes les mangent ; et le vin, pour que celui qui est fatigué dans le désert en boive. 3Et le roi dit : Et où est le fils de ton seigneur ? Et Tsiba dit au roi : Voici, il est demeuré à Jérusalem ; car il a dit : Aujourd’hui la maison d’Israël me rendra le royaume de mon père. 4Et le roi dit à Tsiba : Voici, tout ce qui est à Mephibosheth est à toi. Et Tsiba dit : Je me prosterne ; que je trouve faveur à tes yeux, ô roi, mon seigneur !

5Et le roi David vint jusqu’à Bakhurim ; et voici, il en sortit un homme de la famille de la maison de Saül, et son nom était Shimhi, fils de Guéra : il sortit en maudissant, 6et lança des pierres contre David et contre tous les serviteurs du roi David ; et tout le peuple et tous les hommes forts étaient à sa droite et à sa gauche. 7Et Shimhi disait ainsi en maudissant : Sors, sors, homme de sang, et homme de Bélial ! 8L’Éternel a fait retomber sur toi tout le sang de la maison de Saül, à la place duquel tu as régné, et l’Éternel a mis le royaume dans la main d’Absalom, ton fils ; et te voilà [pris] dans ton propre mal, car tu es un homme de sang. 9Et Abishaï, fils de Tseruïa, dit au roi : Pourquoi ce chien mort maudit-il le roi, mon seigneur ? Laisse-moi passer et lui ôter la tête. 10Et le roi dit : Qu’y a-t-il entre moi et vous, fils de Tseruïa ? Oui, qu’il maudisse ; car l’Éternel lui a dit : Maudis David ! Et qui dira : Pourquoi fais-tu ainsi ? 11Et David dit à Abishaï et à tous ses serviteurs : Voici, mon fils qui est sorti de mes entrailles, cherche ma vie ; combien plus maintenant ce Benjaminite ! Laissez-le, et qu’il maudisse ! car l’Éternel le lui a dit. 12Peut-être l’Éternel regardera mon affliction, et l’Éternel me rendra le bien pour la malédiction qui tombe aujourd’hui sur moi. 13Et David et ses hommes allèrent leur chemin ; et Shimhi marchait sur le flanc de la montagne, vis-à-vis de lui, et en marchant il maudissait et lançait des pierres contre lui, et jetait de la poussière. 14Et le roi, et tout le peuple qui était avec lui, arrivèrent fatigués, et là ils se refirent.

15Et Absalom, et tout le peuple, les hommes d’Israël, vinrent à Jérusalem, et Akhitophel avec lui. 16Et il arriva que, lorsque Hushaï, l’Arkite, l’ami de David, vint vers Absalom, Hushaï dit à Absalom : Vive le roi ! vive le roi ! 17Et Absalom dit à Hushaï : Est-ce là ta bonté pour ton ami ? Pourquoi n’es-tu pas allé avec ton ami ? 18Et Hushaï dit à Absalom : Non, car je serai à celui qu’ont choisi l’Éternel et ce peuple, et tous les hommes d’Israël, et c’est avec lui que je demeurerai ; 19et de plus, qui servirai-je ? Ne sera-ce pas devant son fils ? Comme j’ai servi devant ton père, ainsi je serai devant toi.

20Et Absalom dit à Akhitophel : Donnez un conseil sur ce que nous ferons. 21Et Akhitophel dit à Absalom : Va vers les concubines de ton père, qu’il a laissées pour garder la maison ; et tout Israël entendra dire que tu es en mauvaise odeur auprès de ton père, et les mains de tous ceux qui sont avec toi seront fortifiées. 22Et on tendit une tente pour Absalom sur le toit ; et Absalom entra vers les concubines de son père, aux yeux de tout Israël. 23Et le conseil que donnait Akhitophel, en ces jours-là, était comme si on s’était enquis de la parole de Dieu. Ainsi était tout le conseil d’Akhitophel, tant auprès de David qu’auprès d’Absalom.

Notes

ahéb. : jeune homme.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)