Dirigé par l’Esprit de Dieu, Hushaï avait été retenu d’annuler le premier conseil d’Akhitophel, par lequel Dieu exerçait sa discipline envers David. Le second conseil, au contraire, devait être annulé pour permettre à la grâce de Dieu de s’exercer envers David.
Pourtant, le plan élaboré par Akhitophel et présenté à Absalom était certainement fort judicieux : atteindre rapidement David et le peuple qui était avec lui, avant qu’ils n’aient pu franchir le Jourdain et se réorganiser. Akhitophel lui-même conduirait douze mille hommes pour frapper un seul homme : le roi. La victoire était pratiquement assurée, et toute la gloire en reviendrait à Akhitophel.
Ce dessein de frapper le roi, l’oint de l’Éternel, ne fait-il pas penser à une autre scène, lorsque s’est accomplie la prophétie de Zacharie à l’égard de notre Sauveur : “Frappe le berger et le troupeau sera dispersé” Zacharie 13. 7 ; Marc 14. 27 ? Peu importait le sort des disciples, c’était Jésus seul qu’il fallait saisir.
Absalom est vite conquis par ce conseil, fruit de la sagesse humaine. S’il avait prévalu, il aurait été fatal à David et à son peuple. Mais David avait prié auparavant : “Éternel ! je te prie, rends vain le conseil d’Akhitophel” (15. 31). Dieu allait répondre et retourner la situation pour démontrer que “toute décision est de par l’Éternel” Proverbes 16. 33.
Pourquoi Absalom éprouve-t-il le besoin de consulter Hushaï alors que la parole d’Akhitophel lui avait paru bonne, ainsi qu’aux anciens d’Israël ? La main divine apparaît pour maîtriser désormais les événements (verset 14).
Consulté, Hushaï développe plusieurs arguments pour annuler le plan proposé par Akhitophel. Il souligne la bravoure désespérée de David et de ses hommes vaillants. Une déroute partielle devant eux aurait un effet désastreux pour le moral des hommes, même des plus courageux.
Jouant sur la vanité et l’orgueil d’Absalom, Hushaï lui propose plutôt de mobiliser tout Israël. A la tête de cette armée, Absalom remporterait une victoire facile dont toute la gloire lui reviendrait personnellement. Absalom et tous les hommes d’Israël reconnaissent unanimement la supériorité du conseil d’Hushaï. Mais la parole précise clairement qu’il s’agissait en fait d’un décret de l’Éternel d’annuler le “bon conseil” d’Akhitophel pour faire venir le mal sur Absalom.
Le conseil d’Hushaï permettait à David de continuer sa fuite pendant le temps nécessaire à Absalom pour rassembler toutes les tribus d’Israël. Mais David devait être prévenu. Une véritable chaîne de solidarité s’établit. Le courage, l’énergie et l’abnégation de chacun sont mis en évidence, et aucun maillon de la chaîne n’est défaillant.
Hushaï, à Jérusalem, était en première ligne. Il transmet l’information aux sacrificateurs Tsadok et Abiathar ; puis, par une servante, elle passe à leurs deux fils Jonathan et Akhimaats1, qui courent porter la nouvelle à David.
Renseigné par un jeune garçon, l’ennemi essaie toutefois d’anéantir le projet des amis de David (verset 18). Mais Dieu avait préparé un couple ami à Bakhurim, précisément la ville de Shimhi. Grâce à la présence d’esprit de l’épouse, les deux messagers sont cachés efficacement et parviennent, non sans risque, à atteindre David.
Ce récit montre comment chacun est intervenu selon la volonté de Dieu, au moment convenable. C’est une belle illustration de ce que doit être le service de tous les croyants unis ensemble en un seul corps. Que chacun de nous sache entendre l’exhortation adressée à Archippe : “Prends garde au service que tu as reçu dans le Seigneur, afin que tu l’accomplisses” Colossiens 4. 17 !
En définitive, David passe le Jourdain (verset 22), et se trouve ainsi à l’abri de ses ennemis. Le stratagème organisé par lui-même et avec ses amis avait parfaitement fonctionné. Pourtant le bras de l’Éternel seul, étendu en sa faveur, n’aurait-il pas pu agir directement et d’une manière plus glorieuse sans faire usage de moyens humains ?
Entre temps, Akhitophel, plus clairvoyant que tous, était convaincu que seul son projet pouvait réussir contre David. Les années qu’il avait passées avec David comme conseiller du roi1 Chroniques 27. 33 sont maintenant oubliées, et il reste seul, avec le souvenir de sa trahison, délaissé et humilié. Sa cause perdue, il est saisi d’un chagrin à la mort, d’une peine sans le secours de Dieu. Il ne connaît pas la repentance à salut et la tristesse selon Dieu ; c’est, au contraire, la tristesse selon le monde qui opère la mort2 Corinthiens 7. 10. Alors, il s’ôte la vie. Mais pense-t-il ainsi échapper au juste jugement de Dieu ? Il devance plutôt son entrée dans le monde invisible. Quelle chose terrible !
Voilà maintenant David à Mahanaïm, en plein pays de Galaad, au-delà du Jourdain : un lieu rassurant, dont le nom signifie : “deux camps” ou “deux armées”. David se souvenait peut-être que quelques siècles plus tôt, Jacob y avait rencontré l’armée de Dieu pour l’accueillir et l’aiderGenèse 32. 2, 3.
Si David n’est pas secouru par des anges, Dieu lui envoie néanmoins trois hommes, trois étrangers au cœur parfait à son égard et dont les mains sont chargées d’une libéralité princière : Shobi, Makir et Barzillaï. Animé du même zèle désintéressé, chacun démontre un amour vrai pour la personne du roi rejeté.
Shobi, fils du roi Nakhash, était de Rabba, la ville royale des fils d’Ammon (12. 26). Il ne partageait pas les sentiments de son frère aîné Hanun qui avait outragé les consolateurs envoyés par David à l’occasion de la mort de leur père (10. 2). Au contraire, discernant les compassions qui remplissaient le cœur du roi d’Israël, il désire maintenant lui être en aide au jour de sa souffrance.
Makir avait recueilli Mephibosheth à Lodebar pour le soustraire à une vengeance possible de la part du nouveau roi. Mais il avait été témoin de la bonté selon Dieu de David pour le petit-fils de Saül.
Enfin, Barzillaï, le Galaadite, digne vieillard comblé de richesses, s’était souvenu peut-être des paroles de gratitude et des promesses de David envers les hommes de Jabès de Galaad qui avaient pris soin du corps de Saül (2. 5).
David, par sa mansuétude et sa grandeur d’âme avait, sans l’avoir cherché, gagné le cœur de ces trois hommes. Aussi viennent-ils spontanément déposer aux pieds de David les biens destinés à soulager un peuple fatigué. Ils savent ainsi honorer le roi au temps de son abaissement, avant qu’il retrouve son trône et son pouvoir.