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Le second livre de Samuel
Sondez les Écritures - 3e année

2 Samuel 14

Chute et discipline – Amnon, Tamar et Absalom

6. Le retour d’Absalom à Jérusalem

Une initiative de Joab : versets 1-3

Joab apparaît comme le principal acteur de la scène. Il manifeste plus que jamais son ambition sous une apparence altruiste et désintéressée. Ayant percé les secrets du cœur de David, il discerne vite ses sentiments pour Absalom, et va s’appliquer à les satisfaire. Par ailleurs, il désire avoir sur Absalom une emprise certaine, comme celle qu’il exerce sur David, car il croit voir en lui le futur roi.

Joab imagine donc une véritable mise en scène, et charge une femme thekohite1 de délivrer un message à David ; il ne s’agissait pas d’éveiller la conscience du roi, comme l’avait fait Nathan, mais d’opérer artificiellement la réconciliation entre Absalom et son père. Peu lui importait si les choses étaient en ordre devant Dieu. Tout n’était que calcul et ambition personnelle.

Effet d’un stratagème : versets 4-24

Joab pense être plus efficace en agissant par personne interposée, en l’occurrence une femme habile. De plus, on pouvait minimiser le péché d’Absalom. Amnon n’avait-il pas été grandement coupable ? Joab connaissait bien David, toujours prêt à faire grâce et à défendre les faibles et les opprimés. Par son artifice, il espérait ainsi obtenir du roi une grâce abusive qui négligerait la justice de Dieu. Symboliquement, c’était mettre du miel sur l’offrandeLévitique 2. 11. Aussi légitimes soient-elles, les affections naturelles ne doivent pas passer avant les droits de Dieu.

La femme thekohite sait que sa demande au roi était une entorse à la loi qui exigeait que l’expiation du sang soit faite par le sang de celui qui l’a verséNombres 35. 33. C’est pourquoi, elle en revendiquera l’entière responsabilité et en déchargera David : “que l’iniquité soit sur moi et sur la maison de mon père” (verset 9). Habilement, elle emploie le terme de “tison” qui évoque dramatiquement un reste de vie, faible et menacée. A deux reprises, elle mentionne l’héritier (versets 7, 16). Dans l’application de l’allégorie qu’elle présente à David, Absalom était donc bien le successeur tout désigné pour le trône.

Comme prévu, le roi ordonne la clémence et use de son autorité pour qu’elle soit appliquée (verset 10). Une fois les affections de David stimulées et déclarées, la femme laisse un moment son cas de côté pour évoquer celui d’Absalom (verset 13). Ses paroles dissimulent un reproche à l’encontre du roi, et mettent en doute la culpabilité d’Absalom. Si, dans l’allégorie, le fils de la femme était à l’abri, a fortiori Absalom le serait aussi, lui dont l’exil (d’après elle) heurtait la pensée du peuple. Elle appuie son raisonnement sur l’argument de la mortalité de tout homme (verset 14). La vie vécue, comme de l’eau répandue, ne peut être recommencée. Enfin, elle ose même se faire le porte-parole de Dieu : si Dieu n’avait pas ôté la vie d’Absalom, son exil était abusif. C’était le but de tout le stratagème de Joab. Mais quel raisonnement spécieux et pernicieux pour y parvenir !

La femme semble ensuite revenir à son cas personnel pour donner l’impression que c’est ce qui la préoccupe en premier chef (versets 15, 16). Femme habile (verset 2), elle pense en avoir assez dit pour que le roi comprenne l’allusion. Son langage excessif confine à la flatterie : “le roi, mon seigneur, est comme un ange de Dieu pour entendre le bien et le mal” (verset 17). David est estimé ici comme un ange en justice. Plus tard, sa sagesse sera comparée à celle d’un ange (verset 20). Auparavant, il avait été comparé à un ange, en droiture et vérité1 Samuel 29. 9.

Alors, le voile est ôté pour découvrir toutes les machinations de Joab. David comprend, non seulement le motif de l’allégorie, mais celui qui en était l’instigateur (verset 19). Pleinement lucide, le roi s’aperçoit, mais trop tard, qu’il était tombé dans le filet et qu’il ne pouvait plus reculer.

David, aveuglé par l’amour pour son fils indigne, accepte donc le propos de Joab qui avait atteint ses desseins (versets 21, 22) 2. Ce mauvais conseiller avait de plus en plus d’influence sur David qui avait perdu sa force spirituelle comme autrefois Samson, lorsque ses cheveux avaient été coupés.

Ainsi Joab, vainqueur de cet affrontement moral avec le roi, ramène Absalom à Jérusalem, mais sans que celui-ci soit autorisé à voir la face de son père. Quelle situation anormale, qui n’était satisfaisante ni pour Absalom, ni pour David, mais surtout qui ignorait la gloire de Dieu ! Désormais, Absalom serait l’obligé de Joab.

Le piège de la beauté : versets 25-27

Tout dans la personne physique d’Absalom attirait les regards : “il n’y avait point en lui de défaut”. Cette beauté servait sa vanité ; il acceptait volontiers la louange d’un peuple toujours enclin à juger sur l’apparence. A une belle prestance, ne répond pas toujours une belle âme. Saül et Éliab en sont des exemples1 Samuel 9. 2 ; 16. 7. La conscience de son pouvoir de séduction et son orgueil s’associent au ressentiment entretenu contre son père pendant des années, pour le conduire finalement à la révolte et à la mort.

Absalom force les circonstances : versets 28-33

Voyant que rien n’est changé au bout de deux années, Absalom oblige Joab, à sa manière habituelle (la violence), à venir le voir. Celui-ci y était peu disposé, ne voulant pas désavouer le roi ni lui déplaire. Enfin, contre son gré, Joab intercède pour lui auprès de David. Mais, désormais Absalom ne sert plus ses intérêts. Aussi, d’allié, il devient son ennemi et finalement, Joab l’éliminera sans scrupule.

Quelle outrecuidance dans les paroles d’Absalom ! S’il a commis l’iniquité, il est prêt à en subir les conséquences. Cinq ans après le meurtre d’Amnon, c’est un véritable défi qu’il lance à son père. Aucun regret, aucune contrition, aucun mouvement de repentance n’apparaissent chez Absalom. Est-ce le besoin de pardon, de paix, et d’amour qui le poussait à désirer revoir son père ? Absolument Quelle outrecuidance dans les paroles d’Absalom ! S’il a commis l’iniquité, il est prêt à en subir les conséquences. Cinq ans après le meurtre d’Amnon, c’est un véritable défi qu’il lance à son père. Aucun regret, aucune contrition, aucun mouvement de repentance n’apparaissent chez Absalom. Est-ce le besoin de pardon, de paix, et d’amour qui le poussait à désirer revoir son père ? Absolument pas, la suite le prouvera. Que dire de sa rencontre avec David ? Le baiser par lequel le père reçoit son fils avait-il un sens ? David savait très bien que son fils n’était pas restauré devant l’Éternel ; mais il a la faiblesse de le recevoir, comme si Dieu avait pardonné.

Que les pères de familles chrétiennes soient gardés d’une telle conduiteProverbes 13. 24. La grâce sans la vérité n’est pas la grâce. Dispenser celui qui a péché de la confession et de l’humiliation, c’est laisser la porte ouverte à une discipline de notre Père céleste. Elle pourra atteindre à la fois le coupable et celui qui l’avait tenu pour innocent. Ainsi, la faiblesse coupable de David à l’égard de son fils Absalom entraînera de graves conséquences pour le fils comme pour son père.

Conclusion

Plusieurs conséquences pratiques importantes sont à retenir de ce chapitre :

  • On peut tenter de tromper les hommes, mais tout est à nu devant Dieu.
  • La flatterie n’est pas une voie de lumière ; elle tend souvent un piège et amène la ruineProverbes 26. 28.
  • Dieu veut la vérité dans l’homme intérieurPsaume 51. 8.
  • L’absence de repentance ferme l’accès à la grâce.
  • Ne pas discipliner les enfants est une coupable démission des parents ; ce n’est pas une marque du véritable amour selon Dieu.
  • Un premier péché en entraîne souvent un autre, plus grave (chapitre 15).
  • Celui qui raidit son cou sera subitement brisé, sans remèdeProverbes 29. 1. La suite de l’histoire d’Absalom le confirmera (chapitre 18).

Notes

1Originaire de Thekoa, ville de Juda, cité d’origine du prophète Amos (2 Chroniques 20. 20 ; Jérémie 6. 1 ; Amos 1. 1).
2D’après le récit (verset 21), on a pensé que cette femme thekohite, soi-disant veuve, s’était présentée au cours d’une cession de justice présidée par le roi en présence de personnalités telles que Joab. Lire à ce sujet : Exode 18. 13 et 1 Rois 3. 16.

2 Samuel 14

1Et Joab, fils de Tseruïa, s’aperçut que le cœur du roi était pour Absalom ; 2et Joab envoya à Thekoa, et fit venir de là une femme habile, et il lui dit : Je te prie, fais semblant de mener deuil, et revêts-toi, je te prie, de vêtements de deuil, et ne t’oins pas d’huile, mais sois comme une femme qui mène deuil depuis longtemps pour un mort ; 3et entre vers le roi, et parle-lui de cette manière. Et Joab lui mit les paroles dans la bouche.

4Et la femme thekohite parla au roi, et tomba sur son visage contre terre et se prosterna, et dit : Sauve-moi, ô roi ! 5Et le roi lui dit : Qu’as-tu ? Et elle dit : Certainement, je suis une femme veuve, et mon mari est mort. 6Et ta servantea avait deux fils, et ils se sont disputés tous deux dans les champs, et il n’y avait personne pour les séparer ; et l’un a frappé l’autre et l’a tué. 7Et voici, toute la famille s’est élevée contre ta servantea, et ils ont dit : Livre celui qui a frappé son frère, afin que nous le mettions à mort, à cause de la vie de son frère qu’il a tué, et que nous détruisions aussi l’héritier. Et ainsi ils éteindraient le tison qui me reste, afin de ne laisser à mon mari ni nom, ni reste, sur la face de la terre. 8Et le roi dit à la femme : Va dans ta maison, et je donnerai mes ordres à ton égard. 9Et la femme thekohite dit au roi : Ô roi, mon seigneur ! que l’iniquité soit sur moi et sur la maison de mon père, et que le roi et son trône en soient innocents. 10Et le roi dit : Celui qui te parlera, amène-le-moi, et il ne te touchera plus. 11Et elle dit : Je te prie, que le roi se souvienne de l’Éternel, ton Dieu, afin que le vengeur du sang ne multiplie pas la ruine, et qu’on ne détruise pas mon fils. Et il dit : L’Éternel est vivant, s’il tombe à terre un des cheveux de ton fils ! 12Et la femme dit : Je te prie, que ta servantea dise un mot au roi, mon seigneur. Et il dit : Parle. 13Et la femme dit : Et pourquoi as-tu pensé ainsi contre le peuple de Dieu ? et le roi dit cette parole comme un [homme] coupable, le roi ne faisant point revenir celui qu’il a chassé. 14Car nous mourrons certainement, et nous sommes comme de l’eau versée sur la terre, qu’on ne peut recueillir. Et Dieu ne [lui] a point ôté la vie, mais il a la pensée que celui qui est chassé ne demeure plus chassé loin de lui. 15Et maintenant, si je suis venue dire cette parole au roi, mon seigneur, c’est parce que le peuple m’a fait peur ; et ta servantea a dit : Que je parle donc au roi, peut-être que le roi accomplira la parole de sa servante ; 16car le roi écoutera, pour délivrer sa servante de la main de l’homme qui veut nous exterminer, moi et mon fils ensemble, de l’héritage de Dieu. 17Et ta servantea a dit : Que la parole du roi, mon seigneur, nous apporte du repos ! car le roi, mon seigneur, est comme un ange de Dieu, pour entendre le bien et le mal ; et l’Éternel, ton Dieu, serab avec toi !

18Et le roi répondit, et dit à la femme : Je te prie, ne me cache pas la chose que je vais te demander. Et la femme dit : Que le roi, mon seigneur, parle, je te prie. 19Et le roi dit : La main de Joab n’est-elle pas avec toi dans tout ceci ? Et la femme répondit et dit : Ton âme est vivante, ô roi, mon seigneur, qu’on ne peut [s’écarter] à droite ou à gauche de tout ce que dit le roi, mon seigneur ; car ton serviteur Joab, lui, m’a commandé, et a mis toutes ces paroles dans la bouche de ta servantea. 20C’est afin de donner une autre apparence à la chose, que ton serviteur Joab a fait cela ; et mon seigneur est sage comme la sagesse d’un ange de Dieu, pour savoir tout ce qui [se passe] sur la terre.

21Et le roi dit à Joab : Voici, j’ai fait cela ; va, fais revenir le jeune homme Absalom. 22Et Joab tomba sur sa face contre terre et se prosterna, et bénit le roi. Et Joab dit : Aujourd’hui ton serviteur connaît que j’ai trouvé faveur à tes yeux, ô roi, mon seigneur, parce que le roi a fait ce que son serviteur a dit. 23Et Joab se leva et s’en alla à Gueshur, et il ramena Absalom à Jérusalem. 24Et le roi dit : Qu’il se retire dans sa maison, et qu’il ne voie point ma face. Et Absalom se retira dans sa maison et ne vit pas la face du roi.

25Et dans tout Israël il n’y avait pas d’homme beau comme Absalom [et si] fort à louer [pour sa beauté] ; depuis la plante de ses pieds jusqu’au sommet de sa tête, il n’y avait point en lui de défaut. 26Et quand il se rasait la tête (or c’était d’année en année qu’il la rasait, parce que [sa chevelure] lui pesait ; alors il la rasait), les cheveux de sa tête pesaient 200 sicles au poids du roi. 27Et il naquit à Absalom trois fils, et une fille, qui avait nom Tamar, et elle était une femme belle de visage.

28Et Absalom habita deux années entières à Jérusalem sans voir la face du roi. 29Et Absalom envoya vers Joab pour l’envoyer auprès du roi ; et [Joab] ne voulut pas venir vers lui ; et il envoya encore pour la seconde fois, et il ne voulut pas venir. 30Alors [Absalom] dit à ses serviteurs : Voyez, le champc de Joab est auprès du mien ; il y a de l’orge, allez et mettez-y le feu. Et les serviteurs d’Absalom mirent le feu au champc. 31Alors Joab se leva et vint vers Absalom dans la maison, et lui dit : Pourquoi tes serviteurs ont-ils mis le feu à mon champc ? 32Et Absalom dit à Joab : Voici, j’ai envoyé vers toi, disant : Viens ici, et je t’enverrai vers le roi, pour [lui] dire : Pourquoi suis-je venu de Gueshur ? il serait bon pour moi d’y être encore. Et maintenant, que je voie la face du roi ; et s’il y a de l’iniquité en moi, qu’il me fasse mourir. 33Et Joab vint vers le roi et le lui rapporta. Et [le roi] appela Absalom, et il vint vers le roi et se prosterna le visage contre terre devant le roi, et le roi embrassa Absalom.

Notes

aou : esclave.
bou : soit.
clitt. : portion.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)