Plusieurs mois se sont écoulés depuis la mort d’Urie. Bath-Shéba, maintenant officiellement la femme de David, met au monde son enfant. A première vue, David semble en paix car tout se déroulait favorablement. Mais, au fond de lui-même, n’y avait-il pas un débat intérieur qui lui enlevait toute joie et toute force morale, comme le montre le psaume, probablement inspiré par ces circonstancesPsaume 32. 3, 4 ?
David n’avait pas envisagé toutes les conséquences de son acte, pour lui et pour sa famille. Un moment d’égarement produit des larmes amères et même du désespoir. Ésaü, Judas et bien d’autres en ont fait l’expérience. Que nous soyons préservés de cet enchaînement terrible : la convoitise, le péché, la mort !
Dieu envoie Nathan, le prophète, auprès de David. La portée de la parabole qu’il lui présente paraît évidente ; le climat pastoral du récit était particulièrement susceptible d’interpeller les sentiments du tendre berger que David avait toujours été. Mais son état d’inconscience est tel qu’il ne comprend pas le sens de l’accusation. Embrasé d’une vive indignation, il porte un jugement pleinement lucide sur le coupable : “L’homme qui a fait cela est digne de mort” (verset 6) ; selon la loi de Moïse, il devra rendre “au quadruple” Exode 21. 37. Aurait-il été si catégorique s’il avait pressenti qui était incriminé ? Ne sommes-nous pas souvent plus lucides pour juger nos frères que pour nous juger nous-mêmes ?
La réponse lapidaire de Nathan retourne le verdict si clair du roi contre lui-même : “Tu es cet homme !” (verset 7). Quel coup terrible, comme celui d’un marteau qui brise le roc, comme la lumière qui éclaire tout homme et l’épée qui atteint au plus profond de l’être ! Il était impossible de se dérober. Voilà pourquoi, depuis sa faute, David était si misérable : ses os dépérissaient, sa vigueur se desséchait, et la main de Dieu était pesantePsaume 32. 3, 4 !
Nathan énumère alors tous les bienfaits dont l’Éternel l’avait béni1. David aurait pu en demander encore davantage et Dieu aurait répondu. Mais au lieu de dire : “ma coupe est comble” Psaume 23. 5, il avait convoité ce qui ne lui appartenait pas. En méprisant la parole de Dieu (verset 9), il méprisait Dieu lui-même (verset 10). On comprend ainsi cette solennelle déclaration : “Tu es cet homme”. En un instant, le juge était devenu l’accusé.
Nathan rappelle par le détail tout le péché de David. Alors David confesse : “J’ai péché contre l’Éternel”. Son humiliation est vraie et profonde. Il n’invoque aucune excuse, ne fait état d’aucune circonstance atténuante. Il réalise que son péché n’était pas d’abord contre lui-même, contre Urie ou contre Bath-Shéba, mais avant tout contre DieuPsaume 51. 6. Sa conviction de péché est totale. La mort en était la juste peine ; aussi sent-il un besoin absolu de la grâce de Dieu et s’en remet-il à sa miséricorde souveraine : “Délivre-moi de la coulpe du sang” Psaume 51. 16. Mais au moment même où le péché est confessé, il est ôté1 Jean 1. 9, éloigné de Dieu, à l’infiniPsaume 103. 12.
David ne peut pas offrir des sacrifices ou des holocaustes ; ils n’auraient pas été agréés. Le seul sacrifice acceptable est celui d’un esprit brisé que Dieu ne méprisera pasPsaume 51. 16-19.
Dieu répond promptement et accorde son plein pardon. C’est ce qu’il fait toujours à celui qui se place à l’abri du sang versé par l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. Le pécheur justifié peut alors offrir des sacrifices de louanges agréables à DieuPsaume 51. 21.
La pure grâce de Dieu épargne David du jugement : “tu ne mourras pas” (verset 13) mais le gouvernement de Dieu s’exercera à son égard2 (versets 10, 11 et 14). Le péché est ôté, mais ses conséquences demeurent. Celles-ci, pour David et pour sa propre famille, seront tristes et durables.
David avait été (1) meurtrier, (2) adultère et (3) avait donné occasion aux ennemis de l’Éternel de blasphémer. En conséquence :
Le jeûne et la supplication sont l’attitude convenable pour David devant Dieu. La maladie grave de son fils l’amène à mesurer les conséquences de son péché. Oh, si Dieu pouvait faire grâce et laisser vivre l’enfant ! L’Éternel avait pardonné, mais la discipline doit s’exercer.
Cependant l’enfant meurt et l’attitude de David change complètement. Il accepte pleinement la volonté de Dieu. Privé d’un fils, il connaît la douceur de la communion avec celui qui le châtiait pour son bien. Son cœur est ouvert devant Dieu.
Alors, il entre dans la maison de l’Éternel, et se prosterne pour célébrer sa justice et sa miséricorde. L’Esprit de Dieu a conduit David à exprimer les sentiments de son cœur dans les psaumes 51 et 32. Puis il retourne dans sa propre maison et cesse de jeûner, à l’étonnement de ses serviteurs qui n’ont pas la même spiritualité que lui.
Une fois consolé, David peut consoler son épouse. Un autre enfant leur est donné3. Appelé par ses parents : “Salomon”, qui signifie “pacifique” ou “homme de paix” ou encore “homme de repos” 1 Chroniques 22. 9, l’Éternel le nomme : “Jedidia”, le “bien-aimé de l’Éternel”. C’est ainsi que la grâce triomphe du péché.
“Et David engendra Salomon de celle qui avait été femme d’Urie” Matthieu 1. 6. Bath-Shéba entre ainsi dans la lignée du Messie. David totalement rétabli pourra dans le psaume 72 exalter la justice, la grandeur, la puissance et la gloire de celui dont Salomon est le type.