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Le second livre de Samuel
Sondez les Écritures - 3e année

2 Samuel 12. 1-25

Chute et discipline – Amnon, Tamar et Absalom

2. L’oracle divin

Plusieurs mois se sont écoulés depuis la mort d’Urie. Bath-Shéba, maintenant officiellement la femme de David, met au monde son enfant. A première vue, David semble en paix car tout se déroulait favorablement. Mais, au fond de lui-même, n’y avait-il pas un débat intérieur qui lui enlevait toute joie et toute force morale, comme le montre le psaume, probablement inspiré par ces circonstancesPsaume 32. 3, 4 ?

David n’avait pas envisagé toutes les conséquences de son acte, pour lui et pour sa famille. Un moment d’égarement produit des larmes amères et même du désespoir. Ésaü, Judas et bien d’autres en ont fait l’expérience. Que nous soyons préservés de cet enchaînement terrible : la convoitise, le péché, la mort !

L’accusation : versets 1-7

Dieu envoie Nathan, le prophète, auprès de David. La portée de la parabole qu’il lui présente paraît évidente ; le climat pastoral du récit était particulièrement susceptible d’interpeller les sentiments du tendre berger que David avait toujours été. Mais son état d’inconscience est tel qu’il ne comprend pas le sens de l’accusation. Embrasé d’une vive indignation, il porte un jugement pleinement lucide sur le coupable : “L’homme qui a fait cela est digne de mort” (verset 6) ; selon la loi de Moïse, il devra rendre “au quadruple” Exode 21. 37. Aurait-il été si catégorique s’il avait pressenti qui était incriminé ? Ne sommes-nous pas souvent plus lucides pour juger nos frères que pour nous juger nous-mêmes ?

La réponse lapidaire de Nathan retourne le verdict si clair du roi contre lui-même : “Tu es cet homme !” (verset 7). Quel coup terrible, comme celui d’un marteau qui brise le roc, comme la lumière qui éclaire tout homme et l’épée qui atteint au plus profond de l’être ! Il était impossible de se dérober. Voilà pourquoi, depuis sa faute, David était si misérable : ses os dépérissaient, sa vigueur se desséchait, et la main de Dieu était pesantePsaume 32. 3, 4 !

La répréhension : versets 7-9

Nathan énumère alors tous les bienfaits dont l’Éternel l’avait béni1. David aurait pu en demander encore davantage et Dieu aurait répondu. Mais au lieu de dire : “ma coupe est comble” Psaume 23. 5, il avait convoité ce qui ne lui appartenait pas. En méprisant la parole de Dieu (verset 9), il méprisait Dieu lui-même (verset 10). On comprend ainsi cette solennelle déclaration : “Tu es cet homme”. En un instant, le juge était devenu l’accusé.

La confession et le pardon : verset 13

Nathan rappelle par le détail tout le péché de David. Alors David confesse : “J’ai péché contre l’Éternel”. Son humiliation est vraie et profonde. Il n’invoque aucune excuse, ne fait état d’aucune circonstance atténuante. Il réalise que son péché n’était pas d’abord contre lui-même, contre Urie ou contre Bath-Shéba, mais avant tout contre DieuPsaume 51. 6. Sa conviction de péché est totale. La mort en était la juste peine ; aussi sent-il un besoin absolu de la grâce de Dieu et s’en remet-il à sa miséricorde souveraine : “Délivre-moi de la coulpe du sang” Psaume 51. 16. Mais au moment même où le péché est confessé, il est ôté1 Jean 1. 9, éloigné de Dieu, à l’infiniPsaume 103. 12.

David ne peut pas offrir des sacrifices ou des holocaustes ; ils n’auraient pas été agréés. Le seul sacrifice acceptable est celui d’un esprit brisé que Dieu ne méprisera pasPsaume 51. 16-19.

Dieu répond promptement et accorde son plein pardon. C’est ce qu’il fait toujours à celui qui se place à l’abri du sang versé par l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. Le pécheur justifié peut alors offrir des sacrifices de louanges agréables à DieuPsaume 51. 21.

La discipline : versets 10-12 ; 14-19

La pure grâce de Dieu épargne David du jugement : “tu ne mourras pas” (verset 13) mais le gouvernement de Dieu s’exercera à son égard2 (versets 10, 11 et 14). Le péché est ôté, mais ses conséquences demeurent. Celles-ci, pour David et pour sa propre famille, seront tristes et durables.

David avait été (1) meurtrier, (2) adultère et (3) avait donné occasion aux ennemis de l’Éternel de blasphémer. En conséquence :

  • 1. L’épée et la violence ne s’éloigneraient pas de sa maison (verset 10).
  • 2. La corruption et l’inconduite persisteraient aussi (verset 11). Selon le principe divin : “Il n’y a rien de couvert qui ne sera révélé, ni rien de secret qui ne sera connu” Luc 12. 2, le péché de David, commis dans le secret, devait être rendu public, de même que sa rétribution en discipline. David avait profané le plus sacré des liens de la nature ; à son tour, il allait être frappé dans ses liens naturels les plus chers. La discipline annoncée s’est d’abord accomplie dans l’affaire d’Amnon et de Tamar (13. 14) ; puis, Absalom a été le triste instrument pour déshonorer son propre père et ses concubines (16. 22). Quelle honte !
  • 3. Enfin, le nom de Dieu avait été blasphémé. Aussi, l’enfant de Bath-Shéba devait-il mourir, comme témoignage public de la réprobation divine. La sentence est immédiatement exécutée (versets 15-19).
  • 4. Mais une dernière discipline devait toucher David. Il avait, à son insu, déclaré son propre jugement, de rendre la brebis volée au quadruple. Il perdra donc d’abord le petit enfant, avant que trois de ses fils connaissent une mort violente : Amnon par la main d’Absalom (13. 28) ; puis, Absalom, par la main de Joab (18. 14). Enfin Adonija sera mis à mort sur ordre de Salomon1 Rois 2. 25.

Soumission et consolation : versets 20-25

Le jeûne et la supplication sont l’attitude convenable pour David devant Dieu. La maladie grave de son fils l’amène à mesurer les conséquences de son péché. Oh, si Dieu pouvait faire grâce et laisser vivre l’enfant ! L’Éternel avait pardonné, mais la discipline doit s’exercer.

Cependant l’enfant meurt et l’attitude de David change complètement. Il accepte pleinement la volonté de Dieu. Privé d’un fils, il connaît la douceur de la communion avec celui qui le châtiait pour son bien. Son cœur est ouvert devant Dieu.

Alors, il entre dans la maison de l’Éternel, et se prosterne pour célébrer sa justice et sa miséricorde. L’Esprit de Dieu a conduit David à exprimer les sentiments de son cœur dans les psaumes 51 et 32. Puis il retourne dans sa propre maison et cesse de jeûner, à l’étonnement de ses serviteurs qui n’ont pas la même spiritualité que lui.

Une fois consolé, David peut consoler son épouse. Un autre enfant leur est donné3. Appelé par ses parents : “Salomon”, qui signifie “pacifique” ou “homme de paix” ou encore “homme de repos” 1 Chroniques 22. 9, l’Éternel le nomme : “Jedidia”, le “bien-aimé de l’Éternel”. C’est ainsi que la grâce triomphe du péché.

“Et David engendra Salomon de celle qui avait été femme d’Urie” Matthieu 1. 6. Bath-Shéba entre ainsi dans la lignée du Messie. David totalement rétabli pourra dans le psaume 72 exalter la justice, la grandeur, la puissance et la gloire de celui dont Salomon est le type.

Notes

1En ce temps-là, Dieu supportait la polygamie au milieu de son peuple, bien qu’elle soit contraire à sa pensée initiale du mariage (Genèse 2. 24). David n’avait pas pris pour lui les femmes de Saül (verset 8) ; mais étant son successeur politique, il en avait le droit (Voir 16. 21 et 1 Rois 2. 22).
2Le gouvernement de Dieu s’exerce à l’égard des siens (et même de tous les hommes), en discipline ou en châtiment, pendant leur vie sur la terre. Le salut et l’état de l’âme pour l’éternité ne sont pas en cause dans le gouvernement, qui est en rapport avec la conduite.
3D’après la généalogie des Chroniques (1 Chroniques 3. 5), Bath-Shéba a eu quatre enfants de David, et Salomon est nommé le quatrième, de sorte qu’il serait le dixième fils de David. Il est nommé ici, sans respect de l’ordre chronologique, pour souligner la réponse de la grâce de Dieu envers David, plus forte que son péché.

2 Samuel 12

1Et l’Éternel envoya Nathan à David ; et il vint vers lui, et lui dit : Il y avait deux hommes dans une ville, l’un riche, et l’autre pauvre. 2Le riche avait du menu et du gros bétail en grande quantité ; 3mais le pauvre n’avait rien du tout qu’une seule petite brebis, qu’il avait achetée, et qu’il nourrissait, et qui grandissait auprès de lui et ensemble avec ses fils : elle mangeait de ses morceaux et buvait de sa coupe, et elle couchait dans son sein, et était pour lui comme une fille. 4Et un voyageur vint chez l’homme riche ; et il évita de prendre de son menu ou de son gros bétail pour en apprêter au voyageur qui était venu chez lui, et il a pris la brebis de l’homme pauvre, et l’a apprêtée pour l’homme qui était venu vers lui. 5Et la colère de David s’embrasa fort contre l’homme ; et il dit à Nathan : L’Éternel est vivant que l’homme qui a fait cela est digne de mort ! 6et il rendra la brebis au quadruple, parce qu’il a fait cette chose-là et qu’il n’a pas eu de pitié.

7Et Nathan dit à David : Tu es cet homme ! Ainsi dit l’Éternel, le Dieu d’Israël : Je t’ai oint pour roi sur Israël, et je t’ai délivré de la main de Saül, 8et je t’ai donné la maison de ton seigneur, et les femmes de ton seigneur dans ton sein, et je t’ai donné la maison d’Israël et de Juda ; et si c’était peu, je t’aurais ajouté telle et telle chose. 9Pourquoi as-tu méprisé la parole de l’Éternel, en faisant ce qui est mauvais à ses yeux ? Tu as frappé avec l’épée Urie, le Héthien ; et sa femme, tu l’as prise pour en faire ta femme, et lui, tu l’as tué par l’épée des fils d’Ammon. 10Et maintenant, l’épée ne s’éloignera pas de ta maison, à jamais, parce que tu m’as méprisé, et que tu as pris la femme d’Urie, le Héthien, pour qu’elle soit ta femme. 11Ainsi dit l’Éternel : Voici, je susciterai de ta propre maison un mal contre toi : je prendrai tes femmes devant tes yeux, et je les donnerai à ton compagnon, et il couchera avec tes femmes à la vue de ce soleil ; 12car tu l’as fait en secret, et moi, je ferai cette chose-là devant tout Israël et devant le soleil.

13Et David dit à Nathan : J’ai péché contre l’Éternel. Et Nathan dit à David : Aussi l’Éternel a fait passer ton péché : tu ne mourras pas ; 14toutefois, comme par cette chose tu as donné occasion aux ennemis de l’Éternel de blasphémer, le fils qui t’est né mourra certainement. 15Et Nathan s’en alla dans sa maison.

Et l’Éternel frappa l’enfant que la femme d’Urie avait enfanté à David ; et il fut très maladea.
16Et David supplia Dieu pour l’enfant, et David jeûna ; et il alla et passa la nuit couché sur la terre. 17Et les anciens de sa maison se levèrent [et vinrent] vers lui pour le faire lever de terre ; mais il ne voulut pas, et ne mangea pas le pain avec eux. 18Et il arriva, le septième jour, que l’enfant mourut ; et les serviteurs de David craignirent de lui apprendre que l’enfant était mort, car ils disaient : Voici, lorsque l’enfant était en vie, nous lui avons parlé, et il n’a pas écouté notre voix ; et comment lui dirions-nous : L’enfant est mort ? Il fera quelque mal. 19Et David vit que ses serviteurs parlaient bas, et David comprit que l’enfant était mort ; et David dit à ses serviteurs : L’enfant est-il mort ? Et ils dirent : Il est mort. 20Et David se leva de terre, et se lava et s’oignit, et changea de vêtements ; et il entra dans la maison de l’Éternel et se prosterna ; et il rentra dans sa maison, et demanda qu’on mette du pain devant lui, et il mangea. 21Et ses serviteurs lui dirent : Qu’est-ce que tu fais ? Tu as jeûné et tu as pleuré à cause de l’enfant, pendant qu’il était en vie ; et quand l’enfant est mort, tu te lèves et tu mangesb. 22Et il dit : Tant que l’enfant vivait encore, j’ai jeûné et j’ai pleuré, car je disais : Qui sait : l’Éternel me fera grâce, et l’enfant vivra ? 23Mais maintenant qu’il est mort, pourquoi jeûnerais-je ? Pourrais-je le faire revenir encore ? Moi, je vais vers lui, mais lui ne reviendra pas vers moi.

24Et David consola Bath-Shéba, sa femme, et vint vers elle et coucha avec elle ; et elle enfanta un fils, et il appela son nom Salomonc ; et l’Éternel l’aima ; 25et il envoya pard Nathan le prophète, et l’appela du nom de Jedidiae, à cause de l’Éternel.

Notes

aou : malade à la mort.
bhéb. : manges du pain.
cpacifique.
dlitt. : par la main de, ici et ailleurs souvent.
ebien-aimé de l’Éternel.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)