Deux ans s’écoulent sans le moindre signe de repentance chez Amnon. Pensait-il que le temps arrangerait les choses ? Il semble que David ait voulu étendre un voile épais sur cette pénible affaire, pour l’oublier. Mais rien n’était réglé devant Dieu.
Hypocritement, Absalom adresse des paroles d’apaisement à Tamar (verset 20), et ne fait aucune réprimande à son frère Amnon pour ne pas éveiller sa méfiance. Mais un dessein implacable de vengeance se cachait dans son cœur. Qu’il est dangereux d’entretenir dans le cœur des pensées d’irritation contre son frère : “que le soleil ne se couche pas sur votre irritation” Éphésiens 4. 26. La conduite à tenir à l’égard d’un frère offensé, clairement indiquée par le Seigneur, est tout à l’opposéMatthieu 18. 15-17.
L’occasion favorable attendue par Absalom se présente enfin, la tonte de son troupeau1. Une fête de famille est prévue. Mais David pouvait-il se réjouir ? Deux années pouvaient-elles effacer de son cœur pieux et sensible l’infamie qui avait eu lieu dans sa propre maison ? Le roi refuse donc l’invitation pour lui-même ; mais il n’a pas l’énergie de désapprouver cette réunion, et il bénit même Absalom (verset 25). Celui-ci se sent alors encouragé à inviter au moins Amnon, et force l’accord de son père. Mais David, saisi peut-être d’un sombre pressentiment, fait accompagner Amnon par tous les fils du roi. Il avait déjà cédé à la demande d’Amnon (verset 6) ; il ne résiste pas maintenant à l’insistance d’Absalom (verset 27). Quel manque de force et d’autorité envers ses fils ! Que nous en tirions la leçon.
Pour Absalom, Amnon avait non seulement déshonoré sa sœur, mais il était aussi l’héritier légitime au trône de leur père, comme fils aîné de David. Tamar et Absalom devraient donc accepter de se soumettre à l’autorité d’Amnon, après la mort de leur père ; la pensée était intolérable pour un homme fier et ambitieux comme Absalom !
Tout est donc prêt pour la vengeance et le meurtre. Absalom agira par le bras de ses serviteurs, mais il en revendique la totale responsabilité : “N’est-ce pas moi qui vous l’ai commandé ?” Dieu laisse faire et Amnon meurt dans son péché, frappé par l’épée comme l’avait été Urie qui, lui, servait la cause d’Israël.
David avait entendu de la bouche de Nathan : “l’épée ne s’éloignera pas de ta maison, à jamais” (12. 10). Cette prédiction se réalise à la lettre. Dieu veille ainsi sur sa Parole pour l’exécuterJérémie 1. 12.
Les deux grands maux si largement répandus dans le monde depuis la chute de l’homme se donnent ici libre cours : la corruption chez Amnon, et la violence chez Absalom. David refait l’expérience de Jacob qui avait eu à souffrir de la violence de Siméon et Lévi, puis de l’inconduite de RubenGenèse 49. 3-5.
Dieu permet que, pour un temps, David croie à la perte de tous ses fils. Quelle détresse inexprimable pour David, comparable à celle de Job ! Mais Dieu, dans sa grâce, ne l’afflige pas au-delà de ce qu’il peut supporter.
Le neveu de David, Jonadab, cet homme à double face, rétablit la vérité. Il connaissait depuis longtemps le complot d’Absalom et n’avait rien dit (verset 32). Les autres fils du roi, purs dans l’affaire, arrivent et pleurent tous amèrement, avec le roi et ses serviteurs. Quelle douleur et quelle honte dans la maison de David !
David est placé devant un dilemme douloureux. Son cœur est déchiré entre les sentiments d’un père qui veut pardonner à un fils particulièrement affectionné et les responsabilités du roi chargé d’exercer le jugement.
La pensée de Dieu, confirmée par la loi, était formelle : l’expiation du sang ne pouvait être faite que par le sang de celui qui l’avait verséGenèse 9. 6 ; Nombres 35. 33. Dans des cas antérieurs, comme celui de l’Amalékite (1. 15), et celui des fils de Rimmon (4. 12), David était intervenu sans faiblesse. Mais c’était avant sa propre chute. Reconnu de tous comme le vrai meurtrier d’Urie, pouvait-il maintenant exercer le jugement ?
Conscient de ce qu’il mérite, Absalom prend la fuite et se réfugie chez Talmaï, le père de sa mère Maaca (3. 3). C’était le roi de Gueshur, qui régnait sur un peuple ennemi d’IsraëlJosué 13. 2, 3. Pourquoi David avait-il épousé cette étrangère ? Il récolte maintenant le triste fruit de sa désobéissance à la loiExode 34. 12-16 ; son fils devient un meurtrier.
Voilà David menant deuil sur cette deuxième perte d’un fils. A la mort de l’enfant de Bath-Shéba, il avait été consolé par la naissance de Salomon. Maintenant, il apparaît que son ardent désir de revoir Absalom lui fait presque oublier la mort d’Amnon (verset 39) 2. Toutefois, l’éloignement d’Absalom dure trois ans, et David manifeste de la réserve à son égard, malgré sa partialité, en le maintenant éloigné : “qu’il se retire dans sa maison et qu’il ne voie point ma face” (14. 24). Deux ans de plus s’écouleront avant que le fils ne voie son père.
David, malgré son rétablissement, ne retrouve pas son niveau spirituel antérieur. Dès lors, il est de moins en moins un type de Christ, il représente plutôt un croyant responsable et sous la discipline.
Quelle mise en garde pour nous ! Ayons donc en horreur le mal, et n’admettons aucun manquement dans notre vieRomains 12. 9. Les conséquences pourraient en être douloureuses.