Dieu, dans sa sagesse, conduit tous les événements pour accomplir son dessein qui était de placer David sur le trône d’Israël. Tous les opposants disparaissent les uns après les autres dans des circonstances variées, souvent violentes. Le futur roi peut ainsi rassembler tout le peuple.
David a bien conscience que sa fuite à Tsiklag avait été une grave erreur. S’il était resté en Israël dans le lieu fort, dès la mort de Saül tout le peuple serait venu à lui. Sa popularité n’était-elle pas bien plus grande que celle d’Ish-Bosheth ?
Ainsi, tout éloignement du chemin où Dieu veut nous voir marcher est à notre détriment et retarde la bénédiction que le Seigneur nous réserve.
Quelle différence entre Ish-Bosheth et David ! La foi de ce dernier était semblable à l’aiguille d’une boussole : elle oscille sous l’effet des secousses, mais revient toujours au pôle qui l’attire. Ainsi David, dans toutes ses détresses revient toujours à Dieu. C’est en l’Éternel seul qu’il se fortifiait1 Samuel 30. 6 ; Psaume 62. 1, 2, 6.
Ish-Bosheth, au contraire, se reposait entièrement sur un appui humain, Abner. Sa disparition le laisse complètement désemparé. Voilà donc un homme mettant sa confiance en l’homme. Quelle situation précaire et dangereuse pour Israël et pour son roi !
Il en a été et il en est de même pour le peuple céleste de Dieu sur la terre. Dès que l’Église a eu besoin d’une succession apostolique visible pour la conduire, elle n’était plus celle “qui monte du désert s’appuyant sur son bien aimé” Cantique des cantiques 8. 5. En faisant appel aux puissants de ce monde, elle a abandonné la foi pure et simple, elle a perdu son autorité morale pour s’opposer au mal ; de plus, elle a ruiné son témoignage devant le monde.
Le cours du récit est interrompu pour rapporter un fait antérieur, situé au moment de la mort de Jonathan. Un de ses enfants, Mephibosheth, avait cinq ans à la mort de son père.
Sa nourrice avait voulu protéger ce descendant de Saül d’une vengeance possible de David. Elle ignorait peut-être les engagements de David avec Jonathan1 Samuel 20. 16, 17 ; 23. 18 et avec Saül1 Samuel 24. 22, 23. Elle méconnaissait certainement le cœur du roi.
La chute de cet enfant dans la fuite hâtive avait-elle provoqué l’infirmité ou simplement aggravé une infirmité déjà existante depuis la naissance ? Quoi qu’il en soit, nous avons là une image de l’infirmité innée et acquise de tous les hommes. La pensée sera reprise plus loin (chapitre 9).
Cet épisode trouve sa place ici pour montrer que ce seul pauvre rescapé de la maison de Saül, était bien inapte à assurer la succession au trône de son grand-père.
Deux fils de Rimmon, Baana et Récab, profitent de leur fonction d’intendance pour s’introduire dans la maison d’Ish-Bosheth où il se reposait et ils l’assassinent lâchement. Le crime est raconté deux fois (versets 6, 7) comme pour attirer l’attention sur le caractère odieux de cet acte. La décapitation après le meurtre devait apporter à David la preuve évidente de la mort d’Ish-Bosheth.
Mais Récab et Baana, comme leur concitoyens, et comme la nourrice de Mephibosheth, ignoraient le cœur miséricordieux de David. Croyant lui plaire, ils se vantent de leur forfait auprès de lui ; au contraire, ils découvrent, trop tard et à leurs dépens, qu’il n’y avait aucune violence dans la main du roi1 Chroniques 12. 18.
Devant le juste châtiment immédiat que David leur infligeGenèse 9. 6, tous les autres Beérothiens prennent peur et s’enfuient à Guitthaïm. Cette débandade (verset 3) a donc eu lieu après la mort d’Ish-Bosheth.
Ces deux criminels, sous couvert de paroles pieuses, prétendaient défendre les intérêts de David, et pensaient s’acquérir ainsi ses faveurs. En fait, c’était un nouveau piège subtil tendu sur les pas de David.
A la mort de Saül, David n’avait pas succombé à la tentation présentée par l’Amalékite. Maintenant, il ne pouvait pas plus s’associer au crime d’Ish-Bosheth. David avait donc appris cette leçon fondamentale, que Dieu seul avait racheté son âme de toute détresse (verset 9). Son refus catégorique est un bel exemple pour nous.
Certes, Dieu peut, dans sa souveraineté, se servir de qui il veut. Mais le fait qu’une personne ait été un instrument pour accomplir le plan divin ne nous autorise pas à nous associer à elle. Les exemples dans la Parole ne manquent pas : le Pharaon, Balaam…
David se plaît toujours à reconnaître les qualités de ses adversaires, Saül et Abner en particulier. Il parle d’Ish-Bosheth comme d’un homme juste (verset 11). Certes, il n’était pas juste devant Dieu, mais il n’était pas coupable comme ses deux assassins.
Le jugement et son exécution immédiate devaient être exemplaires. En quelques mots, David donne les raisons de son verdict. Ils étaient encore plus coupables que l’Amalékite, meurtrier du roi Saül. Aussi, devaient-ils mourir. Leurs mains, instruments du crime, sont coupées, ainsi que leurs pieds, qui avaient été “rapides pour verser le sang” Ésaïe 59. 7 ; Romains 3. 15. La malédiction est leur partage (verset 12) Deutéronome 21. 23.
Enfin, David rend un dernier honneur à Ish-Bosheth, en déposant sa dépouille à Hébron, le lieu de sépulture des patriarches. Ainsi, une fois de plus, David dans sa droiture est délivré de tous ses ennemis, car “les chevilles de ses pieds n’avaient pas chancelé” (22. 37) Psaume 18. 37.