Achab semble trouver, dans la visite que lui fait Josaphat, une occasion pour aller reprendre Ramoth de Galaad aux Syriens. Ben-Hadad n’avait pas tenu ses promesses (20. 34) ; le projet d’Achab semblait justifié, d’autant plus que Ramoth était une des villes de refuge pour l’homicide. Connaissant la piété de Josaphat, Achab avait peut-être trouvé ce prétexte pour l’entraîner dans la guerre.
Mais pourquoi le pieux Josaphat était-il venu chez Achab ? C’est parce que son fils, Joram, avait pour femme une fille d’Achab2 Chroniques 21. 6. Ceci perdit Joram, fit trébucher son père, qui alla jusqu’à s’identifier lui-même avec Achab, et son peuple avec celui du roi d’Israël. C’était là mépriser l’Éternel et, en pratique, associer son nom au système religieux impie du royaume d’Israël.
Achab ne craint pas Dieu, mais il est religieux. Quand Josaphat désire s’enquérir de la parole de l’Éternel, Achab a à sa disposition quatre cents prophètes, qui prétendent connaître la pensée du Seigneur.
Cette démonstration ne trompe pourtant pas Josaphat. Il demande “un prophète de l’Éternel”. Il y en avait bien encore un, mais Achab le haïssait, parce que Michée, fils de Jimla – qui parlait de la part de Dieu – ne pouvait que lui prophétiser du malÉsaïe 3. 11.
Tous les prophètes d’Achab lui promettaient la victoire. Le messager envoyé auprès de Michée lui dit, en fait : “N’ayez pas pour nous des visions de droiture ; dites-nous des choses douces, voyez des tromperies” Ésaïe 30. 10.
Et Michée fait d’abord entendre à Achab ce qu’ont dit les faux prophètes : il répond au sot selon sa folie, de peur qu’il ne soit sage à ses propres yeuxProverbes 26. 5.
Adjuré par Achab – qui comprend confusément que le prophète a autre chose à lui dire – Michée expose ce que l’Éternel lui a montré. Tout d’abord, Michée a vu Israël dispersé et sans berger : « Que chacun rentre chez soi en paix plutôt que de faire une guerre inutile. »
Ensuite, le prophète a vu l’Éternel assis sur son trône. Il lui a été donné d’assister à une séance du gouvernement divin. L’armée des cieux est près de l’Éternel, prête à le servir. Ce sont quelques-uns des agents dont Dieu dispose pour accomplir ses desseins. Par la volonté de Dieu, Achab tombera à Ramoth de Galaad.
La brutalité de Sédécias, sa prétention à avoir eu l’Esprit de l’Éternel, sont choses vaines. Achab a compris le sens de ce message dès les premiers mots (verset 18), mais plutôt que de se tourner vers Dieu pour implorer sa miséricorde, il condamne durement le prophète. Emmené en prison, le fidèle Michée répète son message et l’adresse aussi aux “peuples”, c’est-à-dire publiquement pour qu’il serve de témoignage que Dieu a parlé, quand son accomplissement aura lieu.
Espérant ne pas être reconnu par les Syriens, Achab se déguise ; mais il engage son allié à se revêtir de ses vêtements royaux, pensant attirer ses ennemis contre Josaphat !
Dans une alliance avec l’incrédule, l’enfant de Dieu est toujours en danger. En effet, comme l’avait prévu Achab, les chefs des chars se détournèrent vers le roi de Juda, pensant que c’était le roi d’Israël.
Josaphat comprit sans doute, à ce moment, que sa coupable alliance avec Achab le menait à la mort. “Et Josaphat cria” (verset 33). Et, parce que “les yeux de l’Éternel sont sur le juste, et que ses oreilles sont ouvertes à leur cri…, il les délivre de toutes leurs détresses” Psaume 34. 16, 18.
Mais l’Éternel voulait aussi que Josaphat comprenne combien avait été grave, à ses yeux, son alliance avec Achab. Le prophète Jéhu lui dira : « As-tu compris ce que tu as fait ? » “Aides-tu au méchant, et aimes-tu ceux qui haïssent l’Éternel ?” 2 Chroniques 19. 1, 2 Cette répréhension eut d’heureux effets sur ce roi pieux, car il ramena le peuple à l’Éternel2 Chroniques 19. 4-7.
Quant à Achab, malgré sa ruse et sa dissimulation, il ne put échapper à la sentence divine. Une flèche, tirée “à l’aventure” l’atteignit là où son armure ne le protégeait pas. Il n’y a pas de hasard pour Dieu. “On jette le sort dans le giron, mais toute décision est de par l’Éternel” Proverbes 16. 33, et celui qui se confie en l’Éternel “n’a pas peur de la flèche qui vole de jour” Psaume 91. 5.
Achab, frappé à mort, est ramené à Samarie, où il est enterré ; mais les chiens léchèrent son sang, “selon la parole de l’Éternel” (21. 19).
Sa vie, dont le sang est une figureLévitique 17. 11, est ainsi associée à ce qui représente l’impureté : les chiens.
En apparence le règne d’Achab avait été prospère. Mais il avait fait ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, et c’est ce jugement qui demeure.
En contraste avec l’histoire d’Achab, celle de Josaphat est caractérisée par la fidélité à l’Éternel. Son règne n’a pas été exempt de faiblesses : son alliance avec Achab en était une, de même que son association avec Achazia, fils d’Achab, pour aller chercher de l’or. Mais là, l’Éternel l’arrêta en brisant les navires, et Josaphat se soumit2 Chroniques 20. 35-37.
Le premier livre des Rois résume en trois versets le règne d’Achazia : “Il fit ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel… il marcha dans la voie de Jéroboam, fils de Nebath, qui fit pécher Israël”.
Ainsi, l’Esprit Saint revient à l’origine du mal qui a caractérisé les rois d’Israël. Ce mal est l’idolâtrie, c’est-à-dire la satisfaction des convoitises de l’homme, au détriment de l’obéissance à la parole de Dieu.