Nous avons déjà remarqué l’indifférence, sinon l’hostilité d’Achab à l’égard des commandements de l’Éternel. Achab ne pensait qu’à lui-même ; aussi lorsqu’il convoita une vigne voisine de son palais, à Jizreël1, il s’irrita du refus qui lui fut opposé, car il ne pouvait en comprendre la raison.
Pour Achab, une vigne en valait bien une autre, ou bien elle pouvait être achetée. Mais pour Naboth, cette vigne était l’héritage de ses pères, qui eux-mêmes l’avaient reçu de l’Éternel. À ce titre elle lui était précieuse.
De plus, tout Israélite pieux savait qu’en réalité, le pays appartenait à l’Éternel. “Le pays ne se vendra pas à perpétuité, car le pays est à moi ; car vous, vous êtes chez moi, comme des étrangers et comme des hôtes. Et dans tout le pays, vous donnerez le droit de rachat pour la terre” Lévitique 25. 23, 242.
Une fois encore, Achab, en conflit avec la parole de Dieu, rentre chez lui, triste et irrité, affligé du refus de Naboth.
Dans ce récit, plus encore qu’au chapitre 19, Achab agit de façon abominable en laissant sa femme Jézabel abuser de l’autorité royale comme il n’aurait pas osé le faire.
Le renversement de l’ordre établi par Dieu dans la création, ne peut que conduire à la violence et à la corruption. “Quant à mon peuple, des enfants l’oppriment et des femmes le gouvernent. Mon peuple ! Ceux qui te conduisent te fourvoient et détruisent le chemin de tes sentiers” Ésaïe 3. 12.
Jézabel utilise le sceau du roi pour transmettre aux administrateurs de sa ville, un projet de meurtre délibéré qui ordonne cyniquement des témoignages mensongers au sujet de Naboth. Ce sont les armes habituelles de Satan, “meurtrier dès le commencement… menteur et père du mensonge” Jean 8. 44. Tels sont encore les moyens que la Jézabel symbolique emploie dans l’Église, se disant prophétesse pour enseigner et égarer les esclaves du Fils de DieuApocalypse 2. 203.
Le complot aboutit au meurtre de Naboth, et Jézabel dit à Achab : “Lève-toi, prends possession de la vigne de Naboth…” Achab obéit à sa femme et va s’emparer de l’héritage volé à Naboth… et à l’Éternel.
Le récit du meurtre de Naboth, l’homme pieux et fidèle en Israël, évoque de façon saisissante les agissements des chefs du peuple juif contre Jésus :
Les mobiles du meurtre sont aussi ceux que le Seigneur met en évidence dans la parabole des vignerons : “Celui-ci est l’héritier ; venez, tuons-le et possédons son héritage” Matthieu 21. 38.
Pour la troisième fois, au cours de son service, Élie va rencontrer Achab, pour lui faire part de la parole de l’Éternel à son sujet.
“As-tu tué, et aussi pris possession ?” À quatre reprises (versets 15, 16, 18, 19) le crime d’Achab est ainsi défini : il a pris possession, c’est-à-dire qu’il a extorqué ce qui appartient à l’Éternel, au prix d’un meurtre. Jézabel lui avait dit : “Je te donnerai la vigne de Naboth”. En l’acceptant de sa main, Achab s’était vendu à elle.
Mais il va apprendre que le pays appartient toujours à l’Éternel. Ce qu’il croit posséder lui sera ôté ; sa postérité sera retranchée, sa maison détruite. Et Jézabel, qui l’avait poussé au mal, connaîtra une fin honteuse.
“On ne se moque pas de Dieu : car ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera” Galates 6. 7.
Or Achab s’humilie en entendant les paroles de l’Éternel : il jeûne, prend les vêtements du deuil. Dieu sonde son cœur ; il sait ce qu’il adviendra de cette affliction d’un moment. (Car, bien vite, Achab montre qu’il écoute toujours les faux prophètes.) Mais Dieu tient compte du moindre mouvement vers lui ; il retarde l’arrivée du mal annoncé, donnant ainsi à Achab un encouragement à persévérer dans la voie du repentir.
Et, dans sa grâce, Dieu enverra encore des prophètes pour avertir son peuple et l’appeler à revenir à lui. “Car ainsi dit l’Éternel à la maison d’Israël : Cherchez-moi, et vous vivrez” ; et Amos, l’un des derniers prophètes d’Israël, ajoute : “Cherchez l’Éternel, et vous vivrez” Amos 5. 4, 6.