Les paroles : “Je vous ai écrit dans la lettre, de ne pas avoir de commerce avec les fornicateurs” (verset 9) ne se rapportent pas nécessairement à une lettre que Paul aurait écrite auparavant aux Corinthiens. L’emploi du passé plutôt que du présent se retrouve plusieurs fois dans les épîtres du N.T. Galates 6. 11 ; 1 Jean 2. 21, 26. L’apôtre Paul emploie cette tournure pour souligner l’importance de ce qui précède ou de ce qu’il est en train d’écrire. Il reprendra d’ailleurs plus loin, en le justifiant, l’avertissement relatif au commerce avec les fornicateurs (verset 11).
“Commerce” signifie : “contact personnel sur un plan social” ; ce terme est plus faible que “communion” qui implique une relation étroite. L’avertissement contient une restriction : “non pas absolument avec les fornicateurs de ce monde, ou les avares et les ravisseurs, ou les idolâtres, puisqu’ainsi il faudrait que vous sortissiez du monde” (verset 10). Ici, le monde désigne la création dans laquelle Satan a introduit le péché. Le chrétien vit dans ce monde, mais demeure étranger à ses principes moraux. Il ne peut pas avoir communion avec les fornicateurs, les avares, les ravisseurs et les idolâtres du monde ; il est cependant contraint de les rencontrer quotidiennement, par exemple dans les relations de voisinage ou de travail.
Refuser ces contacts avec les gens de ce monde reviendrait effectivement à sortir de cette création. Les ermites et les moines du Moyen Age s’étaient engagés dans une telle voie. Mais ce principe monacal, associé souvent à des règles d’ascétisme1, ne change pas l’homme et ne peut produire qu’une grande misère morale. Au contraire, le chrétien est un étranger céleste laissé dans le monde, non pour s’isoler de cette création, mais au contraire pour y rendre témoignage pour son Seigneur dans la séparation de tout malJean 17. 15, 18, 19.
C’est pourquoi, en réitérant son avertissement à l’égard de cette séparation du mal, Paul ajoute : “Mais, maintenant, je vous ai écrit que, si quelqu’un appelé frère est fornicateur…” (verset 11) Auparavant (versets 6-8), il avait utilisé l’image de la pâte sans levain, pour montrer aux Corinthiens leur pureté et leur sainteté aux yeux de Dieu, ainsi que le danger du levain.
Même si le mal dans le monde était chose courante, ils ne pouvaient, en tant qu’enfants de Dieu, le tolérer ni pour eux-mêmes ni chez d’autres. Pour cette raison, Paul les exhorte à ne pas avoir de relation avec quelqu’un appelé frère qui vit dans un état de péché notoire. Celui qui reconnaît être né de nouveau, et qui le montre dans sa vie, a le droit d’être appelé frère. Il est vrai que tout frère (ou sœur) peut pécher. Mais quand le péché est reconnu et confessé, il y a pardon. Seulement, si “quelqu’un appelé frère” vit publiquement dans le péché, l’apôtre soulève même la question de la réalité de sa conversion.
A l’évidence, les péchés mentionnés ici (leur liste n’est pas limitative) ne sont pas des péchés cachés ou des manifestations occasionnelles de la chair, aussi affligeantes que soient ces dernières. Non, il s’agit ici d’un mauvais état persistant du cœur qui rend impossible toute communion.
Les paroles : “que vous ne mangiez pas même avec un tel homme” ne se limitent pas à la participation à la cène du Seigneur ; même un simple repas est interdit, comme toute autre expression de communion avec une personne dont la mauvaise conduite évidente a jeté un tel déshonneur sur le Seigneur Jésus. Toute relation personnelle avec cette personne serait une approbation de sa mauvaise conduite. Il incombe à la responsabilité personnelle de tout enfant de Dieu qui a le désir de suivre fidèlement son Seigneur, d’obéir à cette sérieuse injonction. La rupture des relations avec celui qui vit dans le péché est destinée à provoquer le retour et la repentance.
La fin du chapitre (versets 12, 13) distingue clairement le “dedans” du “dehors”. Dehors sont ceux qui ne connaissent pas Christ comme Rédempteur et Seigneur. Dieu jugera ceux du dehors dans un temps à venir. L’assemblée s’occupe aujourd’hui de ceux du dedans.
Quant à sa position, tout croyant est normalement “dedans”, tandis que l’incrédule est “dehors” Colossiens 4. 5 ; 1 Thessaloniciens 4. 12 ; 1 Timothée 3. 7. A Corinthe, il en était ainsi pratiquement. Dans “l’assemblée de Dieu qui est à Corinthe”, il ne manquait aucun des “sanctifiés dans le Christ Jésus”.
Aujourd’hui, la chrétienté se trouve dans un état de confusion Elle abrite des croyants fidèles et des croyants vivant ouvertement dans le péché Si la discipline selon la Parole n’est pas exercée parmi eux, le chrétien fidèle ne peut quand même pas exprimer la communion avec ceux dont la Bible dit : “Ôtez le méchant du milieu de vous-mêmes”. La Parole de Dieu garde toujours sa validité.
A ces principes se rattache l’exercice nécessaire de la
Ici, il ne s’agit plus de la responsabilité personnelle de chaque croyant, mais de la mission déjà dévolue à l’assemblée (verset 2). C’est l’acte ultime, auquel l’assemblée ne peut se soustraire – souvent au terme de nombreux efforts affectueux de la part de plusieurs – dans une humiliation profonde, dans la conscience de sa responsabilité envers son Chef qui est au ciel. Mais, alors même que l’assemblée ne peut plus intervenir, l’Esprit de Dieu peut produire la repentance, le retour, la restauration et la joie de la communion retrouvée.