De nombreux chrétiens, d’origine juive ou païenne, vivaient à Rome, comme l’épître le montre, et en dépit du décret de Claude qui avait commandé que tous les Juifs sortent de RomeActes 18. 2. La Parole garde toutefois un silence complet sur les instruments que le Seigneur avait utilisés pour établir son témoignage dans cette ville. L’épître n’apporte aucun indice prouvant que Pierre ait été à Rome ou s’y soit trouvé à ce moment-là. Paul n’y avait jamais été et ne se proposait pas de s’y rendre immédiatement ; il montait maintenant à Jérusalem avec des secours pour les pauvres de l’assemblée (verset 25).
Le christianisme s’est donc établi de lui-même à Rome, sans le travail d’un architecte identifié. Ainsi Dieu n’a pas permis que la chrétienté romaine ait un fondement apostolique. Au reste, Dieu ne choisit pas les capitales du monde pour en faire le centre de son œuvre. Dans l’histoire d’Israël au temps de Josué, “Hatsor était auparavant la capitale de tous ces royaumes”. Or, c’est la seule ville détruite par Dieu au moment de la conquête du pays du NordJosué 11. 10, 13. Dieu ne confie pas son témoignage sur la terre à la puissance ou à la gloire du monde, ce que symbolisait Rome au temps des apôtres. Pourtant, Dieu avait un peuple nombreux pour lui dans cette ville.
Paul montait donc à Jérusalem avec des aumônes à sa nation et des offrandesActes 24. 17. Déjà une première fois, il s’était chargé (avec Barnabas) de porter des dons aux frères dans le besoin en JudéeActes 11. 27-30. Le cas se présentait à nouveau ; les croyants de Macédoine et d’Achaïe (deux provinces grecques où se trouvaient respectivement Philippes et Corinthe) avaient à cœur de secourir les pauvres à Jérusalem. Cette expression d’amour pratique est mentionnée aussi par Paul aux Corinthiens2 Corinthiens 8. 1, 2 ; 9. 21. Ce don était comme un parfum de bonne odeur, agréable à DieuPhilippiens 4. 18. En même temps, c’était pour les croyants des nations (de Corinthe en particulier), comme le remboursement d’une dette morale : ayant participé aux biens spirituels de leurs frères (les croyants juifs de Jérusalem), ils devaient maintenant leur venir en aide dans le domaine matériel (verset 27).
Paul, guidé par de louables affections naturelles pour son peuple selon la chair, se chargeait de porter ces dons qui étaient un fruit de la grâce. Ce service était-il celui que l’Esprit Saint plaçait devant lui au moment où l’Europe occidentale s’ouvrait à ses regards pour y annoncer l’évangile ?
Après avoir accompli ce service, l’apôtre comptait s’arrêter à Rome sur le chemin de l’Espagne, “dans la plénitude de la bénédiction de Christ” (verset 29). Conscient des difficultés et des dangers qui l’attendaient dans son voyage à Jérusalem, Paul demande le secours des prières des Romains. Il souhaite qu’ils puissent combattre par leurs prières, comme EpaphrasColossiens 4. 12, de sorte que l’apôtre soit délivré des incrédules en Judée (versets 30, 31) 2.
Les circonstances n’ont pas confirmé le souhait de l’apôtre. Son arrivée à Jérusalem termine son troisième voyage missionnaireActes 21. 15, 16. Pourtant, sur sa route, le Saint Esprit l’avait averti des liens et des souffrances qui l’attendaientActes 20. 23 ; 21. 11. Pris à Jérusalem à la suite du complot des Juifs contre lui, il a connu la prison et a vu la fin de son service public. Il a bien été délivré de la main des incrédules de Judée, mais par l’intervention providentielle du pouvoir romain qui l’a gardé prisonnier.
Toutefois, Dieu a dirigé toutes choses pour sa propre gloire et le bien de son serviteur. Le nom du Seigneur a bien été porté devant “les rois” Actes 9. 15 ; les liens de l’apôtre ont même donné de la hardiesse à d’autres pour prêcher l’évangilePhilippiens 1. 14.
Transféré à Césarée (siège de la garnison romaine), il a été détenu là deux ans, avant d’aller à Rome pour comparaître devant l’Empereur. Sa captivité à Rome a été adoucie par les conditions matérielles favorables permises par le Seigneur envers son cher serviteur. Pendant ce séjour de deux ans, il a pu parler de Christ avec hardiesse, sans empêchementActes 28. 30, 31. Il a écrit les deux épîtres qui révèlent les desseins de Dieu relativement à Christ et à l’assemblée (Éphésiens et Colossiens), comme les deux messages de la grâce divine dans la vie chrétienne (Philippiens et Philémon). Si l’épître aux Hébreux a été écrite par lui, elle se place au même momentHébreux 13. 23.
L’apôtre a-t-il été ensuite libéré pour reprendre un ministère public ? Son projet de visiter l’Espagne s’est-il réalisé ? La Parole ne le dit pas et place sur cette période de la vie de Paul un voile que nous ne cherchons pas à lever. Que de secrets sont ainsi cachés dans le cœur d’un serviteur, connus seulement de son maître ! Gardons le souvenir de la tendresse du Seigneur envers Paul au soir de sa comparution devant le sanhédrin. “Le Seigneur se tint près de lui et dit : Aie bon courage” Actes 23. 11. Le témoin du Seigneur était peut-être lié de chaînes comme un malfaiteur ; mais il était fidèle à son maître, intègre devant les hommes et profondément heureux en lui-mêmeActes 26. 29. N’est-il pas là un modèle pour nous, dans la mesure où il reflétait Christ1 Corinthiens 4. 16 ; 11. 1 ; Philippiens 3. 17 ?
Les circonstances de Paul sont une illustration frappante de cette déclaration : “Il y a beaucoup de pensées dans le cœur d’un homme ; mais le conseil de l’Éternel, c’est là ce qui s’accomplit” Proverbes 19. 21. Dieu est bien au-dessus de tous nos projets pour réaliser ses pensées et tout faire concourir à notre bien (8. 28).
Le chapitre se termine sur une note heureuse de joie et de paix, avec la courte mais ardente prière de l’apôtre : “Que le Dieu de paix soit avec vous tous ! Amen” (verset 33). Puisse ce désir de l’apôtre se réaliser pour chacun de nous !