Malgré les circonstances pénibles, l’apôtre manifeste sa joie en Christ. C’est avec joie qu’il prie pour les Philippiens (1. 4), avec joie qu’il voit l’évangile annoncé (1. 18). Il envisage avec confiance sa libération prochaine et la poursuite de son service pour leurs progrès spirituels et leur joie (1. 25). L’amour fraternel et la communion partagée est aussi une joie pour lui (2. 2). Même ses souffrances pour Christ sont une source de joie (2. 17, 18), ainsi que le voyage attendu d’Épaphrodite (2. 29). Mais il est une joie infiniment plus profonde, au-dessus de toutes, sur laquelle il insiste plus loin dans l’épître (4. 4), c’est la joie dans le Seigneur.
Se réjouir dans le Seigneur est un des secrets du dévouement pour Christ. C’est ce qui permettait à Paul et Silas de chanter en prison et d’annoncer l’évangile au geôlierActes 16. 25-34, de ne pas être découragé par les adversaires, de stimuler et d’encourager les frères.
Comment une telle joie peut-elle être produite et entretenue en nous ? Par le Seigneur lui-même. La nuit où il fut livré, il a encouragé les siens par ses paroles, leur donnant sa paixJean 14. 27, les invitant à demeurer en lui pour porter du fruit et à demeurer dans son amour, c’est à dire dans une intime communion avec lui. Cette proximité est maintenue et fortifiée par l’obéissance à sa Parole et par la dépendance manifestée dans la prière. C’est ainsi que la joie du Seigneur est en eux, une joie complèteJean 15. 4-11 ; 16. 24-26.
Nous devons au Seigneur de manifester cette joie. Des pensées sombres, des sentiments d’incrédulité engendrent crainte, doute, mécontentement et désir des choses du monde. Quand le peuple d’Israël ne chante plus les louanges de Dieu, il commence à murmurer et à se décourager à la première difficultéExode 15. 1, 22-24 ; il devient vulnérable aux attaques de l’ennemi. Quand les Juifs, sous l’impulsion de Néhémie, reconstruisent la muraille de Jérusalem, face aux ennemis, ils peuvent se réjouir en écoutant la parole de Dieu, car la joie de l’Éternel est leur forceNéhémie 8. 10. La joie dans le Seigneur est une sauvegarde contre les pièges du diable ; elle va de pair avec une vraie connaissance du Seigneur et de sa grâce. Nous ne pourrons être gardés de tout égarement, de tout danger, que dans la mesure où nous chercherons force et joie en lui seul.
Depuis que l’Évangile est annoncé, l’ennemi a toujours essayé d’en empêcher la réception ou d’en dénaturer le message. Ainsi, peu de temps après sa formation, Antioche, la première assemblée des nations, est l’objet d’une de ses attaques : des Juifs, se disant chrétiens, enseignent qu’on est sauvé, non seulement par la foi au Seigneur Jésus mais aussi en suivant la loi de Moïse, et en particulier en respectant la circoncision. Ce qui revient à dire qu’un païen doit respecter les coutumes juives pour devenir chrétien. Plus qu’un retour au judaïsme, cette doctrine est un mélange pernicieux entre la grâce et la loi ; elle dénature le message de la grâce divine et sous-entend que l’œuvre de Christ n’est pas pleinement suffisante pour le salut de l’âme. A cette occasion, Paul et Barnabas se sont élevés vigoureusement contre cette fausse pensée à la conférence de JérusalemActes 15. 1-21. Même si la question est résolue, l’ennemi ne désarme pas, et la même doctrine resurgit bientôt. S’attachant aux pas des apôtres, les mauvais ouvriers, tels des chiens, essaient d’introduire leur faux enseignement auprès des jeunes convertis. C’est un terrible danger, dans lequel étaient tombées les assemblées de la Galatie. L’histoire de l’Église nous apprend que cette fausse doctrine refait surface continuellement.
Aujourd’hui encore, on cherche parfois à “ajouter” à l’œuvre de Christ en disant : “il faut croire que Christ est mort pour nos péchés, mais il est nécessaire aussi d’être fidèle jusqu’au bout pour être sauvé”. Certes, il est tout à fait souhaitable d’être attaché au Seigneur et de ne pas profiter de sa grâce pour vivre dans le péchéJude 4. Mais, par ces paroles, sous une apparente piété, on rétablit, en réalité, une religion humaine, une sorte de salut par les œuvres, et on perd le bénéfice de l’œuvre parfaite de Christ à la croixGalates 5. 4.
La gravité de cette erreur explique la dureté de l’avertissement de Paul, qui dénonce les faux docteurs par trois termes :