“Vous m’avez dans votre cœur” peut être traduit aussi bien par : “Je vous porte sur mon cœur” (version la Colombe). Une affection réciproque lie l’apôtre et les Philippiens, ce qui se concrétise par une communion réelle et un vrai intérêt mutuel. D’un côté, Paul prie pour chacun d’eux (verset 4) et pense à chacun (versets 7, 8). De l’autre, tous les croyants de Philippes le soutiennent activement par leurs prières et leur don. Ainsi l’unité de l’Esprit est réellement vécueÉphésiens 4. 3.
Même si le fait d’avoir un ami en prison n’est pas bien considéré ou peut être dangereux à cette époque, ils n’ont pas honte de ses liens. Car ils sont en communion, non seulement avec Paul le prisonnier de l’empereur Néron, mais avec le héraut de l’évangile, celui qui a combattu “pour la défense et la confirmation de l’évangile”, celui qui a résisté aux attaques menées contre l’évangile et qui a travaillé de toutes ses forces pour le répandre jusqu’en Europe. Ils sont ses compagnons dans le combat et les souffrances. Ainsi l’état du cœur est-il mis en évidence par la réalité des affections pour ceux qui sont “en première ligne” dans l’œuvre de Dieu. Ceux qui sont attachés de cœur au Seigneur, sont liés aussi à son serviteur Paul.
Ainsi soutenu, l’apôtre peut penser à eux avec une vive affection, dans l’amour du Christ Jésus (verset 8). L’amour chrétien n’est pas le fruit d’efforts, mais d’une œuvre intérieure de Dieu ; il est versé dans nos cœurs par l’Esprit SaintRomains 5. 5. Ce n’est pas seulement l’amour de Paul qui est manifesté, mais l’amour de Christ à travers Paul. Venant de Dieu, cet amour grandira, si nous n’y mettons pas d’obstacles.
Après avoir dit pour qui il priait, Paul donne le sujet de ses prières. Ce sont quatre requêtes :
L’amour est le fondement, le point de départ de toute vie chrétienne et de toute croissance spirituelle. Un amour vivant grandit. Quand l’église d’Éphèse a perdu son premier amour, même si sa doctrine était correcte, elle a commencé à s’éloigner du Seigneur. Paul ne précise pas de quel amour il s’agit, mais qu’il soit pour le Père, le Fils, pour les frères ou les pécheurs, cet amour a sa source en Dieu. C’est ce que confirme la traduction littérale de 1 Jean 4. 19 : “Nous, nous aimons, parce que lui, le premier, nous a aimés”. Nourri de l’amour de Christ, notre amour grandira “en connaissance et toute intelligence”, dans la connaissance de la volonté du Seigneur et la compréhension de ses pensées.
Si l’amour abonde, la connaissance ne sera pas qu’intellectuelle1 Corinthiens 8. 1-3, mais spirituelle et sensible aux pensées de Christ. Elle mettra en jeu non seulement notre intelligence mais aussi notre cœur et permettra de discerner la volonté du Seigneur pour marcher d’une manière digne de luiColossiens 1. 9, 10. Choisir “les choses excellentes”, auxquelles le Seigneur prend plaisir et donne son approbationÉsaïe 56. 4 est le fruit d’un cœur qui l’aime et non le résultat d’un effort légaliste1.
Être pur peut se traduire par être limpide ou transparent devant Dieu et les hommes, dans une marche sans faux pas, jusqu’à son terme, “jusqu’au jour de Christ”, comme si nous devions comparaître aujourd’hui devant le tribunal de Christ1 Corinthiens 4. 4, 5 ; 2 Corinthiens 5. 9. Cette vie chrétienne de qualité, en pleine lumière, est-elle possible ? Existe-t-il sur terre un état de perfection pour le chrétien ? Celui qui prétendrait ne plus pécher est dans l’erreur1 Jean 1. 8, 10, car la chair est encore en lui. Mais pécher n’est pas inéluctable ; ce serait prendre sciemment son parti de déshonorer le Seigneur. L’apôtre Jean écrit pour que nous ne péchions pas1 Jean 2. 1 et Paul prie pour que nous ne bronchions pas. Comment ? En nous approchant du Seigneur et en le laissant agir en nous. Notre responsabilité est de puiser dans les trésors de sa grâce et de sa force. Même pour celui qui a péché, il existe une ressource : qu’il confesse et abandonne son péché, et il sera pardonnéProverbes 28. 13 ; 1 Jean 1. 9.
Produire du fruit, plus de fruit, beaucoup de fruitJean 15. 2, 5, 8, c’est ce que le Seigneur attend de ses disciples, ce qui glorifie le Père. Qu’il s’agisse du fruit de l’EspritGalates 5. 22 ou du fruit de la lumièreÉphésiens 5. 19, “fruit” est au singulier. Au-delà des actes visibles, le mot parle d’un état intérieur. Ce fruit est Christ visible dans les siens. Quant aux “fruits de votre justice” 2 Corinthiens 9. 10, ce sont des dons que l’assemblée de Corinthe envoyait à celle de Jérusalem.
Qui peut produire le fruit de la justice, sinon celui qui est justifié par la foi ? La chair ne peut plaire à DieuRomains 8. 8, car ses œuvres, opposées au fruit de l’Esprit, sont marquées par le péchéGalates 5. 19-21.
Comment porter ce fruit pour Dieu ? Un enfant de Dieu le peut, non par un effort ou une discipline personnelle, mais en demeurant attaché au Seigneur ; “car séparés de moi, vous ne pouvez rien faire” Jean 15. 5. Lié à Christ ressuscitéRomains 7. 4, demeurant dans la communion du Seigneur, le croyant portera du fruit “par Jésus Christ, à la gloire et à la louange de Dieu”. Le Père s’occupe de chacun de ses enfants ; il fait concourir toutes choses pour leur bienRomains 8. 28 ; il les discipline et les corrige pour les faire participer à sa sainteté, pour produire en eux “le fruit paisible de la justice” Hébreux 12. 11.
Ce fruit est aussi porté par ceux qui, remplis de la sagesse d’en haut, procurent la paixJacques 3. 17, 18 ; Ésaïe 32. 17, ceux qui sont appelés fils de DieuMatthieu 5. 9. Un tel fruit est une source de vie et de bénédiction : “Le fruit du juste est un arbre de vie, et le sage gagne les âmes” Proverbes 11. 30.