Les salutations dans les épîtres en sont aussi la signature. Elles présentent généralement un éclairage sur un aspect de la lettre. Ici, Paul ne s’appelle pas apôtre mais, en s’associant à Timothée, il est un simple esclave de Jésus Christ. Conviendrait-il qu’il en soit autrement dans une épître où Christ nous est décrit dans son anéantissement comme un esclave, fidèle jusqu’à la mort ? Non, le Seigneur lui-même avait dit : “l’esclave n’est pas plus grand que son seigneur, ni l’envoyé plus grand que celui qui l’a envoyé” Jean 13. 16 et aussi : “Il suffit… à l’esclave qu’il soit comme son seigneur” Matthieu 10. 24, 25. Ainsi, à la suite du Seigneur, puis de Paul, nous pouvons prendre cette place. En effet, nous avons été rachetés à grand prix de l’esclavage de Satan et du péché par notre Seigneur Jésus Christ1 Corinthiens 6. 20 ; 7. 23. Étreints par son amour, comment ne pas être les esclaves de celui qui pour nous est mort et a été ressuscité2 Corinthiens 5. 14, 15 ? Être esclave implique l’humilité et le dévouement, deux sujets développés dans cette épître.
Maintenant Paul s’adresse directement à tous les frères et sœurs de Philippes et non à l’assemblée dans son ensemble comme dans d’autres épîtres. En effet, puisqu’un des sujets de cette épître est l’expérience chrétienne, il est convenable qu’elle s’adresse à chaque croyant personnellement. De plus, il existait à Philippes des germes de division, comme le montre le début du chapitre 2, ainsi qu’un conflit entre deux sœurs. Paul s’adresse donc à tous sans distinction ni discrimination.
Ils sont, les uns et les autres, des “saints”. C’est la position de tout enfant de Dieu et non celle de quelques-uns plus « avancés » ou plus spirituels que d’autres. Nous sommes mis à part pour Dieu. Notre réelle identité en Christ est d’être saints, ce qui doit se traduire dans notre vie par une conduite et des paroles qui correspondent à cette positionÉphésiens 5. 3, 4 ; 1 Pierre 1. 15.
Parmi les saints de Philippes, comme dans toute assemblée en ordre, existent des surveillants et des serviteurs.
Le mot surveillant peut être traduit par ancien ou évêque. Ces frères sont cités après “les saints”, ils sont plusieurs comme ceux d’Éphèse que Paul avait fait appeler à MiletActes 20. 17, sans idée de hiérarchie. Le service des surveillants est de “paître l’assemblée de Dieu”. Comme des bergers, ils sont avec le troupeau et non au-dessus de luiActes 20. 28 ; 1 Pierre 5. 1-4. Ils ont été nommés par des apôtres ou leurs déléguésActes 14. 23 ; Tite 1. 5. Maintenant qu’il n’y a plus d’apôtre, nous n’avons pas d’instruction précise dans la Parole pour nommer des anciens, mais nous avons plusieurs exhortations à les reconnaître1 Timothée 3. 1-7 ; Tite 1. 6-9 et à nous soumettre à de tels hommes1 Pierre 5. 5 ; 1 Thessaloniciens 5. 12, 13.
Les serviteurs ou diacres, comme autrefois Philippe et Étienne qui avaient été choisis pour servir aux tablesActes 6. 5, 6, travaillent à différentes tâches matérielles pour le bien de l’assemblée. En portant à Paul un don de la part de ses frères, Épaphrodite est un serviteur de l’assemblée à Philippes. Les qualités requises d’un serviteur ou d’une servante sont décrites dans 1 Timothée 3. 8-13. Phœbé en est un exemple remarquableRomains 16. 1.
Paul commence toutes ses lettres par cette salutation, sauf dans les épîtres à Timothée, où il ajoute la miséricorde2 Jean 3. Ce n’est pas une simple formule de politesse, mais bien une demande réelle, inspirée par l’amour.
Déjà l’Éternel avait commandé à Aaron et à ses fils de bénir le peuple d’une façon similaire : “L’Éternel… use de grâce envers toi ! L’Éternel lève sa face sur toi et te donne la paix !” Nombres 6. 24-27 Par cette salutation, le nom de l’Éternel était invoqué sur le peuple. Dieu répondait en bénissant. Ici, la grâce et la paix sont “de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ”. L’épître se termine aussi, comme toutes les autres, par la mention de la grâce (4. 23). N’avons-nous pas besoin du secours de cette grâce de Dieu tous les jours de notre vieHébreux 4. 16 ? La paix est aussi appelée sur eux, non la paix avec Dieu que nous avons en étant justifiés par la foiRomains 5. 1, mais la paix de Dieu qui garde nos cœurs et nos pensées dans le Christ Jésus (4. 7), la paix que le Seigneur nous a laissée la nuit où il fut livréJean 14. 27.
Bien des années ont passé depuis la nuit où Paul était dans la prison de Philippes. Maintenant il est de nouveau prisonnier, mais à Rome ; son état d’esprit n’a pas changé. A Philippes, les pieds liés de chaînes, il chantait les louanges de DieuActes 16. 25. Ici, il rend grâces avec joie au sujet des Philippiens, avant de les exhorter de multiples fois à se réjouir dans le Seigneur. Le temps, les circonstances, l’adversité n’ont pas eu raison de la joie de Paul, ni de son enthousiasme. Il est plus occupé du Seigneur, de ses frères et sœurs et du travail du Seigneur que de lui-même.
“Je rends grâces à mon Dieu”, dit-il. Il connaît bien le Dieu en qui il se confie, le Dieu à qui il est et qu’il sertActes 27. 23. Réaliser la présence de Dieu fait toujours déborder le cœur de joie et d’actions de grâces et produit toujours un esprit d’intercession. Un vrai dévouement pour Christ se montrera premièrement par cet état de cœur. Les supplications de Paul pour les Philippiens sont fréquentes et constantes. N’est-il pas tous les jours assiégé par la sollicitude pour toutes les assemblées2 Corinthiens 11. 28 ? Ses prières ne sont pas seulement générales mais aussi personnalisées, “pour vous tous”, dit-il. Elles sont aussi une source de joie pour Paul à cause de la communion qui le lie aux Philippiens. En effet, ils montraient un intérêt réel et profond pour l’évangile et le service de Paul. Cet intérêt n’avait pas été une impulsion passagère, sans lendemain, mais se manifestait “depuis le premier jour jusqu’à maintenant”. Notre dévouement pour Christ est-il marqué par la persévérance ?
Les supplications de Paul sont fondées sur des certitudes. Il connaît celui à qui il s’adresse et il ne doute pas de son amour, ni de sa fidélité, ni de sa puissance. Dieu a commencé “une bonne œuvre” dans les Philippiens dès le premier jour (dès le premier contact avec le message de l’évangile) et il la mènera à terme jusqu’à son retour. Le travail de Dieu dans nos cœurs est plus important que notre travail pour lui. Il a le pouvoir de nous garder jusqu’au boutJude 24, et il est fidèle1 Corinthiens 1. 8, 9 ; 1 Thessaloniciens 5. 23, 24. Dans les derniers jours de sa vie, alors que tout semble aller de mal en pis, Paul pourra encore affirmer sa confiance absolue en celui en qui il a cru et qui est puissant pour accomplir ses promesses2 Timothée 1. 12.