Malgré sa situation précaire, Paul a des certitudes. Il sait qu’il sera sauvé, parce que les frères de Philippes prient pour lui et que l’Esprit de Jésus Christ le soutient. De quel salut parle-t-il ? Il ne s’agit pas de la délivrance de sa culpabilité d’homme pécheur, pour laquelle l’apôtre n’a aucun doute : “Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus” Romains 8. 1. Ce salut de l’âme, acquis par Christ à la croix, par le moyen de la foi, est un don de DieuÉphésiens 2. 8. Mais nous sommes aussi sauvés en espéranceRomains 8. 24, 25 : nous attendons la délivrance de notre corps, à la venue de Christ comme sauveur (3. 20) Hébreux 9. 28. Dans cette attente, nous avons besoin d’être gardés dans les circonstances quotidiennes, d’être délivrés des tentations et fortifiés dans les épreuves et les difficultés. En cela, Paul aussi avait besoin des prières des Philippiens.
Il compte aussi sur les secours de l’Esprit de Jésus Christ (verset 19) : non sur une seconde venue de l’Esprit, mais sur l’activité de l’Esprit de Dieu, qui aide le croyant à glorifier le Seigneur. Cette expression “l’Esprit de Jésus Christ” est unique : dans un monde mauvais, le croyant, comme un témoin, un combattant, est appelé à souffrir pour Christ (verset 29) et à le glorifier. Il suit Jésus l’homme rejeté, méprisé, celui qui comprend les épreuves car il les a traversées ; il suit Christ, celui qui est mort et a été ressuscité, celui qui intercède pour les siensRomains 8. 34.
Maintenant Paul dévoile son plus grand désir : glorifier Christ. Peu importe qu’il soit condamné à mort ou gracié, il souhaite ardemment, non magnifier Christ, mais que Christ soit magnifié dans son corps : s’oubliant lui-même, il désire que le Seigneur “grandisse” en lui, soit vu à travers le serviteur qui n’est qu’un instrument sans importance. Ainsi quand on voit un chrétien éprouvé, on discerne souvent la grandeur morale de Christ. Comme un télescope, le croyant donne une vue rapprochée de Christ.
Christ vit en luiGalates 2. 20, Christ est sa vieColossiens 3. 4 : la source intérieure et la puissance de sa vie. Il est aussi la manifestation extérieure de sa vie, son unique préoccupation, son seul but. “Pour moi, vivre c’est Christ” n’est pas une simple devise, c’est une réalité quotidienne.
Alors que l’ambition, l’argent, l’honneur, la puissance sont les mobiles des hommes de ce monde, et que la mort est la fin de tout celaLuc 12. 15-21 ; 1 Timothée 6. 7, pour l’apôtre au contraire, mourir est un gain, car la mort est le début d’une vie avec Christ. C’est une réalité pour tout croyant. Mais puis-je dire comme Paul : “Pour moi, vivre c’est Christ” ? Après des années de vie chrétienne, son enthousiasme et son engagement pour Christ sont toujours aussi forts. Que l’amour de Christ nous étreigne au point de vivre entièrement pour lui ! 2 Corinthiens 5. 14, 15
C’est la vraie source du dévouement, qui se manifestera par des prières et des actions de grâces, des intercessions (versets 3, 4, 9, 19), par un réel intérêt pour l’évangile (versets 5, 12), une hardiesse renouvelée (versets 14, 20), une conduite digne de l’évangile (verset 27), un cœur zélé dans le combat (verset 27), même à travers la souffrance (verset 30).
Question : Comment compléterions-nous cette phrase avec simplicité et droiture : Pour moi, vivre, c’est… et mourir, c’est…
Même s’il est à la veille d’un procès à l’issue incertaine, Paul n’est préoccupé que du service du Seigneur et du bien de l’Église. Il vaut la peine de vivre une telle vie. Pourtant mourir est un gain puisque c’est être avec Christ. L’apôtre sous-entend que l’âme continue d’exister en jouissant de la présence de Christ, en attendant la résurrection du corps. Il dit qu’il a le désir, non de mourir mais de “déloger”, terme employé par les soldats pour signifier : démonter sa tente et partir2 Corinthiens 5. 1-8 ou par les marins dans le sens de : larguer les amarres. C’est rompre les liens qui nous attachent à la terre, c’est s’en aller vers Christ, dans le repos, ce qui est bien préférable !
Mais Paul oublie son intérêt par amour pour ses frères. Connaissant leurs besoins spirituels et les soins du Seigneur pour eux, il a l’assurance qu’il doit encore demeurer en vie pour le service de son Maître et le bien de l’Assemblée. C’est une façon de “laisser sa vie pour les frères” 1 Jean 3. 16. Son retour aura trois conséquences :
Que de sujets de louange, quand nous sommes plus occupés de celui qui délivre que de la délivrance, plus attachés au donateur qu’à ce qu’il donne !