La vie chrétienne est souvent comparée à une course d’endurance, qui nécessite énergie et discipline1 Corinthiens 9. 24-26. De nombreux obstacles et entraves peuvent la retarder ou l’arrêter. Le péché est un obstacle majeur. Mais plusieurs fardeaux peuvent encombrer nos vies, assombrir nos pensées, et nous perdons de vue Christ, le but.
Tant qu’il est sur la terre, le croyant n’est pas arrivé au but, qui est d’être semblable à Christ dans la gloire. Quand nous le verrons comme il est, nous aurons atteint la perfection1 Jean 3. 2. En attendant, la course chrétienne se poursuit, avec le désir d’être chaque jour un peu plus transformé à Sa ressemblance, non à la suite d’efforts pour s’améliorer ou par l’obéissance à des règles, mais par le fruit d’un amour ardent pour le Seigneur.
Paul tendait de tout son être vers Christ. Quel était le secret de son énergie ? Il avait été “saisi par le Christ”. Sa rencontre sur le chemin de Damas, d’où découlait sa relation quotidienne avec Lui, avait radicalement transformé sa vie et sa vision des choses. Saisi par Christ, comme JérémieJérémie 20. 7 ou la bien-aimée du Cantique des CantiquesCantique des cantiques 1. 4, il était étreint par son amour. Plus on aura “soif” de Christ, plus on s’approchera de lui ; et plus on s’approchera de lui, plus on lui ressemblera2 Corinthiens 3. 18.
“Frères” : Paul introduit ainsi un appel pressant. Certains ne se sentaient-ils pas concernés, par indifférence, nonchalance ou autosatisfaction ? L’apôtre se sait lui-même loin du but, mais il a valeur d’exemple pour ses frères, car il “poursuit”. Et un chrétien en progrès est un encouragement pour les autres. La meilleure exhortation est toujours celle de l’exemple.
Quand l’objectif est fixé, il faut se consacrer entièrement à l’atteindre. Dans ce monde tout peut nous détourner du but : les biens terrestres, les soucis de la vie, les exigences du travail, la recherche des loisirs… Ces “obstacles” peuvent nous empêcher “d’achever notre course”, d’accomplir la mission que Dieu nous a donnée. Faire une seule chose, c’est fixer les yeux sur JésusHébreux 12. 2, avoir un œil simpleMatthieu 6. 22, 23. Comment réussir ? en s’y exerçant longtemps comme un musicien, en s’entraînant méthodiquement comme un athlète.
Contrairement à une course sportive où il n’y a qu’un vainqueur, dans la vie chrétienne chacun peut avoir la victoire. Et à “celui qui vaincra” Apocalypse 2, 3 est réservée une récompense. Chacun court seul, même si les chrétiens courent côte à côte. On peut mal commencer, mais bien finir, par la grâce de Dieu, comme JacobHébreux 11. 21. Par contre, Salomon a bien commencé et mal fini1 Rois 11. 1-8. Démas aussi, compagnon de travail de PaulPhilémon 24, s’est détourné de lui par amour du monde2 Timothée 4. 10.
Certains ne vivent que de souvenirs. C’est un défaut qui peut s’aggraver avec l’âge et qui, sous une apparente sagesse, produit un esprit de critique et stériliseEcclésiaste 7. 10.
D’autres occultent complètement les leçons du passé et, ne voulant pas en tirer profit, deviennent insensibles à leur mauvais état actuel. Ainsi le Seigneur a dit à l’église d’Éphèse : “Souviens-toi donc d’où tu es déchu, et repens-toi et fais les premières œuvres” Apocalypse 2. 5.
Alors oublier ce qui est derrière, ce n’est pas être superficiel, mais se détourner de ce qui fait obstacle à notre vie avec Christ ; oublier les chagrins, mais non les consolations de Dieu, oublier les blessures, les injustices subies, mais non le secours de Dieu, oublier nos erreurs (après les avoir jugées) mais non la miséricorde de Dieu. Ainsi l’apôtre Paul se souvient de son passé de persécuteur sans amertume ni culpabilité, et la conscience de la grâce de Dieu à son égard est un motif supplémentaire de son dévouement pour lui1 Corinthiens 15. 9, 10.
Il ne faut pas penser non plus qu’un succès ou une victoire passés donnent la force pour le présent, à l’exemple du peuple d’Israël, tout rempli de la prise de Jéricho, qui est allé vers la terrible défaite d’AïJosué 7. 3-5.
Paul a été contraint, à cause de la suspicion des Corinthiens, de parler de ses expériences extraordinaires2 Corinthiens 11. 16-33, ce qu’il appelle une folie. Et le Seigneur, pour le garder de tout orgueil, lui a envoyé une épreuve qui lui apprend que la grâce de Dieu est suffisante2 Corinthiens 12. 7-9. Se souvenir de nos victoires peut nous remplir d’orgueil, penser à nos échecs peut nous décourager. “Si notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur et il connaît toutes choses” 1 Jean 3. 20. Si nous confessons nos péchés, il nous pardonne1 Jean 1. 9, il ne s’en souvient plusHébreux 8. 12. Prenons-le au mot et oublions le passé en magnifiant sa grâce.
La nonchalance, sœur de la paresse, n’est pas une vertu chrétienne. Dieu la condamne sévèrement dans le livre des Proverbes. Il ne s’agit pas de déployer une énergie personnelle, mais de “joindre à la foi la vertu”, cette force spirituelle qui fait grandir dans la connaissance du Seigneur Jésus2 Pierre 1. 5-8. Avec l’énergie que Dieu donne, la vie chrétienne se vit au présent dans la perspective de l’éternité.
Paul a couru sans faire de détours. Quand Jacob le patriarche paraît devant le Pharaon d’Égypte, il a 130 ans, mais il dit que les jours de sa vie ont été courts et mauvais : il ne comptabilise comme positives que les années vécues en communion avec son Dieu, et non le temps perdu en détours et rébellionsGenèse 47. 9.
Quel est le but ? C’est la gloire avec Christ et Christ dans la gloire. Le prix accordé au vainqueur sera, là-haut, la satisfaction du MaîtreMatthieu 25. 21 et tout ce que Dieu a préparé pour le bonheur de ses enfants, pour sa gloire et celle de Christ.
A la fin de sa vie, Paul avait toujours la même énergie ; avec la même vision céleste, il ne s’était pas détourné du but, attendant l’apparition du Seigneur2 Timothée 4. 7, 8. Ce n’était pas le résultat d’un choix personnel. Paul avait conscience d’avoir été appelé par Dieu d’un “appel céleste”. Il ne s’agit pas de son appel spécial comme apôtre, mais de celui qui nous concerne tousRomains 1. 1, 6.
Paul vient de dire qu’il n’a pas atteint la perfection (verset 12) ; pourquoi dit-il maintenant : “nous tous qui sommes parfaits” ?
Il a souligné que le but céleste et glorieux ne sera atteint que plus tard, quand nous serons avec Christ. Maintenant, il parle de maturité spirituelle, d’être un homme fait, un adulte. La famille de Dieu est composée de petits enfants, de jeunes gens et de pères1 Jean 2. 13, 14. La croissance spirituelle normale peut être entravée de bien des manières : jalousie, querelles entre frères1 Corinthiens 3. 4, 5… Une fausse spiritualité nous pousse à imposer aux autres notre manière de voir, de faire. Un chrétien adulte sait discerner le bien du malHébreux 5. 14, aider ses frères en attendant un vrai travail de Dieu en eux.
Marcher dans le même sentier, c’est avancer ensemble dans la même direction, vers Christ. Il peut y avoir des différences de vue, mais non sur les vérités fondamentales, clairement définies dans les Écritures, ce que même un petit enfant dans la foi peut juger1 Jean 2. 20.
Nous devons tous tendre vers cet état de maturité spirituelle. Nous n’en aurons pas un sentiment de supériorité, mais avancerons avec la pensée que le Père s’occupe de chacun de ses enfants, travaille pour corriger ce qui doit l’être. Laissons-le agir en nous et en nos frères, sans brûler les étapes ni être impatient du résultat. Un frère sage disait : « Il ne faut jamais secouer l’arbre ! Quand le fruit est mûr, il tombe tout seul. »