Matthieu place le ministère du Seigneur dans la suite de celui de Jean le baptiseur. L’Évangile selon Jean (3. 22-24 ; 4. 1-3) nous présente d’abord Jésus en Judée ; là, les hommes mettent en parallèle son ministère avec celui de Jean le baptiseur. Dès lors, Jésus s’en va en Galilée, et Jean est jeté en prison ; c’est à ce moment-là que se situe le récit de Matthieu (verset 12).
Luc rapporte la venue de Jésus “à Nazareth où il avait été élevé” ; dans la synagogue, Jésus dévoile par l’Écriture prophétique la nature de sa mission, et laisse entrevoir son étendue au-delà d’Israël ; il est chassé de cette ville à cause de ces paroles. Il vient donc à Capernaüm, située au bord de la mer de Galilée (verset 13) ; elle sera appelée sa propre ville (9. 1).
La Galilée était une contrée d’Israël méprisée des habitants de Judée, en particulier des Juifs religieux :
La condition de ces Galiléens était bien misérable ; ils étaient plongés dans une profonde obscurité, prélude de la mort (verset 16). Dans le prophète Ésaïe (9. 1, 2), le peuple marchait encore ; dans l’Évangile, il est assis dans les ténèbres : il ne marche plus et la mort le couvre de son ombre. Il a perdu tout courage et toute espérance ; c’est précisément le moment de Dieu pour intervenir. Jésus, la lumière du monde, illumine maintenant ce pays.
Les chrétiens disposent aujourd’hui de bénédictions qui leur sont parvenues par ce “chemin de la mer” ; la grande lumière du salut est apparue à ceux qui étaient loin, sans espéranceÉphésiens 2. 11-13. Nous qui n’étions pas un peuple sommes maintenant, par grâce, le peuple de Dieu1 Pierre 2. 10. Plus tard, la prophétie s’accomplira définitivement, et, sur ces contrées redevenues ténébreuses, la lumière se lèvera à nouveau en vue du salut final d’Israël.
Christ reprend maintenant le témoignage là où Jean le baptiseur l’a laissé (verset 17 ; chapitre 3. 2). La repentance est le commencement de toute prédication de l’évangile, le chemin initial qui conduit au salut et à l’entrée dans le royaumeActes 2. 38 ; 17. 30 ; 2 Pierre 3. 9. La bonté de Dieu pousse d’abord à la repentanceRomains 2. 4.
Le Seigneur marche le long de la mer de Galilée pour appeler ses disciples ; ce sont des “hommes galiléens” Actes 1. 11 ; 2. 7. Issus de ce pays obscur et méprisé, ils en porteront l’opprobre comme leur Maître. Mais ils ont aussi l’honneur d’être choisis pour être les apôtres de Jésus Christ, le Fils de Dieu. Quelques-uns, dont André, étaient déjà disciples de Jean le baptiseurJean 1. 35-42, mais sur le témoignage de leur maître, ils se sont tournés vers Jésus pour le suivre, et pour amener des âmes à lui. Simon, dès ce moment-là, reçoit de Jésus le nom de Pierre, qui scelle son avenir. Il faudra ensuite un travail salutaire dans sa conscience, pour que ce disciple soit propre pour le service, et reçoive cette promesse qu’il “prendra des hommes” (verset 19) Luc 5. 1-11.
Jésus dit d’abord à tout homme, à tous ceux qui ploient sous le fardeau de leurs péchés : “Venez à moi” (11. 28). Ensuite il peut s’adresser à ceux qui sont venus et leur dire : “Venez après moi” (verset 19). Tous ceux qui lui appartiennent sont tenus de le suivre (8. 22 ; 19. 21). Puis il appelle les siens à un service déterminé, qui ne peut être accompli qu’en venant après lui : “Si quelqu’un me sert, qu’il me suive” Jean 12. 26, et en demeurant en lui : “car séparés de moi, vous ne pouvez rien faire” Jean 15. 5. Certains connaissent, de plus, un appel particulier pour une mission précise ; cela implique quelquefois, comme pour ces disciples, la nécessité de tout quitter : profession, famille, sécurité extérieure.
Jésus prêche l’évangile du royaume (verset 23) ; celui-ci s’était approché, car le roi était là, et il était venu pour l’établir. Il en proclame les principes et le caractère moral dans les trois chapitres suivants. Il n’appelle pas Israël à revenir à la loi, mais il ne l’abolit pas non plus. Bien au contraire, en allant au-delà, il en déploie toute la force spirituelle devant les consciences. Il montre ce que sera l’esprit du royaume que Dieu va instaurer.
L’évangile que Jésus prêche est confirmé par les miracles ; l’homme fort avait été lié, et maintenant ceux qui étaient asservis à sa puissance sont délivrésActes 10. 38. Jésus guérit par une parole ; il n’a point de remèdes en mains, il ne prescrit aucun soin, aucun traitement, mais il parle et l’homme est guéri. Il délivre les âmes et les corps de la puissance du péché.
Il est surprenant de voir le peuple de Dieu tombé dans un si triste état : les maladies s’étaient répandues, les tourments avaient gagné les esprits, et les démons avaient multiplié leurs proies. Nous mesurons par ces ravages la déchéance de l’homme, même au milieu de ce peuple élu ; mais alors se déploie la puissance de Dieu qui peut tout guérir.
De toutes les contrées environnantes, on amène à Jésus “tous ceux qui se portaient mal”. Il était venu pour eux ; il dénoncera à cette occasion (9. 12, 13) le mal profond et incurable que lui seul peut ôter : “Je ne suis pas venu appeler des justes mais des pécheurs”. Cet appel est entendu bien au-delà de la Galilée (versets 24, 25) ; mais aujourd’hui son grand salut est proclamé “jusqu’au bout de la terre”.