Jésus a été “oint de l’Esprit Saint et de puissance”. Mais avant de commencer son ministère public, il est conduit au désert par le Saint Esprit pour être confronté avec le diable et ses ruses. Il faut que la perfection de Jésus Christ comme homme soit manifestée. Elle le sera ; il montrera que rien, dans son être intime, ne peut répondre à quelque tentation que ce soit.
Là où Adam, le premier homme, a manqué, et tous les autres à sa suite, Jésus, le second homme, rétablit la gloire de Dieu par sa dépendance, sa confiance et son obéissance. Il le fait dans les conditions les plus difficiles. Adam était dans un jardin de délices ; Christ est dans un désert avec les bêtes sauvagesMarc 1. 13. Il sera tenté pendant quarante joursLuc 4. 2 ! Ces tentations sont comme un venin distillé contre le Saint de Dieu.
Jésus, privé d’aliments pendant ce long temps d’épreuve, doit réaliser toute la faiblesse du corps humain qu’il avait accepté de revêtir, et c’est dans cette condition que le diable l’assaille. Cependant dans cette faiblesse va s’accomplir la puissance de Dieu ; Jésus laissera Satan sans aucun droit sur lui. Il lie l’homme fort au désert (12. 29) ; puis il pillera ses biens, il détruira les œuvres du diable1 Jean 3. 8 ; enfin il “brisera la tête du serpent” à la croix1.
Satan, le tentateur (verset 3) 1 Thessaloniciens 3. 5, s’approche de Jésus pour livrer ses derniers assauts. Mais Jésus n’avait point de convoitise en lui, et aucune ne pouvait y trouver accès pour enfanter le péché, comme en Adam et Ève. Sa nature était sainte, et pourtant humaine : il a été tenté en toutes choses comme nous, à part le péché e.
Le diable l’interpelle : “Si tu es Fils de Dieu” ; ce défi sera renouvelé par ceux qui engageront le Seigneur à prouver sa divinité en descendant de la croix (27. 40, 43). La voix des cieux venait de proclamer : “Celui-ci est mon Fils” (3. 17) ; maintenant Satan en demande la preuve. Il était facile à Jésus Christ, Dieu véritable, de la donner ; mais comme homme, il n’avait aucun commandement de son Dieu pour cela, malgré la nécessité légitime de se nourrir.
A son exemple, le croyant ne désire subvenir à ses besoins que dans la dépendance de Dieu. L’homme ne peut se dispenser de manger et de boire, mais il doit le faire, comme toutes choses, à la gloire de Dieu1 Corinthiens 10. 31. L’incrédule le fait dans l’ignorance ou le mépris de Dieu1 Corinthiens 15. 32 ; Matthieu 24. 38.
Notre Seigneur répond au diable ; l’arme qu’il utilise est à notre disposition : c’est “l’épée de l’Esprit, la Parole de Dieu” Éphésiens 6. 17. Une seule parole suffit pour vaincre le diable. Mais la Parole que Jésus cite, sans rien y ajouter, est celle dont il se nourrit. Elle n’est pas seulement une règle dans sa vie, mais le mobile constant qui le fait agir ; elle est dans son cœurPsaume 40. 9.
La parole citée par le Seigneur rappelait la fidélité de Dieu envers Israël dans le désert. Dieu veut que nous ne nous contentions pas de vivre de pain et de rendre grâces pour ses bénédictions. Il désire que nous connaissions le donateur lui-même, que nous lui fassions confiance, que nous vivions de sa Parole. Celle-ci doit nous gouverner, et pour cela elle doit combler nos affections, être cachée dans notre cœurPsaume 119. 11 ; Colossiens 3. 16. Le verset nous dit : “toute parole” ; elle doit être connue tout entière, utilisée dans son ensemble d’une façon spirituelle appropriée, et non d’une manière fragmentée comme le font les discuteurs.
C’est aussi une Parole de vie et l’homme ne peut vivre que par elle. L’homme religieux cherche à faire du pain avec des pierres, en parlant d’améliorer l’homme. Ce n’est pas le langage de Dieu. Dieu veut sauver les hommes, les délivrer de leurs péchés. La “parole de la croix”, lorsqu’elle est crue, devient alors une parole de salut et de vie.
La scène change maintenant ; le diable transporte Jésus dans un lieu saint. Satan a ses entrées partout où l’homme peut se trouver, et il est encore plus dangereux lorsqu’il pénètre dans des lieux consacrés. Jérusalem est “la ville sainte”, et le temple est un édifice sacré. Satan invite Jésus à se jeter du haut du temple. Il lance une fois de plus un défi au “Fils de Dieu”, qui non seulement doit être capable de se protéger en tant que tel, mais, selon la parole citée, doit être l’objet des soins et de la protection divine comme Messie venu sur la terre.
Le diable cite aisément la Parole, mais il la tord toujours. Christ est bien l’homme parfait du Psaume, il habite dans la demeure du Très-Haut, y trouve son refuge et se confie en l’Éternel. Il sera gardé dans “toutes ses voies” (parole omise par Satan), car elles sont des voies d’obéissance à Dieu et de confiance en lui. C’eût été se défier de Dieu que de le tenter, pour voir s’il tiendrait ses promesses. De plus, Satan ne cite pas l’écriture qui prononce sa propre condamnationPsaume 91. 13 : il est, lui, ce lion, cet aspic et ce dragon.
Le diable transporte enfin Jésus dans son domaine. Il a ravi au premier homme désobéissant cet univers que Dieu lui avait confié. Cependant l’homme auquel il montre tous ces royaumes du monde est celui qui va en hériter. Ce n’est pas du diable que Christ recevra cet univers, mais de Dieu lui-même. Comme Fils de Dieu, il est de droit héritier de DieuPsaume 2. 7, 8 ; comme Fils de l’homme aussi, la souveraineté universelle lui est conféréePsaume 8. 5-10. Pour cela, il doit vaincre Satan et le dépouiller, et non lui rendre hommageColossiens 2. 15.
Satan prétend donc donner toutes ces choses à Christ avant l’heure. Pour cela, il faut lui rendre hommage. De cette manière, depuis Caïn, il tient sous sa coupe la race humaine déchue ; il offre mille choses de ce monde pour maintenir les âmes sous sa servitude : “Donne-moi les personnes, et prends les biens pour toi” Genèse 14. 21 : c’est le marché qu’il propose, comme le roi de Sodome autrefois.
Chaque fois que nous convoitons et acceptons dans ce monde une place ou un bien qui ne vient pas de la main du Père, nous nous courbons devant le diable qui nous le donne. Le croyant sait qu’il dispose dans la maison de Dieu d’un trésor qui éclipse tout ce qui est du monde.
Jésus a cité trois fois le Deutéronome, cette “loi donnée une deuxième fois” pour être placée par Dieu sur le cœur de son peuple à son entrée dans le paysDeutéronome 6. 6. Lui ne vivait que d’ellePsaume 40. 9-11 ; aussi, lorsque Satan se dévoile tel qu’il est en cherchant à se faire adorer (verset 9), Jésus lui ferme la bouche et le chasse ; le diable, moralement lié, laisse Jésus. Les anges ont assisté de loin à la victoire de l’homme parfait sur le tentateur. Ils s’approchent maintenant pour le servir, car le ciel est ouvert pour luiJean 1. 51.