Jean apparaît sur la scène “en ces jours-là”, au moment où Jésus va prendre place au milieu de son peuple. Luc seul parle de la naissance du précurseur du Seigneur, et de son enfance. Élevé dans une famille pieuse, il grandit “dans les déserts” Luc 1. 80, et va maintenant prêcher dans le désert de la Judée. Matthieu le présente d’emblée (verset 4) dans le vêtement austère du prophète, symbole de consécration et de séparation ; sa frugalité le montre détaché des satisfactions naturelles. Il vit dans l’esprit de ce qu’il va prêcher, leçon importante pour nous. Il ne revêt pas la livrée des prophètes de mensongeZacharie 13. 2-4, mais celle d’Élie2 Rois 1. 8 dont il est maintenant le représentantLuc 1. 16, 17.
Quelle est la substance de sa prédication ? Un appel à la repentance, en vue de recevoir le Christ annoncé dans l’Écriture, et d’être introduit dans son royaume. Il ne rappelle pas le peuple à l’obéissance de la loi, comme avaient pu le faire d’autres prophètes ; l’épreuve de la loi, commencée en Sinaï, allait se terminer. Une ère nouvelle allait s’ouvrir, les prophètes en avaient parléDaniel 2. 44 ; 7. 13, 14, le royaume des cieux s’était approché1. Jean prêche donc dans le désert moral d’Israël, mais il crie (verset 3), et sa voix est entendue d’un grand nombre, par un effet de la grâce de Dieu.
Dans cet Évangile, Jean le baptiseur ne parle ni de rémission de péchés, ni de salut de Dieu pour toute chair. Il place clairement la conscience du peuple devant Dieu, le juste juge d’Israël ; un chemin droit doit être tracé pour le Seigneur. Seuls ceux qui se repentent et confessent leurs péchés peuvent entrer dans le royaume des cieux qui va s’établir. Jésus commencera son ministère en reprenant cette même prédication (4. 17). L’appel à la conscience est à la base de l’évangileLuc 3. 18 ; Marc 1. 15 ; Romains 1. 16-18. Dieu attend de tout homme, dans tous les temps, non pas la simple reconnaissance d’une certaine culpabilité devant lui, mais la confession des péchés qui méritent son juste jugement.
Ces Juifs repentants peuvent avoir l’assurance d’être pardonnés ; ils reçoivent le baptême et sont prêts à entrer avec un Christ vivant dans son royaumeActes 19. 4. Maintenant, nous chrétiens sommes baptisés pour un Christ mort ; lavés de nos péchés dans son sang, nous entrons symboliquement par le baptême dans un lieu spirituel de résurrection et de vie avec Jésus notre SauveurRomains 6. 3-5.
Voici qu’apparaissent au bord du Jourdain les représentants de deux sectes juives qui, par la suite, s’opposeront constamment au Seigneur Jésus :
En allant vers Jean, les membres de ces deux sectes pensaient se joindre à un mouvement religieux momentané ; leur but était de conserver la considération des hommes, et leur influence sur le peuple. Jean dénonce avec vigueur leur ruse et leur hypocrisie ; Jésus le fera d’une manière plus forte encore et sans appel, lorsqu’ils auront comblé la mesure de leur méchanceté (23. 33). Ils se glorifiaient de leur ascendance (verset 9) et le feront encore devant le MessieJean 8. 33, 39, mais leurs œuvres étaient mauvaises et attiraient sur eux “la colère qui vient”.
La foi qui conduit au salut n’est pas de tradition et ne se transmet pas. La foi d’Abraham, “père de tous ceux qui croient” Romains 4. 11, est reconnue par Dieu dans le cœur de tous ceux qui, autrefois pierres inertes et sans vie (verset 9), ont été vivifiés par sa Parole et son Esprit. Cette foi produit tout d’abord la repentance (verset 8) ; la réalité en est confirmée par un fruit visible, un changement complet dans le comportement et dans la marche : c’est la conversion.
Il était temps de montrer ce fruit-là (verset 10), car Dieu ne voulait plus accorder de sursis à son peuple ; les arbres allaient être coupés à la racine. Jean évoque aussi (verset 10) un jugement individuel inexorable qui atteindra ceux qui auraient dû porter du fruit pour Dieu, mais ne se seront pas repentis ; le Seigneur confirmera ce jugementJean 15. 6.
Jean s’efface maintenant devant celui dont il était le messager, et dont il préparait le chemin. Il ne saurait trop s’abaisser devant la dignité et la majesté de celui qui vient après lui. Le Fils de Dieu a le pouvoir de baptiser de l’Esprit Saint, personne divine qu’il enverra dans ce monde après sa résurrection et son ascension dans la gloire, pour former l’Assemblée.
Jean évoque en parallèle le
Jésus Christ nettoiera son aire, ici Israël ; il le fera “à la consommation du siècle” (13. 40-42). Le blé est battu dans l’aire ; puis le van sépare la balle du bon grain. La balle n’a aucune valeur ; elle est vue dans plusieurs passages comme chassée par le ventPsaume 1. 4 ; Osée 13. 3 ; ici elle est brûlée. Telle est la terrible destinée de ceux qui ne se seront pas repentis.