Le début du chapitre 9 montre d’abord le point de vue des hommes sur la personne de Jésus. Ensuite, sa mort est annoncée comme conséquence de son rejet par les chefs de ce monde religieux.
Le même sujet est vu maintenant d’un autre monde : le monde terrestre fait place à la sphère céleste (versets 28-50). Si l’appréciation de l’homme se révèle mal venue (fin du verset 33), à l’inverse, Dieu rend à son Fils l’honneur et la gloire que notre monde lui refuse (verset 35).
Ce récit se trouve dans les trois évangiles synoptiques avec les variantes appropriées que le Saint Esprit a introduites pour souligner telle ou telle gloire de Christ. L’évangile de Jean passe cette scène sous silence. Son propos, en effet, n’est pas tant de faire briller la gloire visible du roi, du serviteur ou du fils de l’homme, que de présenter la gloire morale du Fils de Dieu.
Luc mentionne que “huit jours environ” séparent cet épisode du précédent. Le chiffre “huit” dans la parole de Dieu évoque l’apparition d’un jour nouveau introduit par la résurrectionJean 20. 26. Pierre, Jacques et Jean sont invités à contempler un Christ victorieux, glorifié, alors qu’ils venaient d’entendre parler de ses souffrances et de sa mort. Quel encouragement pour le moment où chacun d’eux devrait suivre un Christ méprisé et rejeté (versets 23, 24) !
Après avoir montré une fois encore le Seigneur en prière, Luc écrit : “L’apparence de son visage devint tout autre” (verset 29) 1. Son vêtement, poursuit Luc, “devint blanc, resplendissant comme l’éclair”. Cette lumière aveuglante évoque le Fils de l’homme qui vient exercer le jugement (17. 24) : c’est sa gloire personnelle, tandis que Moïse et Élie reflètent une gloire attribuée. Le Saint Esprit présente alors ces deux grands “hommes de Dieu” Psaume 90. 1 ; 1 Rois 17. 24 :
Christ allait accomplir ce que ni Moïse, ni Élie n’avaient pu faire : délivrer du péché et de sa condamnation.
Moïse, enterré bien des siècles avant l’enlèvement d’Élie2 Rois 2. 11, se retrouve avec lui dans l’au-delà. Pour Moïse qui a connu la mort, le corruptible a revêtu l’incorruptibilité ; pour Élie enlevé sans passer par la mort, le mortel a revêtu l’immortalité1 Corinthiens 15. 53. Ils peuvent être identifiés par les disciples. Ils connaissent les événements à venir et n’éprouvent aucune crainte en présence du Seigneur.
Quel est le sujet de leur entretien ? Luc est le seul évangéliste à nous l’indiquer : “Ils parlaient de sa mort (litt. de sa sortie) qu’il allait accomplir à Jérusalem” (verset 31). Sa mort n’est pas envisagée ici comme le sacrifice pour le péché mais plutôt comme la Pâque. Moïse avait autrefois enseigné la Pâque aux fils d’Israël comme l’instrument de leur délivrance et de leur sortie d’Égypte. Élie avait aussi, en son temps, offert un sacrifice pour amener le peuple à servir le Dieu vivant et vrai. C’était une image du sacrifice de Christ délivrant l’homme de l’idolâtrie. Sur la montagne de la transfiguration, Moïse et Élie découvraient dans le monde céleste que la mort de Christ était ce sacrifice dont parlaient la loi et les prophètes. Cette mort devait s’accomplir à Jérusalem. Cette ville où le Seigneur aurait dû être couronné, reconnu comme roi, a été celle qui l’a rejeté et par laquelle il a dû quitter ce monde.
Pierre et ses compagnons, soumis aux lois naturelles de notre monde, doivent être réveillés pour contempler la gloire céleste (verset 32). N’est-ce pas le rôle du Saint Esprit de nous réveiller pour nous présenter les gloires de Christ ?
Comme Moïse et Élie allaient partir, Pierre désire prolonger ces moments (verset 33). Le temps d’établir le royaume et de dresser des tentes pour s’y reposer, comme à la fête des Tabernacles, n’était-il pas arrivé ? Dieu ne pouvait-il pas enfin rassembler son peuple autour de lui pour le faire jouir de sa présence glorieuse ?
Sa suggestion était particulièrement inconvenante. Pierre souhaitait la gloire sans les souffrances et la mort dont le Seigneur avait pourtant souligné le caractère inéluctable (verset 22). De plus, ce n’était pas le moment de dresser un lieu d’habitation pour Dieu : pour que Christ règne, il fallait que le peuple célèbre moralement le grand jour des expiationsZacharie 12. 9-14. Enfin, Pierre voulait retenir Moïse et Élie avec le Seigneur, non sans attribuer à ce dernier la première place (verset 33). Les deux serviteurs de Dieu représentaient la loi et les prophètes, cette période de l’histoire où Dieu demandait à l’homme de garder ses commandements pour vivreProverbes 4. 4. Mais “la loi n’avait rien amené à la perfection” Hébreux 7. 19. Désormais, en présence de la grâce, la loi doit disparaître. Un nouveau messager était là avec un nouveau message. Il fallait l’écouter (verset 35). La