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Évangile selon Luc
Sondez les Écritures - 1re année

Luc 9. 28-50

Christ et le grand but de la rédemption

2. Le royaume de Dieu vu d’un autre monde (1)

Le début du chapitre 9 montre d’abord le point de vue des hommes sur la personne de Jésus. Ensuite, sa mort est annoncée comme conséquence de son rejet par les chefs de ce monde religieux.

Le même sujet est vu maintenant d’un autre monde : le monde terrestre fait place à la sphère céleste (versets 28-50). Si l’appréciation de l’homme se révèle mal venue (fin du verset 33), à l’inverse, Dieu rend à son Fils l’honneur et la gloire que notre monde lui refuse (verset 35).

La montagne de la transfiguration : versets 28-36

Ce récit se trouve dans les trois évangiles synoptiques avec les variantes appropriées que le Saint Esprit a introduites pour souligner telle ou telle gloire de Christ. L’évangile de Jean passe cette scène sous silence. Son propos, en effet, n’est pas tant de faire briller la gloire visible du roi, du serviteur ou du fils de l’homme, que de présenter la gloire morale du Fils de Dieu.

Luc mentionne que “huit jours environ” séparent cet épisode du précédent. Le chiffre “huit” dans la parole de Dieu évoque l’apparition d’un jour nouveau introduit par la résurrectionJean 20. 26. Pierre, Jacques et Jean sont invités à contempler un Christ victorieux, glorifié, alors qu’ils venaient d’entendre parler de ses souffrances et de sa mort. Quel encouragement pour le moment où chacun d’eux devrait suivre un Christ méprisé et rejeté (versets 23, 24) !

  • Ainsi Jacques allait être le premier apôtre à connaître le martyreActes 12. 2. Valait-il la peine de mourir pour le Seigneur ? La gloire vue sur la montagne était pour lui une réponse évidente.
  • Jean, exilé, est appelé à dévoiler la gloire du Fils de Dieu au jour de sa “révélation” Apocalypse 1. 1. Cette vision l’a conduit à écrire : “Nous vîmes sa gloire, une gloire comme d’un fils unique de la part du Père” Jean 1. 14.
  • Pierre, après avoir contemplé “la gloire magnifique” 2 Pierre 1. 17, était prêt à prêcher l’évangile de Jésus ressuscité et glorifiéActes 5. 30, 31.

Après avoir montré une fois encore le Seigneur en prière, Luc écrit : “L’apparence de son visage devint tout autre” (verset 29) 1. Son vêtement, poursuit Luc, “devint blanc, resplendissant comme l’éclair”. Cette lumière aveuglante évoque le Fils de l’homme qui vient exercer le jugement (17. 24) : c’est sa gloire personnelle, tandis que Moïse et Élie reflètent une gloire attribuée. Le Saint Esprit présente alors ces deux grands “hommes de Dieu” Psaume 90. 1 ; 1 Rois 17. 24 :

  • Moïse avait donné la loi de Dieu après avoir conduit le peuple hors d’Égypte. Personne ne savait exactement où il était enterréDeutéronome 34. 5, 6.
  • Élie avait cherché à ramener le peuple à la loi de Dieu après l’avoir délivré de l’idolâtrie1 Rois 18. 39.

Christ allait accomplir ce que ni Moïse, ni Élie n’avaient pu faire : délivrer du péché et de sa condamnation.

Moïse, enterré bien des siècles avant l’enlèvement d’Élie2 Rois 2. 11, se retrouve avec lui dans l’au-delà. Pour Moïse qui a connu la mort, le corruptible a revêtu l’incorruptibilité ; pour Élie enlevé sans passer par la mort, le mortel a revêtu l’immortalité1 Corinthiens 15. 53. Ils peuvent être identifiés par les disciples. Ils connaissent les événements à venir et n’éprouvent aucune crainte en présence du Seigneur.

Quel est le sujet de leur entretien ? Luc est le seul évangéliste à nous l’indiquer : “Ils parlaient de sa mort (litt. de sa sortie) qu’il allait accomplir à Jérusalem” (verset 31). Sa mort n’est pas envisagée ici comme le sacrifice pour le péché mais plutôt comme la Pâque. Moïse avait autrefois enseigné la Pâque aux fils d’Israël comme l’instrument de leur délivrance et de leur sortie d’Égypte. Élie avait aussi, en son temps, offert un sacrifice pour amener le peuple à servir le Dieu vivant et vrai. C’était une image du sacrifice de Christ délivrant l’homme de l’idolâtrie. Sur la montagne de la transfiguration, Moïse et Élie découvraient dans le monde céleste que la mort de Christ était ce sacrifice dont parlaient la loi et les prophètes. Cette mort devait s’accomplir à Jérusalem. Cette ville où le Seigneur aurait dû être couronné, reconnu comme roi, a été celle qui l’a rejeté et par laquelle il a dû quitter ce monde.

Pierre et ses compagnons, soumis aux lois naturelles de notre monde, doivent être réveillés pour contempler la gloire céleste (verset 32). N’est-ce pas le rôle du Saint Esprit de nous réveiller pour nous présenter les gloires de Christ ?

Comme Moïse et Élie allaient partir, Pierre désire prolonger ces moments (verset 33). Le temps d’établir le royaume et de dresser des tentes pour s’y reposer, comme à la fête des Tabernacles, n’était-il pas arrivé ? Dieu ne pouvait-il pas enfin rassembler son peuple autour de lui pour le faire jouir de sa présence glorieuse ?

Sa suggestion était particulièrement inconvenante. Pierre souhaitait la gloire sans les souffrances et la mort dont le Seigneur avait pourtant souligné le caractère inéluctable (verset 22). De plus, ce n’était pas le moment de dresser un lieu d’habitation pour Dieu : pour que Christ règne, il fallait que le peuple célèbre moralement le grand jour des expiationsZacharie 12. 9-14. Enfin, Pierre voulait retenir Moïse et Élie avec le Seigneur, non sans attribuer à ce dernier la première place (verset 33). Les deux serviteurs de Dieu représentaient la loi et les prophètes, cette période de l’histoire où Dieu demandait à l’homme de garder ses commandements pour vivreProverbes 4. 4. Mais “la loi n’avait rien amené à la perfection” Hébreux 7. 19. Désormais, en présence de la grâce, la loi doit disparaître. Un nouveau messager était là avec un nouveau message. Il fallait l’écouter (verset 35). La rédemption était liée à “Jésus seul” (verset 36). Le témoignage du Père envers son Fils le mettait à part dans son infinie et incomparable grandeur. Il était clairement établi devant les disciples que sa volonté de souffrir et de mourir était la source des délices du Père et le fondement de sa glorification comme Fils de l’homme. Une telle révélation aurait été sans effet sur leurs contemporains incrédules ; il était donc inutile d’en parler avant sa résurrectionMarc 9. 9.

Notes

1Luc n’emploie pas comme Matthieu et Marc le mot “transfiguré”, litt. “métamorphosé”. Ce mot aurait pu évoquer chez Théophile, homme des nations, les nombreuses « métamorphoses » de la mythologie païenne gréco-latine.

Luc 9

28Et il arriva, environ huit jours après ces paroles, qu’il prit avec lui Pierre et Jean et Jacques, et qu’il monta sur unea montagne pour prier. 29Et comme il priait, l’apparence de son visage devint tout autre, et son vêtement devint blanc [et] resplendissant comme un éclair ; 30et voici, deux hommes, qui étaient Moïse et Élie, parlaient avec lui, 31lesquels, apparaissant en gloire, parlaient de sa mortb qu’il allait accomplir à Jérusalem. 32Et Pierre et ceux qui étaient avec lui étaient accablés de sommeil ; et quand ils furent réveillés, ils virent sa gloire et les deux hommes qui étaient avec lui. 33Et il arriva, comme ils se séparaient de lui, que Pierre dit à Jésus : Maîtrec, il est bon que nous soyons ici ; et faisons trois tentes : une pour toi, et une pour Moïse, et une pour Élie, ne sachant ce qu’il disait. 34Et comme il disait ces choses, une nuée vint et les couvritd ; et ils eurent peur comme ils entraient dans la nuée. 35Et il y eut une voix venant de la nuée, disant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le. 36Et la voix s’étant fait entendre, Jésus se trouva seul. Et ils se turent, et ne rapportèrent en ces jours-là à personne rien de ce qu’ils avaient vu.

37Et il arriva, le jour suivant, quand ils furent descendus de la montagne, qu’une grande foule vint à sa rencontre. 38Et voici, un homme de la foule s’écria, disant : Maîtree, je te supplie, jette les yeux sur mon fils, car il est mon unique ; 39et voici, un esprit le saisit ; et soudain il crie ; et il le déchire, en le faisant écumer ; et c’est à peine s’il se retire de lui après l’avoir broyé ; 40et j’ai supplié tes disciples de le chasser, et ils n’ont pas pu. 41Et Jésus, répondant, dit : Ô génération incrédule et perverse, jusques à quand serai-je avec vous et vous supporterai-je ? Amène ici ton fils. 42Et encore, comme il approchait, le démon le renversa et le tourmenta violemment ; mais Jésus tança l’esprit immonde, et guérit l’enfant, et le rendit à son père. 43Et tous furent étonnés de la grandeur de Dieu.

Et comme tous s’étonnaient de tout ce que Jésus faisait, il dit à ses disciples :
44Vous, gardez bien ces paroles que vous avez entendues, car le fils de l’homme va être livré entre les mains des hommes. 45Mais ils ne comprirent pas cette parole, et elle leur était cachée, en sorte qu’ils ne la saisissaient pas ; et ils craignaient de l’interroger touchant cette parole. 46Et il s’éleva au milieu d’eux une question, [à savoir] lequel d’entre eux seraitf le plus grand. 47Mais Jésus, voyant la pensée de leur cœur, prit un petit enfant, et le plaça auprès de lui ; 48et il leur dit : Quiconque recevra ce petit enfant en mon nom, me reçoit ; et quiconque me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé. Car celui qui est le plus petit parmi vous tous, c’est celui-là qui est grand. 49Et Jean, répondant, dit : Maîtrec, nous avons vu quelqu’un qui chassait des démons en ton nom, et nous le lui avons défendug, parce qu’il ne [te] suit pas avec nous. 50Et Jésus lui dit : Ne le lui défendez pash, car celui qui n’est pas contre vous est pour vous.

Notes

aou : la ; comp. Matthieu 5. 1.
blitt. : sortie, départ.
ccelui qui est au-dessus des autres.
dcomme Exode 40. 34-35.
ecelui qui enseigne.
fou : était.
gou : l’en avons empêché.
hou : Ne l’en empêchez pas.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)