Le livre des Juges se termine sur le relèvement du peuple après l’affaire de Guibha, et la réintégration de la tribu de Benjamin, par les efforts actifs de la grâce.
Le premier fruit de la discipline est le refus de toute alliance avec le mal ; aucun mariage n’était plus possible avec Benjamin.
Mais la sévérité à l’égard du mal n’empêche pas les affections du cœur pour tout le peuple de Dieu. Montant à Béthel pour la troisième fois, Israël se tient devant l’Éternel, et pleure longuement et amèrement le deuil d’une tribu. Dans la pensée de Dieu, l’unité de son peuple était toujours la même, symbolisée par les douze pains sur la table, et les douze pierres sur le pectoral du souverain sacrificateur. Mais, pour la première fois depuis le début de cette terrible affaire, Israël prend enfin conscience d’avoir déshonoré Dieu en portant atteinte à l’intégrité de son peuple.
Lorsque le peuple a perdu son unité extérieure (heureusement de façon momentanée) par sa propre faute, il la désire ardemment dans son cœur ; les conditions morales sont alors remplies pour qu’Israël bâtisse un autel à l’Éternel pour lui présenter des holocaustes et des sacrifices de prospérités (verset 4). Les voies de Dieu sont un paradoxe pour l’esprit humain. Au matin de ce jour, le peuple est donc à nouveau occupé au service de l’adoration, comme avant le combat contre Benjamin.
Les habitants de Jabès de Galaad n’étaient pas montés vers l’Éternel à Mitspa avec leurs frères. C’était un mépris coupable des intérêts du peuple de Dieu. On notera combien l’amour du monde (Jabès de Galaad était au-delà du Jourdain, en dehors de l’héritage de Dieu) émousse l’intelligence spirituelle et l’énergie pour les intérêts de Jésus Christ.
Le juste jugement de Jabès devient l’occasion de manifester la miséricorde à l’égard de Benjamin. Quatre cents jeunes filles épargnées du jugement deviennent les épouses des réchappés du rocher de Rimmon (versets 13, 14).
L’amour suggère un moyen de poursuivre l’aide au résidu de Benjamin, sans renier les engagements pris devant Dieu. A l’occasion d’une fête à l’Éternel à Silo, le peuple accepte de se laisser ravir des femmes pour rebâtir les maisons de leur frère Benjamin. Le peuple tout entier s’identifie avec lui maintenant : “Usez de grâce envers nous…” (verset 22). Quelle immense différence avec son attitude avant la discipline : “Quel est ce mal qui est arrivé au milieu de vous ?” (20. 12). C’était une leçon durement apprise que celle de l’unité pratique du peuple de Dieu, dans ses bénédictions comme dans ses responsabilités, en conséquence de sa conduite.
Toutes les tribus retournent alors dans leurs possessions (verset 24)
Cette longue parenthèse (chapitre 19-21) qui dévoile l’état moral du peuple se termine par la même déclaration que celle qui l’a introduite : “En ces jours-là, il n’y avait pas de roi en Israël ; chacun faisait ce qui était bon à ses yeux” (verset 25).
Cette période de la vie d’Israël est donc l’histoire du désastre moral intérieur d’un peuple qui a abandonné Dieu pour suivre ses propres pensées. Dieu se sert des ennemis du dedans (à l’intérieur du pays) et même du peuple lui-même pour le châtier et le relever. Pourtant, Dieu n’a pas encore abandonné son peuple, ni sa demeure au milieu de lui. Plus tard, dans l’histoire de la royauté, Israël sera livré aux ennemis du dehors, puis finalement déporté à Babylone.
La pensée de Dieu à l’égard de son peuple Israël était d’en constituer une nation de sacrificateurs et d’adorateurs : “J’ai formé ce peuple pour moi-même ; ils raconteront ma louange” Ésaïe 43. 21. Ainsi, le peuple, appelé hors d’Égypte pour servir DieuExode 4. 23, était planté dans la terre d’Emmanuel pour lui rendre culte. A la montagne d’Ébal, Josué en avait rendu témoignageJosué 8. 30, 33.
Dieu habitait au milieu de son peuple dans le tabernacle et l’arche de l’alliance (dans le lieu très-saint) était le siège de son autorité. Le service divinRomains 9. 4 y était rendu à l’autel. Le tabernacle est aussi le symbole de l’assemblée chrétienne sur la terre, et l’arche le plus beau type de Christ et de son œuvre ; l’autel est le lieu de l’adoration.
Or, qu’était-il arrivé ?
Le premier péché du peuple, qui entraîne tous les autres, était en rapport avec ces “choses qui concernent Dieu” Hébreux 5. 1.
Lors de la conquête du pays, la tente d’assignation (le tabernacle, lieu de rencontre avec Dieu) avait été transportée de Guilgal à Silo (au nord de Béthel), par Josué, en présence d’ÉléazarJosué 18. 1 ; 19. 51. Là était le centre de rassemblement du peuple.
Silo (ou Shilo, qui signifie la paix) est un nom appliqué prophétiquement à ChristGenèse 49. 10, le “Seigneur de paix” 2 Thessaloniciens 3. 16. Pour les chrétiens, ce lieu figure le repos et l’adoration dans la présence de Christ après les combats. Silo a été la demeure de Dieu au milieu de son peuplePsaume 78. 60, pendant tout le temps des Juges, jusqu’à la royauté en Israël. Alors, le tabernacle a été dressé à Gabaon1 Chroniques 21. 29, puis transporté à Jérusalem2 Chroniques 5. 5, selon la pensée de DieuExode 15. 17 ; Psaume 132. 13, 14. Là, il sera ensuite remplacé par le temple.
Dans l’intervalle, l’arche semble bien être restée seule à Béthel (20. 27). Elle ne retrouve momentanément sa place dans le tabernacle à Silo qu’au début de la vie de Samuel1 Samuel 3. 3 ; 4. 3, 4, avant d’être prise par les Philistins.
Comment le peuple pouvait-il espérer prospérer, dès lors que le tabernacle et l’arche étaient ainsi séparés ? Cette grave lacune est révélée au moment même où l’Esprit dévoile l’état moral du peuple. N’est-ce pas la cause profonde de tout le mal ?
Bien plus tard, Jérémie en reparlera au peuple de la part de Dieu : “Car allez à mon lieu qui était à Silo, où j’ai fait demeurer mon nom au commencement, et regardez ce que je lui ai fait, à cause de l’iniquité de mon peuple Israël” Jérémie 7. 12 ; 26. 6.
Combien de fois ressemblons-nous au peuple d’Israël qui “mettait sa confiance en des paroles de mensonge en disant : C’est ici le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel” Jérémie 7. 4.
C’est la présence de Christ que nous devons rechercher à tout prix et en toute circonstance. Gardons cette pensée sur nos cœurs, comme conclusion de ce livre si triste, mais si instructif.