Dans une même famille, les frères les plus proches par les liens du sang1 ont des destinées bien différentes. Nephthali, “la biche lâchée”, parle de liberté et de bénédiction. Avec Dan, apparaît la source de l’apostasie, et le développement de la violence.
L’énergie apparente du lion de BasanDeutéronome 33. 22 était en fait au service du mal : “le serpent sur le chemin et la vipère sur le sentier” Genèse 49. 17. La triste histoire de cette tribu confirme la prophétie de Jacob.
Le récit du chapitre 18 nous ramène au temps de JosuéJosué 19. 40-48 et de la répartition du pays à Silo. La tribu de Dan va maintenant participer au système religieux idolâtre institué par Michée au chapitre précédent. On notera la facilité avec laquelle se propagent les erreurs, comme un levain qui fait lever la pâte tout entière1 Corinthiens 5. 6 ; Galates 5. 9.
Dan, au temps des conquêtes, n’avait pas montré d’énergie pour subjuguer les Amoréens dans son héritage. Chassé de la vallée par ses ennemis, il avait trouvé refuge dans la montagne (1. 34).
Plutôt que de mettre de l’ordre dans la possession qui leur était déjà attribuée, les fils de Dan entreprennent d’acquérir, par des moyens condamnables, d’autres territoires situés à l’extrême nord du pays, aux confins de la Phénicie.
Cinq hommes vaillants sont envoyés en exploration en direction du nord, image des lieux ténébreux et du jugementEcclésiaste 11. 32. Leur chemin les conduisant par la montagne d’Éphraïm, ils y rencontrent le lévite dans la maison de Michée (versets 3-6).
Établi par des hommes dans un service religieux profané, ce lévite est mis à contribution pour prévoir le succès de l’opération des fils de Dan. Effectivement, Michée possédait un éphod, par lequel on interrogeait l’Éternel autrefois1 Samuel 23. 9 ; 30. 7. Mais où était le Dieu vivant et vrai dans cette maison d’idoles, pour donner des directions à des gens faisant leur propre volonté ?
Aujourd’hui, un clergé établi par les hommes et détourné de sa vraie source divine ne peut pas être l’oracle de Dieu pour son peuple.
Dépendant de Sidon, en Phénicie (l’actuel Liban), mais trop loin d’elle pour être protégée, la ville de Laïs était habitée par un peuple tranquille et confiant (versets 7, 27). C’était un lieu prospère, où rien ne manquait (verset 10), mais sans défense ; une proie facile pour des violents.
La tribu de Dan revient en armes, six cents hommes conduits par les cinq hommes qui avaient exploré le pays.
Usant d’intimidation et de violence, ils volent les idoles de Michée et persuadent son lévite sacrificateur de se joindre à eux. Même le méchant tient à conserver un caractère religieux.
Quant au lévite, lui, il est conduit par l’avarice et l’ambition ; heureux de cette promotion inespérée, il s’installe volontiers au milieu du peuple infidèle.
La légitime colère de Michée n’a aucun effet sur des hommes plus forts que lui, et qui le menacent de mort (verset 25). Si Michée avait été réellement homme de foi, il n’aurait pas ressenti la perte de toutes ces choses, qui n’étaient que des mensonges dans sa main droiteÉsaïe 44. 20. Il restait encore l’essentiel à Israël en ce temps-là : la présence de Dieu et son tabernacle à Silo. Mais qui s’en préoccupait dans cette triste scène ?
Cette ville tranquille est la proie de la violence aveugle des fils de Dan, au mépris des ordonnances de la loi, qui stipulait que la paix devait être proposée à une ville avant de la détruireDeutéronome 20. 10, 11.
Il est remarquable de constater qu’au moment de la conquête du pays avec Josué, Laïs (Léshem) ne faisait pas partie du lot attribué à la tribu de DanJosué 19. 40-48. La prise de cette ville résulte de l’initiative de Dan.
La tribu de Dan change ensuite le nom de Laïs pour lui donner le nom de Dan, leur père (verset 29). C’est l’esprit de Caïn (la violence et le meurtre), qui bâtit une ville en lui donnant le nom de son fils HénocGenèse 4. 17. Maintenant encore, le chemin de CaïnJude 11 entraîne la chrétienté vers l’apostasie finale.
La violence conduit ensuite à la manifestation publique de l’idolâtrie parmi le peuple de Dieu : Jonathan C, petit-fils de Moïse, est établi sacrificateur des faux-dieux, alors que la maison de Dieu était encore à Silo (verset 31).
Cette corruption idolâtre s’est propagée sous les rois successifs en Israël, “jusqu’au jour de la captivité du pays” (verset 30). Dès le schisme entre Juda et Samarie, Jéroboam établit deux veaux (des idoles) à Béthel et à Dan1 Rois 12. 28-30. Le venin du serpent s’est ainsi propagé de Dan dans les autres tribus, jusqu’à ce que vienne l’Assyrien pour exercer le jugement annoncé par le prophète Amos sur “ceux qui jurent par le péché de Samarie, et qui disent : Dan, ton Dieu est vivant !” Amos 8. 14 Et l’instrument initial de cette apostasie n’était rien moins que le petit-fils de Moïse, le législateur !
De quoi nos cœurs naturels ne sont-ils pas capables ! Dan n’était-il pas un fils des patriarches qui avaient honoré le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob par leur foi ?
Le peuple d’Israël tombe donc dans l’idolâtrie, par le moyen de la sacrificature infidèle, mais l’un et l’autre sont conjointement et solidairement responsables aux yeux de Dieu :
“Et comme le peuple, ainsi sera le sacrificateur” Osée 4. 9.
“Et il en sera, comme du peuple, ainsi du sacrificateur” Ésaïe 24. 2.
Pour autant, Dieu abandonne-t-il son peuple ? “N’y a-t-il point de baume en Galaad ?” Jérémie 8. 22 Non, les compassion de Dieu ne cessent pas.
Mais avant de voir la lumière de la grâce de Dieu relever son pauvre peuple, il faut encore assister à la révélation de sa déchéance morale : c’est l’histoire de l’immoralité de Guibha, qui termine le livre des Juges (chapitre 19-21).