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Le livre des Juges
Sondez les Écritures - 2e année

Juges 20

L’état moral du peuple

5. La corruption morale en Israël. La discipline

Toutes les tribus d’Israël répondent au message du Lévite. La conscience naturelle se révolte devant l’énormité du péché de Guibha, et il est bon qu’il en soit ainsi. Mais pourquoi n’y avait-t-il pas eu une telle indignation de toutes les tribus à l’occasion de l’idolâtrie de Michée, qui devait avoir des conséquences encore plus graves dans l’histoire du peuple ? Le mal doctrinal est plus subtil que le mal moral, mais touche moins spontanément la conscience.

Israël à Mitspa : versets 1-11

Israël se rassemble comme un seul homme à Mitspa, devant l’Éternel, pour entendre le récit du Lévite (versets 4-7).

En fait, Israël ne consulte pas l’Éternel. Le mal avait aveuglé son jugement spirituel ; loin de Dieu, en pratique, le peuple décide tout seul de son action au lieu de s’attendre à lui et de rechercher sa volonté.

La honte de cette énormité et de cette infamie qui ternissait la réputation du peuple (verset 6) avait à ce moment plus d’importance à ses yeux que le déshonneur fait à Dieu.

Deux choses essentielles, dont Moïse avait autrefois donné l’exempleExode 32. 11-13 ; Nombres 14. 17-19, manquaient à Israël : le souci de la gloire de Dieu et l’amour pour leurs frères, la somme de la loiRomains 13. 10. L’amour vrai, ressort de toute discipline, les aurait conduits à prendre collectivement sur eux le péché de Guibha, avant de décider de monter en guerre contre la ville, dans un esprit de vengeance (verset 11).

Le plein accord apparent des tribus ne doit pas faire illusion : il ne résulte ici, ni de la direction de Dieu, ni de la conscience de l’unité de son peuple. C’était un esprit de parti qui dressait onze tribus contre la douzième.

La réponse de Benjamin : versets 12-17

Les onze tribus adressent un ultimatum à Benjamin, “Quel est ce mal qui est arrivé au milieu de vous ?” (verset 12). Le peuple n’a pas encore la conscience de sa responsabilité collective devant Dieu ; sinon il aurait dit : “Quel est ce mal qui est arrivé au milieu de nous ?”.

Toutefois, Benjamin excuse et couvre le mal. Il prend le parti du méchant contre Dieu et contre son peuple. Il sort en guerre contre ses frères (verset 14). Il refuse de juger le mal, chose aussi grave que de le commettre. Ainsi, le Saint Esprit reproche à l’assemblée de Thyatire de laisser faire la femme JésabelApocalypse 2. 20.

L’armée des fils de Benjamin comprend même sept cents hommes d’élite, gauchers, de la ville de Guibha (verset 16). Leur habileté est maintenant au service du méchant, et la guerre civile est aux portes.

La prophétie de Jacob sur son dernier fils s’accomplit ici : “Benjamin est un loup qui déchire” Genèse 49. 27. Mais, après le douloureux chemin de son relèvement, la bénédiction de Moïse lui sera quand même assurée : “De Benjamin, il dit : Le bien-aimé de l’Éternel, – il habitera en sécurité auprès de lui” Deutéronome 32. 12.

Les deux défaites d’Israël : versets 18-28

Après avoir décidé de répondre à l’infamie par la violence, Israël monte de Mitspa à Béthel (la maison de Dieu), pour interroger l’Éternel (verset 18). Juda reçoit l’instruction de monter le premier (cette tribu royale avait la prééminence au milieu de ses frères) 1 Chroniques 5. 2.

C’était la réponse à la question posée. Alors que la volonté du peuple était arrêtée, cette instruction conduit Israël à recevoir les coups d’une sévère discipline. En réalité Dieu se taisait. Il ne fait pas connaître sa pensée, jusqu’à ce que le peuple renonce à faire sa propre volonté.

Vingt-deux mille hommes de Juda sont frappés le premier jour de la bataille (verset 21), et dix-huit mille le deuxième jour (verset 25). On comprend les pleurs du premier soir, associés à un jeûne devant l’Éternel le deuxième soir. Israël devait apprendre (comme nous aussi) que dans les combats entre frères, il ne peut y avoir que des vaincus. Tous doivent se tenir devant Dieu dans l’humiliation pour être relevés. Cette importante leçon est encore d’actualité.

Le double châtiment supporté par Israël porte ses fruits. Les pleurs manifestent que la tristesse, associée à la repentance selon Dieu2 Corinthiens 7. 10, a maintenant remplacé l’indignation humaine. Le jeûne prouve l’humiliation. Enfin, l’attitude du peuple vis-à-vis de Benjamin a changé : ce n’est plus un ennemi contre lequel on monte en guerre (verset 20), mais un frère (verset 23).

Plus encore, le peuple offre des holocaustes et des sacrifices de prospérités à l’Éternel, en présence de l’arche, le siège de l’autorité divine. La bonne odeur du sacrifice de Christ, et la communion avec lui, sont retrouvées dans la présence de Dieu. Le sacrifice pour le péché n’est pas mentionné maintenant ; il devait être mangé dans un lieu saint en signe d’identification collective avec la faute du peuple, en vue de la repentanceLévitique 6. 19 ; 10. 17. Ce travail de confession et de purification avait été déjà opéré dans le cœur du peuple.

Phinées était là, en ces jours. Dans sa jalousie pour Dieu, il avait autrefois exécuté le jugement à Baal-PéorNombres 25. 11 ; Psaume 106. 30, 31. Une alliance de sacrifice perpétuelle lui avait été confiée, en récompense à sa fidélité. Sévère vis-à-vis du mal, il manifeste plus tard la profondeur de grâce de son cœur, lorsqu’il intervient auprès des tribus de Galaad à l’occasion de l’autel de HedJosué 22. 19. Il montre un bel exemple d’équilibre entre la fidélité pour Christ et les prérogatives de la grâce qui touche les cœurs. Et maintenant, il est devant l’arche dans la proximité de Dieu, gardant le silence comme Aaron autrefoisLévitique 10. 4. Que pouvait-il faire, sinon partager la peine de ce peuple qu’il aimait profondément ?

“Les sacrifices de Dieu sont un esprit brisé” Psaume 51. 19. Brisé par la douleur, le peuple renonce enfin à faire sa propre volonté et revient au point de départ pour recevoir sincèrement la parole de son Dieu et lui obéir : “Sortirai-je… ou cesserai-je ?” (verset 28). Israël est maintenant un instrument dans la main de Dieu pour châtier la tribu de Benjamin et la ramener à l’Éternel par un chemin de souffrance. Cette dernière instruction de l’Éternel ne justifie pas l’initiative des onze tribus au départ. Elle est la conséquence nécessaire, à ce moment-là, de la conduite passée de Benjamin et des onze tribus.

Le châtiment de Benjamin : versets 29-48

Humainement, Israël a perdu beaucoup de force, et il faut recourir maintenant à une stratégie élaborée pour monter à l’assaut de Guibha. Les circonstances présentes rappellent la prise d’Aï, après l’affaire d’AcanJosué 8. 3-8. La discipline ne peut jamais s’exercer dans un esprit de jugement de ses frères, mais dans un profond sentiment d’humiliation personnelle.

En définitive, “l’Éternel battit Benjamin devant Israël” (verset 35). Cette tribu perd vingt-cinq mille hommes dans la bataille (versets 44-46). Les autres tribus en avaient perdu quarante mille. Effectivement, il n’y a eu ni vainqueur, ni vaincu dans cette terrible affaire.

La tribu de Benjamin est entièrement effacée, à l’exception des sept cents guerriers réfugiés au rocher de Rimmon (verset 47).

Voilà le prix qu’Israël a payé pour ne pas avoir tout de suite interrogé l’Éternel dans un esprit d’humiliation !

Juges 20

1Et tous les fils d’Israël sortirent, depuis Dan jusqu’à Beër-Shéba, et le pays de Galaad ; et l’assemblée se réunit comme un seul homme, vers l’Éternel, à Mitspa. 2Et les principauxa de tout le peuple, toutes les tribus d’Israël, se présentèrent dans la congrégation du peuple de Dieu, 400 000 hommes de pied, tirant l’épée. 3Et les fils de Benjamin apprirent que les fils d’Israël étaient montés à Mitspa. Et les fils d’Israël dirent : Dites comment ce mal est arrivé. 4Et le Lévite, le mari de la femme tuée, répondit et dit : J’étais venu à Guibha, qui est à Benjamin, moi et ma concubine, pour passer la nuit ; 5et les hommesb de Guibha se levèrent contre moi, et entourèrent de nuit la maison, à cause de moi ; ils avaient l’intention de me tuer, et ils ont humilié ma concubine, et elle est morte. 6Et j’ai saisi ma concubine et je l’ai coupée en morceaux, et je l’ai envoyée dans toutes les campagnes de l’héritage d’Israël ; car ils ont commis une énormité et une infamie en Israël. 7Voici, vous tous, fils d’Israël, délibérez, et donnez ici [votre] avis.

8Et tout le peuple se leva comme un seul homme, disant : Aucun de nous n’ira à sa tente, et aucun de nous ne se retirera dans sa maison ; 9et maintenant, voici ce que nous ferons à Guibha : nous la traiterons selon ce que le sort déciderac ; 10et nous prendrons 10 hommes sur 100, de toutes les tribus d’Israël, et 100 sur 1 000, et 1 000 sur 10 000, qui prendront des provisions pour le peuple, afin que, à leur arrivée, on traite Guibhad de Benjamin selon toute l’infamie qu’elle a commise en Israël. 11Et tous les hommes d’Israël se rassemblèrent contre la ville, unis comme un seul homme.

12Et les tribus d’Israël envoyèrent des hommes dans toutes les famillese de Benjamin, disant : Quel est ce mal qui est arrivé au milieu de vous ? 13Et maintenant, livrez-nous ces hommes, fils de Bélialf, qui sont à Guibha, afin que nous les fassions mourir et que nous ôtionsg le mal du milieu d’Israël. Mais [les fils de] Benjamin ne voulurent pas écouter la voix de leurs frères, les fils d’Israël ; 14et les fils de Benjamin se rassemblèrent de leurs villes à Guibha, pour sortir en guerre contre les fils d’Israël. 15Et en ce jour-là furent dénombrés les fils de Benjamin qui vinrent de leurs villes : 26 000 hommes tirant l’épée, sans les habitants de Guibha, qui furent dénombrés : 700 hommes d’élite. 16De tout ce peuple, il y avait 700 hommes d’élite qui étaient gauchers ; tous ceux-là lançaient avec la fronde une pierre contre un cheveu, et ne manquaient pas. 17Et les hommes d’Israël furent dénombrés, sauf Benjamin : 400 000 hommes tirant l’épée, tous gens de guerre.

18Et les fils d’Israël se levèrent, et montèrent à Béthelh, et interrogèrent Dieu, et dirent : Qui de nous montera le premier pour livrer bataille aux fils de Benjamin ? Et l’Éternel dit : Juda, le premier. 19Et les fils d’Israël se levèrent le matin, et campèrent contre Guibha. 20Et les hommes d’Israël sortirent en guerre contre Benjamin, et les hommes d’Israël se rangèrent en bataille contre eux devant Guibha. 21Et les fils de Benjamin sortirent de Guibha ; et en ce jour-là ils étendirent mortsi par terre 22 000 hommes de ceux d’Israël. 22Et le peuple, les hommes d’Israël, se fortifièrent, et se rangèrent de nouveau en bataille dans le lieu où ils s’étaient rangés le premier jour. 23Et les fils d’Israël montèrent, et ils pleurèrent devant l’Éternel jusqu’au soir, et ils interrogèrent l’Éternel, disant : M’approcherai-je de nouveau pour livrer bataille aux fils de Benjamin, mon frère ? Et l’Éternel dit : Montez contre lui.

24Et les fils d’Israël s’avancèrent contre les fils de Benjamin, le second jour ; 25et Benjamin sortit contre eux de Guibha, le second jour ; et de nouveau ils étendirent morts par terre 18 000 hommes des fils d’Israël, tous tirant l’épée. 26Et tous les fils d’Israël et tout le peuple montèrent et vinrent à Béthelh, et pleurèrent et demeurèrent là devant l’Éternel, et jeûnèrent ce jour-là jusqu’au soir ; et ils offrirentj des holocaustes et des sacrifices de prospérités devant l’Éternel. 27Et les fils d’Israël interrogèrent l’Éternel (et l’arche de l’alliance de Dieu était là, en ces jours ; 28et Phinées, fils d’Éléazar, fils d’Aaron, se tenait devant ellek, en ces jours), et ils dirent : Sortirai-je encore de nouveau pour livrer bataille aux fils de Benjamin, mon frère, ou cesserai-je ? Et l’Éternel dit : Montez ; car demain je les livrerai en ta main.

29Et Israël plaça des embuscades contre Guibha, tout autour. 30Et les fils d’Israël montèrent, le troisième jour, contre les fils de Benjamin ; et ils se rangèrent contre Guibha, comme les autres fois. 31Et les fils de Benjamin sortirent à la rencontre du peuple ; ils furent attirés loin de la ville, et commencèrent à frapper quelques-uns du peuple, qui furent tués comme les autres fois, environ 30 hommes d’Israël, sur les routes, dont l’une monte à Béthel, et l’autre à Guibha, parl la campagne. 32Et les fils de Benjamin dirent : Ils sont battus devant nous comme la première fois. Et les fils d’Israël dirent : Fuyons, et nous les attirerons loin de la ville, sur les routes. 33Et tous les hommes d’Israël se levèrent de leur lieu, et se rangèrent à Baal-Thamar ; et l’embuscade d’Israël s’élança de son lieu, de la prairie de Guibham. 34Et 10 000 hommes d’élite de tout Israël vinrent contre Guibha, et la bataille fut rude ; et ceux [de Benjamin] ne savaient pas que le mal les atteignait. 35Et l’Éternel battit Benjamin devant Israël, et les fils d’Israël étendirent morts en ce jour-là 25 100 hommes de Benjamin, tous tirant l’épée. 36Et les fils de Benjamin virent qu’ils étaient battus. – Or les hommes d’Israël firent place à ceux de Benjamin, car ils se confiaient en l’embuscade qu’ils avaient placée contre Guibha. 37Et l’embuscade se hâta, et se jeta sur Guibha ; et l’embuscade se porta en avant, et frappa toute la ville par le tranchant de l’épée. 38Et le signal convenu entre les hommes d’Israël et l’embuscade était qu’ils fassent monter de la ville une épaisse colonne de fumée. 39Et les hommes d’Israël avaient tourné visage dans la bataille, et Benjamin avait commencé de frapper à mort une trentaine d’hommes parmi les hommes d’Israël, car ils disaient : Certainement il est complètement battu devant nous comme dans la première bataille. 40Et quand l’incendie commença à monter de la ville comme une colonne de fumée, Benjamin se tourna en arrière, et voici, toute la ville montait [en fumée] vers les cieux. 41Et les hommes d’Israël tournèrent visage : et les hommes de Benjamin furent épouvantés ; car ils virent que le mal les avait atteints. 42Et ils tournèrent le dos devant les hommes d’Israël, vers le chemin du désert, et la bataille les serra de près. Et ceux qui sortirent des villes les détruisirent au milieu d’eux. 43Ils environnèrent Benjamin, le poursuivirent, le foulèrent aux pieds là où il voulait se reposern, jusque vis-à-vis de Guibha, vers le soleil levant. 44Et il tomba de Benjamin 18 000 hommes, tous hommes vaillants. 45Et ils tournèrent le dos, et s’enfuirent au désert, vers le rocher de Rimmon ; et [les Israélites] en grappillèrent sur les routes 5 000 hommes, et ils les serrèrent de près en les poursuivant jusqu’à Guidhom, et en frappèrent 2 000 hommes. 46Et tous ceux de Benjamin qui tombèrent en ce jour-là, furent 25 000 hommes tirant l’épée, tous hommes vaillants. 47Et 600 hommes tournèrent le dos et s’enfuirent au désert, vers le rocher de Rimmon, et ils demeurèrent au rocher de Rimmon quatre mois. 48Et les hommes d’Israël retournèrent vers les fils de Benjamin et les frappèrent par le tranchant de l’épée, et les hommes de chaque ville, et les bêtes, et tout ce qui fut trouvé ; même toutes les villes qu’ils rencontrèrent, ils les livrèrent au feu.

Notes

alitt. : les angles, ou les [pierres de] coin.
blitt. : maîtres, possesseurs.
clitt. : contre elle, selon le sort ; d’autres : [nous monterons] contre elle, [choisis] par le sort.
dhéb. : Guéba, ici et v. 33.
elitt. : tribus.
fou : d’iniquité.
gôter, litt. : consumer.
hd’autres : à la maison de ✷Dieu.
ilitt. : ils détruisirent, ici et v. 25, 35.
joffrir, ici : offrir en holocauste ; voir Lévitique 14. 20.
kou : Lui, c.-à-d. l’Éternel.
lou : dans.
mou : Guéba.
nlitt. : au lieu de repos ; d’autres : à Menukha.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)