“Du dedans du cœur des hommes, sortent les mauvaises pensées, les adultères, les fornications, les meurtres, les vols” Marc 7. 21. La scène de l’immoralité de Guibha, décrite dans ces chapitres, reflète bien le cœur de tout homme. Nous la considérons avec un sentiment d’horreur du mal, et de profonde humiliation.
Un autre Lévite de la montagne d’Éphraïm apparaît sur la scène. L’exemple du premier Lévite (17. 7) engagé par Michée comme sacrificateur avait mis en évidence l’état religieux du peuple. Maintenant, cet autre Lévite révèle son état moral.
Sa concubine, infidèle, l’abandonne pour retourner à la maison de son père à Bethléem. Pour tenter de parler à son cœur (et non pas à sa conscience), il court après elle, et reçoit un accueil chaleureux de son beau-père, qui voit l’occasion de réhabiliter ainsi sa fille. La présence même du Lévite dans cette maison n’était-elle pas une sanction de la souillure, aggravée par le caractère sacré du service du Lévite ? Inconscient de sa fausse position, il se laisse aller aux joies de la vie pendant quatre jours, mangeant et buvant avec son beau-père (versets 4-7).
Le cinquième jour, repoussant les insistances de celui-ci, le Lévite s’en va avec sa concubine : c’était déjà le soir. En vérité, c’était un triste soir pour elle, la terrible fin d’une triste vie. Tous deux allaient goûter les fruits amers de leurs égarements.
Au temps du soir, ils arrivent à Jébus, c’est-à-dire Jérusalem. Mais, à cause de l’infidélité de Benjamin, cette ville royale était restée aux mains des ennemis (1. 21) : c’était “une ville des étrangers” pour le Lévite (verset 12). Les scrupules de conscience de son orgueil national semblent avoir plus d’importance pour lui que l’état moral de sa famille et le bien du peuple de Dieu.
Alors, ils poursuivent jusqu’à Guibha, pour leur malheur. Là, contrairement aux ordonnances de la loiDeutéronome 12. 19, personne ne leur offre l’hospitalité, sauf un vieillard éphraïmite, qui rentrait des champs après son travail (versets 16-21). L’invitation affectueuse de cet étranger de Guibha au Lévite : “ne passe pas la nuit sur la place” (verset 20), rappelle la scène des anges et de Lot à Sodome : “Non, mais nous passerons la nuit sur la place” Genèse 19. 2, 3. La suite de chacune de ces deux scènes confirme leur analogie.
En effet, les honteuses pratiques de Sodome s’étaient infiltrées au milieu d’Israël (verset 22). C’est ainsi que les déclarations faites au sujet des nations païennesRomains 1. 21-32 s’adressent maintenant au monde chrétien, qui ose excuser et pratiquer de telles choses. Il faut déclarer que l’homosexualité reste un péché d’une extrême gravité aux yeux de DieuLévitique 18. 22, 29, 30. Des choses qu’il est honteux même de dire ou de nommer parmi les saintsÉphésiens 5. 3, 12, sont déclarées ici dans la Parole inspirée de Dieu, pour un solennel avertissement.
Le Lévite livre sa femme à l’opprobre de ces hommes sans cœur et sans scrupules. N’y avait-il pas d’autre moyen pour éviter cette infamie ? Dieu avait bien délivré le juste Lot en frappant de cécité les méchants hommes de Sodome.
La pauvre femme meurt des suites de ce qui avait été pour elle autrefois un objet de convoitise (versets 26-28). Son mari le fait savoir aux tribus d’Israël par un message qui égale en horreur le crime lui-même (verset 29). En étalant la honte, ce Lévite démontre sa propre stupiditéProverbes 12. 16.
Toute la nation d’Israël est dans un état de choc moral, devant cette infamie. “Jamais chose pareille n’a eu lieu ni ne s’est vue” (verset 30). Effectivement, c’était le constat du mal. Comment allait-on le juger et s’en purifier ? La suite du récit le montre.
Ce péché manifestait, en fait, l’état du peuple tout entier. Commis par un ou quelques-uns, le péché était l’affaire de tous. La même leçon importante était apparue à l’occasion de l’affaire d’Acan : “Israël a péché” Josué 7. 11. Acan avait entraîné le peuple dans la souillure, mais lui seul (avec sa famille) avait porté le jugement répondant à sa culpabilité.
Maintenant, les hommes de Guibha entraînent le peuple dans la souillure ; mais l’état moral est si bas que tout Israël va participer au châtiment. Plutôt que de faire peser la culpabilité du mal sur leurs seuls auteurs, il fallait en porter l’humiliation collective. Il en est ainsi dans l’assemblée chrétienne. Il n’est aucun péché commis par l’un, qui ne soit à la honte de tout le corps de Christ, qui en porte donc collectivement les conséquences. En cherchant à ôter le mal par la violence, le peuple ne s’en est pas vraiment purifié.
Six cents ans plus tard, Osée dira : “Dès les jours de Guibha, tu as péché, Israël” Osée 10. 9. Le péché de quelques hommes au milieu de la plus petite tribu d’Israël est encore imputé au peuple entier.